Symbole du monstre dans Rhinocéros de Ionesco

Dissertation explicative Rhinocéros

La pièce Rhinocéros d’Eugène Ionesco paru le 6 novembre 1959, dénonce les effets du conformisme et du fanatisme. Ionesco ayant été témoin de l’essor fasciste de 1930 en Roumanie, expose son expérience par l’entremise de Bérenger qui voit dans la métamorphose en rhinocéros une forme de massification conformiste menant à la déshumanisation, un retour à l’état bestial empli de bêtise. Entouré d’individus qu’il considère comme monstrueux, il en vient à se considérer comme une anomalie, comme un monstre. La pièce symbolise le monstre sous deux facettes et ce, en fonction du point de vue, soit par l’adhésion à la « Rhinocérite », soit par le sentiment d’anomalie face à la masse.

D’une part, l’opposition de Bérenger face au conformisme fait de lui une anomalie, avant et après les métamorphoses. Dans le premier tableau, il est décrit comme : plus individualisé, non ponctuel, n’aimant pas le travail, ayant un penchant pour l’alcool et étant négligeant de sa personne :

« Toujours en retard, évidemment ! » (p. 10)

« … je ne suis pas fait pour le travail » (p. 14)

« Vous puez l’alcool! » (p. 12)

« Vous êtes dans un triste état, mon ami » (p. 12)

À son opposé Jean représente exactement le stéréotype des valeurs de la société, il est travaillant, toujours bien habillé, consomme peu :

« Vous êtes soigneux, vous. » (p. 13)

«J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. » (p. 31)

« Mon cher, tout le monde travaille et moi aussi, moi aussi comme tout le monde... » (p. 14)

Dans le dernier extrait, Jean montre son conformisme : « Comme tout le monde » (p. 14) puisque tout le monde le fait ce doit être la marche à suivre. Dès le premier tableau, Bérenger est différent, il ne correspond pas aux standards de la société, il ne partage pas leurs manières de penser ni même leurs manières d’agir, Jean le lui fait d’ailleurs remarquer de façon méprisante. Dans ce cas, le mépris peut amener chez la victime le sentiment d’être un monstre au regard des autres. Après les métamorphoses, les rôles changent, mais la situation reste la même, Bérenger est l’exception à la règle.

Dans le troisième tableau, la quasi-totalité des personnages s’est transformée en Rhinocéros, représentant l’essor de la Garde de fer de Roumanie, groupe fanatique antisémite. Bérenger n’adhérant pas à cette ‘’rhinocérite’’ refuse de se transformer et de perdre son humanité, ce qui le mènera, au départ de Daisy, à la solitude. Daisy, personnage peu individualisé, le remet en question avant de l’abandonner : « C’est nous, peut-être, les anormaux. », (p. 156) ce qui pousse Bérenger lors de son monologue à s’interroger sur sa propre identité et si c’était lui le monstre : « Et si comme me l’avait dit Daisy, si c’est eux qui ont raison? » (p. 160) La majorité décide de ce qui est bien ou mal, de ce qui est beau ou laid, de qui est normal de qui ne l’est pas. Malgré

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