Analyse de Spleen et idéal de Baudelaire

SPLEEN et IDEAL

1.Présentation de l’oeuvre

•  Contexte historique et culturel

Sur le plan politique, c’est une période mouvante. En l’espace de 20 ans, quatre régimes se succèdent :

• 1830: Fin de la restauration
•  1830 - 1848 Monarchie de juillet => Monarchie constitutionnelle
• 1846: crise économique
• 1848: Révolution de février soutenue par Baudelaire => République
• 02 décembre 1851: Coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte => Empire

Au point de vue littéraire, l’avènement de cette œuvre se situe à l’époque du symbolisme et du dandysme.

  - Le symbolisme : mouvement littéraire de la fin du XIXème siècle qui mit l'accent sur les valeurs suggestives du langage, seules aptes à déchiffrer l'univers considéré comme le "symbole d'un autre monde" ("l'homme intérieur est le ciel sous sa petite forme et le ciel est un grand homme" Baudelaire) => correspondance étroite entre l'homme et l'univers. Le symbolisme est une opposition au monde matériel => suprématie de la sensibilité, du plaisir des sensations (champ lexical du flou [cf : impressionnisme]). Tout est fugace (éphémère). La mélodie des poèmes est d'une très grande importance ("De la musique avant toute chose et pour cela préfère l'impair" Verlaine). Les symbolistes s'intéressent aussi beaucoup à l'inconscient (avec Freud et Shopenhaueur). Importance du vers libre. Symboliste : Mallarmé, Verlaine, Baudelaire.

  - Le dandysme : c'est un culte de soi-même, un désir de distinction fondé sur l'originalité personnelle. Il soigne sa parure, sa parole, il pratique la transgression. Il ne se repose pas sur le travail ou les privilèges de la naissance. Le dandy ne crée pas son œuvre, son œuvre est la vie même. Pour Baudelaire il est le dernier éclat de l'héroïsme dans une période de décadence. Le dandysme c'est l'élégance de la vie.

• Biographie résumé de l’auteur

 Charles Baudelaire  né en 1821,  n'a que six ans lorsque son père meurt. Il n'accepte pas le remariage de sa mère et se sent seul et  délaissé. Élève brillant mais peu scolaire, il mène une vie d'insouciance et de bohème jusqu'en 1841 où il embarque de force pour un long voyage à destination des Indes. Il s'arrête dans l'île de la Réunion (raison du goût de l'exotisme dans son œuvre). De retour en France il mène une vie de dandy gaspillant sans compter et s’adonnant à l’opium et à l’alcool. Il est mis sous curatelle et doit travailler pour vivre . Il se lance dans la critique d'art et il traduit les œuvres de Edgar Allan Poe. Il écrit entre autres Les Fleurs du mal et Le Spleen de Paris (Les petits poèmes en prose). Malade, atteint de paralysie, il meurt en 1867.

• Réception et censure de l’oeuvre

Les Fleurs du mal paraissent en juin 1857 et déchaînent les foudres de la justice. Des poursuites sont engagées pour “offense à la morale religieuse, et outrage à la morale  Sont précisément mis en cause six poèmes, parmi les plus sulfureux du recueil, que le procureur impérial Ernest Pinard interdit Baudelaire est condamné, les poèmes censurés.

• Titre : donnez une définition des mots “spleen “ et “idéal “ Expliquez la figure de style sur laquelle repose le titre

Le Spleen était l'une des découvertes du romantisme. Le mot servait à désigner ce sentiment d'accablement et d'ennui qui marquait toute une partie de la jeunesse.

L'Idéal, ne doit pas être pris en opposition au mot Spleen, comme le bien s'oppose au mal. Si l'on veut bien comprendre le sens que lui donne Baudelaire, il faut se référer à Balzac qui parlait de certaines exaltations de l'esprit, de ces élans vers la région des idées, qui permettent au penseur et à l'artiste de planer au-dessus de la terre, de pénétrer dans un ailleurs.

Baudelaire retrouve le mythe de la caverne de Platon: la Réalité n'est que la forme visible d'un monde invisible..

Pour Baudelaire le monde visible représente un exil (cf: l'Albatros) une sorte de "purgatoire" et il cherche un ailleurs dans lequel il puisse s'évader. L'Idéal est donc une pure aspiration vers un au-delà qui perpétuellement se dérobe. Il devient une sorte d'impossible, trop beau, trop pur pour exister.

Le spleen est le mal de vivre, une angoisse existentielle  alors que l’idéal est un mode d’ordre de sens et de beauté auquel aspire le poète.

La figure de style utilisée est un oxymore c’est à dire la juxtaposition de termes qui semble se contredire tels Spleen et idéal.

2. Thèmes abordés

1. la femme : Relevez à travers plusieurs poèmes des éléments constituant les portraits féminins. Classez les selon qu’il s’agit des proportions de son corps, de la beauté de ses yeux, de ses vêtements, de sa douceur, de ses vertus domestiques, de sa compréhension du poète.

Dans les Fleurs du mal le thème de la femme est très présent. Ces femmes apparaissent sous différents aspects :

Elle peut être la femme fertile et mére. C’est le cas notamment dans le poème “les correspondances” : avec le personnage mythique de la mère des dieux Cybèle

“Cybèle alors, fertile en produits généreux….Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes, Abreuvait l’univers à ses tétines brunes”

Elle peut être la femme impudique, une femme objet. On la retrouve notamment dans le poème “Don juan aux enfers” : “Montrant leurs seins  pendants et leurs robes ouvertes” ou encore dans “le masque” : “Cette femme, morceau vraiment miraculeux….Ce sourire fin et voluptueux ...Ce long regard sournois, langoureux et moqueur...Ce visage mignard, tout encadré de gaze...La femme au corps divin promettant le bonheur”.

La femme est aussi représentée dans son vieil âge. C’est le cas par exemple dans le poème “les petites vieilles” : “Ces monstres disloqués furent jadis des femmes...Son oeil parfois s’ouvrait comme l’oeil d’un vieil aigle, Son front de marbre avait l’air fait pour le laurier….”

On retrouve ce même thème dans le poème “Le jeu” : “Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l’oeil calin et fatal, Minaudant et faisant de leurs maigres oreilles...Des lèvres sans couleur, des mâchoires sans dent, Et des doigts convulsés d’une infernale fièvre…”

...