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Comparaison de « Souvenir de la nuit du 4 » (II, 3) et de « Aux morts du 4 décembre » (I, 4) de VICTOR HUGO

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Par   •  13 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  84 Vues

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Comparaison de « Souvenir de la nuit du 4 » (II, 3) et de « Aux morts du 4 décembre » (I, 4)

de VICTOR HUGO

        Devant la Chambre de commerce de Bordeaux, le 9 octobre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte prononce « Par esprit de défiance, certaines personnes se disent : L’Empire, c’est la guerre ; moi je dis : L’Empire, c’est la paix. » C’est ce propos que, pendant son exil à Jersey, Victor Hugo cite ironiquement au dernier vers de son poème dédié, en décembre 1852, « aux morts du 4 décembre » En effet, deux jours après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, un soulèvement populaire est réprimé, on compte plusieurs centaines de victimes. Entre 1853 et 1870, l’auteur ne cessera de dénoncer et de rentrer en opposition à Napoléon III et son régime, il rédige notamment le recueil Les Châtiments qui décrit sa colère et indignation. Les poèmes « Souvenir de la nuit du 4 » et « Aux morts du 4 décembre » sont entre autre une forme de témoignage de l'auteur face à son époque et de son engagement politique dans la cause contre l'Empire. Si l'un est une scène donnant le récit d'un drame intime vers un apologue, l'autre est un éloge funèbre sous fond satirique qui dénonce les revers de l'idéologie de l'empereur. Or, on peut donc se demander, comment Hugo à travers ces deux poèmes, dénonce son époque, son engagement politique, et est-ce ici l'expression d'une poésie engagée?
Tout d'abord, nous verrons en quoi les deux poèmes sont le témoignage d'une volonté de mise en scène et d'une construction poétique, et enfin, comment Victor Hugo expose les revers du coup d’État par son opposition avec Napoléon III sous forme de combat idéologique à travers les mots.

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        Dès le premier vers du poème « Souvenir de la nuit du 4 », nous sommes plongés dans la réalité brusque de la situation. En effet, il n'y a ici aucune mention de mois, où d'année, tant l'événement parait évident, et nous donne déjà une idée de la volonté de l'auteur à nous introduire directement dans la scène : « L'enfant avait reçu deux balles dans la tête ». Ainsi, dans ce poème de deux strophes écrit en alexandrins, on a une ici un récit poétique, mêlant différent registres comme le réalisme, la plaidoirie et l'ironie.
        On a tout d'abord, du vers 1 à 25, une description remplie de détails : « le logis était propre, humble, paisible, honnête » , "il avait dans sa poche une toupie en buis", etc. Tous ces détails renforce l'immersion du lecteur, comme s'il assistait lui aussi à la scène. Les temps du récit, renforce cette impression, notamment grâce à l'imparfait : « Une vieille grand-mère était là qui pleurait » (v. 4), « La nuit était lugubre ; on entendait des coups » (v. 16). Nous avons aussi, le paratexte du titre du poème qui nous indique que nous avons affaire à un « Souvenir », donc à un témoignage d'une scène réelle.
Des vers 26 à 46, on a ensuite un discours de la grand-mère avec l'utilisation de tirets, l'emploi du présent et de questions rhétoriques, oratoires pour exprimer sa douleur et désespoir. En effet, le changement du discours indirect au direct, nous pousse à entendre plus clairement sa voix et douleur : « Dire qu'ils ont tués mon petit! » (v. 34), « Pourquoi l'a t'on tué? » (v.45). L'on comprend également par la structure des autres vers que l'horreur ne touche pas uniquement l'enfant mais aussi d'autres au même moment : « De fusils dans la rue où l'en en tuait d'autres ». Les faits donnent à cette image, une consistance et image forte dans l'esprit du lecteur, notamment par l'interpellation directement de l'auteur vers nous (v. 10) mais aussi par les éléments du discours employés.
Du discours, on a également la voix de Victor Hugo qui se fait plus forte et directe. En effet, à la dernière strophe, le poète raille Napoléon III qu'il nomme ironiquement « Monsieur Napoléon ». La place du personnage, en contrepartie avec les éléments ultérieurs du poème accentue l'effet des mots. Les vers paraissent au fur et à mesure comme le portrait d'un personnage digne d'une farce, notamment par l'antithèse : « Est pauvre, et même prince ; il aime les palais ». Ce contraste de cet instant avec le fond du poème donne un sentiment vif d'absurde et d'indignation au lecteur, tout comme l'effet des derniers vers du poème qui sonnent comme une morale retournée.

        Nous pouvons donc constater que l'on a avant tout ici, un poème linéairement argumentatif, qui change fortement de registre comme pour mieux armé le message qu'il cherche à faire passer et à exprimer de par ce drame intime.

        « Aux mort du 4 décembre » est écrit en 6 strophes de six vers composés de 2 alexandrins à un sizain puis de 2 alexandrins. Donnant ainsi un schéma de rimes en AABCCB. Ce poème, à première vue lyrique, semble être un éloge funèbre destiné aux morts du 4 décembre fait par l'auteur, or, en réalité, il est également un discours satirique et ironique où la voix poétique peut sembler faire penser à celle de Napoléon III et rappelle celle la propagande de l'Empire.
        Tout d'abord, on peut remarquer que le poème joue avec la temporalité. Présent et passé, semblent coexister mais on comprend que "autrefois" n'existe plus. En effet, là où la voix poétique est au présent, elle est adressée à ceux qui ne sont plus : « Jouissez du repos que vous donne le maître », « Vous étiez autrefois des cœurs troublés peut-être ». C'est parce qu'ils ne sont plus des êtres vivants qu'ils semblent à présent faire partie de l'Empire.
La forme lyrique est très présente dans le poème.  Notamment de par la musicalité. On note la présence de nombreuses assonances et anaphores, ainsi que par la forme des strophes qui montre la volonté du poète à rendre ses alexandrins et sons travaillés et harmonieux (v. 22-24).  Il y a donc ici une volonté de Hugo de montrer une cohésion structurelle, comme lieu d'allégorie de celle du nouvel empire en place et traduisant avec la satyre une contradiction qui va au fur et à mesure paraître grandissante.
Or, on observe malgré une forme qui reste constante, un rythme qui semble s'accélérer avec l'aide de répétitions et de gradations : « Vous étiez », « Vous alliez, vous veniez », « Vous aimiez, vous aviez », « Vous gisez ». Mais également de nombreuses antiphrases « vous aimiez, vous aviez le cœur lié de chaînes » et antithèses : « Inquiets comme l'eau qui coule des fontaines », ainsi que les nombreux enjambements (v. 22-24) présents dans le poème qui donne une impression d'incohérence avec l'hommage et discours prononcé. En effet, au lieu de témoigner respect, ou regret et peine de ces morts, nos avons ici un hommage tourné vers l'idéologie politique , donnant à ce poème une volonté de montrer l'hypocrisie morale de l'adversaire.

        Ici, Hugo à travers ces deux poèmes aux styles bien différents, exprime à travers un riche répertoire d'écriture poétique une voix qui cherche à dénoncer. Or, il n'est pas encore établit exactement de comment si l'on peut qualifier cet engagement politique comme d'une poésie engagée, ni de contre quels aspects l'auteur cherche à s'opposer.

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