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BAUDELAIRE, « Théodore de Banville », 1861

Dissertation : BAUDELAIRE, « Théodore de Banville », 1861. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Septembre 2022  •  Dissertation  •  2 676 Mots (11 Pages)  •  366 Vues

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Littérature

« Mais enfin, direz-vous, si lyrique que soit le poëte, peut-il donc ne jamais descendre des régions éthéréennes, ne jamais sentir le courant de la vie ambiante, ne jamais voir le spectacle de la vie, la grotesquerie perpétuelle de la bête humaine, la nauséabonde niaiserie de la femme, etc ?...

Mais si vraiment ! Le poëte sait descendre dans la vie ; mais croyez que s'il y consent, ce n'est pas sans but, et qu'il saura tirer profit de son voyage. De la laideur et de la sottise il fera naître un nouveau genre d'enchantements. Mais ici encore sa bouffonnerie conservera quelque chose d'hyperbolique ; l’excès en détruira l'amertume, et la satire, par un miracle résultant de la nature même du poëte, se déchargera de toute sa haine dans une explosion de gaieté, innocente à force d'être carnavalesque. »

BAUDELAIRE, « Théodore de Banville », 1861

(Réflexion sur quelques-uns de mes contemporains).

En vous fondant sur des exemples empruntés aux œuvres au programme aussi bien qu'à l'ensemble de la littérature, vous direz dans quelle mesure ce jugement éclaire votre expérience de lecteur.

 Nicolas Poussin réalise un tableau en 1630 qui s'intitule L'inspiration du poète. Il s'agit de la représentation d'un poète, probablement le poète Virgile, qui serait sous l'inspiration d'Apollon, dieu de la poésie et de la Muse Calliope.

Charles Baudelaire, en menant une réflexion sur certains de ces contemporains comme Théodore de Beauville, sublime la sensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité humaine de l’Univers, ce qui le rapproche du platonisme. Il écrit ainsi « L’artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu’il voit et ce qu’il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature. ». Or, Baudelaire s’interroge sur l'essence même de la poésie, les raisons de son existence. Il cherche à comprendre d'où provient l'inspiration du poète sur le ton de la provocation.

 La réflexion est alors placée sous le plan de la double inspiration du poète. D'abord, l'inspiration divine puis dans un second temps l'inspiration des expériences personnelles du poète. Celui-ci est d'abord comme un disciple des divinités, comme un messager des dieux puis devient plus autonome et recherche sa propre sensibilité. Nous allons donc nous demander : À quel voyage le poète nous invite-t-il ?

 Dans un premier temps, nous allons suivre l'ascension du poète, son rôle d'intermédiaire entre le divin et l'humain, entre le céleste et le terrestre. Puis, dans un second temps, nous allons suivre son cheminement vers une sensibilité plus personnelle avec le refus de la doctrine classique de l'inspiration divine. Enfin, nous terminerons par une analyse plus stylistique de la poésie en passant d'une poésie largement codifiée à une interrogation sur l'existence et le langage.

I. L'ascension du poète : un intermédiaire entre le divin et l'humain

        A. Dans la période du Moyen-Âge, la poésie lyrique fait son apparition. Le lyrisme se traduit par l'expression des sentiments et des émotions souvent liés à des thèmes religieux ou existentiels avec des formes rythmiques qui permettent très souvent le chant avec un accompagnement musical. Ces sentiments proviennent d’inspiration des divinités. La « niaiserie de la femme » peut représenter les muses qui permettent aux poète la fureur de leur esprit.  Le rôle du poète d'intermédiaire entre ces divinités et les hommes peut être illustré à travers l’œuvre de Platon, L’Ion. En effet, c'est un dialogue de Platon, traitant du genre critique. La date de composition exacte reste incertaine. L'Ion s'interroge sur la poésie et sur la nature de la source où les poètes puisent leur talent. Platon se demande si la poésie est un art véritable ou une question d'inspiration, cherchant à définir l'art du poète. La raison pour laquelle Ion n’est pas capable de juger de la valeur de n’importe quel poète, c'est parce que ceux-ci ne tirent pas leur talent d’un art ou d’une science, mais d’une inspiration qui leur est communiquée par les dieux. Les poètes ont pour rôle de servir d’interprètes entre les dieux et la population. Les inspirés sont les dieux et les muses principalement qui conduise l’inspiration dans l’esprit des poètes, qui écrivent leurs vers sous l’emprise de cette force surnaturelle. Par la suite, Platon nous explique qu'il y a d'autres poètes appelé les rhapsodes, qui vont de cité en cité pour réciter ces poèmes et, possédés par la même inspiration divine, communiquent une partie de leur adoration à la population. L’inspiration poétique est donc pareille à la pierre d’aimant, qui peut attirer un anneau de fer, lequel devient à son tour aimanté et peut attirer un nouvel anneau.

        B. L'inspiration du poète détient une forte dimension cosmologique. La poésie permet l’élévation de l'âme vers les éléments célestes, c'est ce que nous montre Ronsard dans certains de ses sonnets anagogiques. Les Amours écrit en 1553 est un recueil de Ronsard où l'univers céleste est très présent. Il va d'ailleurs comparer sa Dame à des éléments célestes pour traduire toute la puissance de ses sentiments. Le poète souhaiterait s’élever vers le monde divin par la fureur amoureuse mais l’incarnation de son âme l’en empêche. Le poète est comme enfermer dans son corps ce qui l'empêche de s'élever au cieux. Il y a une opposition nette entre le monde de l'homme et du poète et celui du monde divin. Or, Ronsard se suffit alors à imaginer sa Dame dans un univers céleste. La poésie est comme un réconfort pour le poète, il s'imagine un monde extérieur pour pouvoir rêver.

        C. La divinité séduit le poète, le poète séduit l'humain donc la divinité séduit l'humain. Le poète est l'intermédiaire entre le céleste et le terrestre. Il se doit de transformer le langage divin en langage connu. Les premiers poèmes n'étaient jamais signé puisque l'inspiration est divine. Or, le poète est comme un traducteur du langage divin au langage humain. Il s'agit de la conception de la création poétique de Rimbaud. Selon lui, son but est d'arriver à un inconnu par le dérèglement de tous les sens. Il affirme que ce n'est pas de sa faute s'il est un poète comme s'il avait été déterminé à en être un. Pour lui, il est faux de dire « je pense », il faudrait plutôt dire « on me pense ». Il soutient donc qu'une force extérieure s'empare de lui ce qui le fait devenir un prophète. On peut illustrer ce propos avec un de ses poèmes « soleil et chair ». Rien que le titre nous induit le rapport entre un élément céleste qu'est le soleil et la chair qui représente le poète. Les deux premiers vers mettent aussi en lien le soleil qui incarne la divinité suprême, Dieu avec la terre : « Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie, Verse l'amour brûlant à la terre ravie ». Rimbaud pense alors avoir le pouvoir de retranscrire le langage des dieux, d'être inspiré par les divinités pour ensuite jouer le rôle de traducteur en transmettant aux hommes le message divin.

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