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Dissertation "La Lettre de Chirossel"

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Par   •  14 Octobre 2018  •  Dissertation  •  3 896 Mots (16 Pages)  •  659 Vues

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Lucas S                                                                                Mr Benoît

Groupe 5        

Explication Historique de Texte:

Lettre du poilu Louis Chirossel

        La lettre que nous allons étudier fut écrite lors d’un tournant majeur de la « Grande Guerre ». En effet, datée du 21 Novembre 1914, celle-ci est rédigée au début de ce qu’on appelle « la guerre de tranchées ». A la fin de l’année 1914, les mises en place des plans français et allemands respectivement nommés « XVIII » et « Schlieffen »  se soldent par un succès français lors de la bataille de la Marne. En Octobre, après les batailles d’Ypres et d’Yser se déroulant sur les côtes de la mer du Nord en France et en Belgique, la fatigue des troupes atteint son paroxysme et les armées choisissent de s’enterrer dans les fameuses tranchées. Ces batailles seront les dernières batailles de frontières puisque qu’à partir du 24 Novembre 1914, date de la fin de la bataille d’Ypres soit exactement trois jours après l’écriture de la lettre, nous entrons rapidement dans une guerre dite « de position » sur un front long de 800 kilomètres s’étendant de la Mer du Nord à la Suisse. La lettre étudiée est donc précisément située au début d’une période caractéristique marquante de la Première Guerre Mondiale telle que beaucoup la connaissent.

L’auteur du texte se nomme Louis Chirossel, caporal français originaire de la Drôme. Né le 1er Mars 1878 au Pouzin (Ardèche), il a alors 36 ans lorsqu’il écrit la lettre. Il est diplômé d’un certificat d’études primaires et a effectué son service militaire au 3ème régiment d’infanterie de Privas, de 1899 à 1902. Artisan marbrier à Loriol (Drôme), il se marie en 1903 avec une couturière avec qui il a une fille en 1904. Il vit paisiblement jusqu’à l’éclatement de la guerre durant laquelle il se voit d’abord nommé caporal au 119ème régiment d’infanterie territoriale de Privas puis, fin octobre 1914, est envoyé sur le front avec le 261ème régiment d’infanterie. Un mois après, celui-ci écrit à son épouse et à sa fille, restées à l’arrière du front. Blessé le 30 juin 1915, dans le secteur de La Harazée (Argonne), il meurt à l’hôpital d’Avignon le 18 août 1915, soit un peu moins d’un an plus tard.

L’expéditeur rédige sa lettre dans un lieu atypique: la forêt de l’Argonne et plus précisément le bois de Varenne, connu pour avoir été le théâtre de l’arrestation de Louis XVI le 21 Juin 1791. Il est important de noter que ces lettres constituent une information précieuse aux historiens sur la vie au front des soldats dans la mesure où les journaux et autres médias de l’époque ne fournissent qu’une description très floue de la guerre de position. Ce style de guerre semble pourtant être une nouveauté inédite autant pour les armées que pour l’arrière.

Le contenu de la lettre s’avère particulièrement étonnant. En effet, les conditions de vie effarantes   du front, largement abordées dans les nombreux témoignages dont nous disposons, ne font ici pas l’objet d’une description exhaustive. Au lieu de cela, Chirossel focalise son écriture sur la narration de divers épisodes de confrontations entre français et allemands dont le déroulement est expliqué de manière très détaillée. On peut supposer que le poilu, en occultant son médiocre style de vie, cherche à ne pas inquiéter son épouse ainsi que sa fille pour qui la guerre est d’ailleurs toujours censée être « courte »… On remarque aussi la subjectivité du soldat qui relativise sans cesse les aspects les plus effrayants de cette guerre de tranchées, et ce afin de dérober une triste réalité aux siens: la guerre sera encore longue.

La lettre du caporal Chirossel constitue un catalogue de situations précises de confrontations militaire. Ces différents temps de la narration permettent de distinguer différentes parties. Jusqu’à la ligne 28, on formera une première partie explicitant le ressenti du soldat quant à sa situation et son nouveau quotidien. Dans ces vingt-huit premières lignes, les six premières renseignent sur la tonalité générale de la lettre. Jusqu’à la ligne 17, il s’agit d’une brève description des conditions de vie des tranchées telles qu’elles sont perçues par Chirossel. L’aspect des combats quotidiens est ensuite abordé jusqu’à la ligne 28.

Les descriptions précises d’affrontements peuvent être regroupées dans une seconde partie de la ligne 29 jusqu’à la ligne 50. L’épisode d’une malheureuse aventure allemande est raconté jusqu’à la ligne 34 avant que des détails sur les échanges de bombes soient apportés jusqu’à la ligne 50.

Enfin, les sept dernières lignes du teste font constituent une sorte de conclusion dans laquelle l’auteur synthétise les éléments apportés plus haut avant d’insister la possibilité que sa lettre n’arrive pas à destination.

* * *

        Le caporal Chirossel commence donc sa lettre par une description furtive de sa nouvelle vie de soldat au front. L’auteur se veut d’emblée très rassurant et maintiendra ce ton tout au long de sa lettre. On constate également que l’auteur utilise le pronom « nous » pour faire faire valoir son ressenti à l’intégralité des poilus, façon de montrer que son cas n’est qu’un parmi tant d’autres et n’a rien d’effarant. On peut comprendre cette attitude rassurante dans la mesure où l’arrière reste à ce moment de la guerre persuadé que « la guerre sera courte ». Tout soldat altruiste souhaiterait alors perpétuer ce mythe afin de protéger sa famille de l’horrible réalité.

        De plus, le lieu d’écriture, soit la Forêt de l’Argonne, située sur le territoire français et lieu mythique de l’histoire française depuis notamment 1791, est renseigné dès les premiers mots afin de souffler un vent patriote sur la lettre, renforcé par le pronom pluriel « nous » donnant l’impression que ce n’est pas un seul soldat qui parle, mais toute une patrie. Notons que la haine des soldats allemands, surnommés « alboches » par les français, est profonde durant ce conflit, encourageant communément tous les soldats à se débarrasser de l’envahisseur afin de « sauver » la France. Ce comportement devient peu à peu un devoir et cela donne largement du sens au patriotisme clamé par le soldat Chirossel.

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