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La guerre au Moyen-Age

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Par   •  15 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  6 063 Mots (25 Pages)  •  436 Vues

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INTRODUCTION

Le Moyen-Âge recouvre une période importante de l’histoire, et il peut sembler en ce sens difficile de le concevoir en un bloc uni. Pour les historiens cette époque débute en 476 après la chute de l’Empire Romain d’Occident, qui est provoquée par les invasions et les raids barbares du Vème siècle. Le débat persiste encore pour savoir si le Moyen-Âge trouve sa fin, lors de la chute de l’Empire Romain d’Orient, en 1453 (prise de Constantinople par l’Empire Ottoman), ou au moment des grandes découvertes, en 1492. Du haut Moyen-Âge au bas Moyen-Âge, (découpage interne qui se situe traditionnellement en 987 avec le sacre d’Hugues Capet, intronisant la dynastie capétienne) les mutations sociales, politiques et économiques, et les innovations techniques, opérationnelles et stratégiques, ont transformé durablement la culture occidentale et européenne. Par exemple, pendant le haut Moyen-Âge, l’invention du collier d’épaule, remplaçant le collier de cou alors utilisé, permet aux animaux agricoles de développer toute la force de leurs épaules pour tracter. La société agricole est transformée par cette innovation qui améliore les rendements d’échelle. A la même époque le fer à cheval permet aux chevaux de pouvoir supporter des charges plus lourdes, ce qui profite en majeur partie, aux transports commerciaux et donc étend peu à peu les zones de commerce. Le moulin à eau devient aussi une innovation majeure dans le domaine économique. La selle arquée et l’étrier, ont, quant à eux permis, l’évolution de la pratique militaire, donnant, pour un moment, la supériorité opérationnelle et tactique à la cavalerie lourde à la guerre. La meule à affuter inventa un nouveau procédé d’aiguisage bien plus efficace, qui servit aussi bien pour les armes que pour les outils. Mais ce n’est qu’un début, car le bas Moyen-Âge verra bien plus de changements encore. L’apparition de l’arc, de l’arbalète et enfin de la poudre sont incommensurable avec les innovations militaires précédemment vues. Il en va de même de la grue mue par roue, du haut fourneau, de l’horloge, du martinet de forge, du moulin à vent, etc… On pourrait continuer pendant longtemps le tableau, mais on voit déjà bien que la société se meut au grès des transformations économiques et militaires, qui interagissent entre elles. Tout paraît donc indiquer que le Moyen-Âge est en perpétuelle évolution, et qu’aucune photo ne peut être prise, qui représenterait seule cette période dans toute sa globalité, tant elle est mue par le progrès technologique. Et le progrès, s’il change d’abord les techniques, change ensuite et surtout, les mentalités, et tout l’appareil social et culturel des civilisations.

 Le Moyen-Âge, c’est mille ans d’histoire, d’évolution, de révolution et c’est aussi mille ans de guerre. Gaston Bouthoul s’intéresse à ce sujet dans son livre Traité de polémologie. Gaston Bouthoul est le père de la polémologie entendue comme l’étude de la guerre et de l’agressivité dans les sociétés. C’est un sociologue français né en 1896 et mort en 1980. Il rédige et publie cet ouvrage 1970. Il y fait une sociologie des guerres en retraçant les époques dont le Moyen-Âge.  Il explique les rapports éternels des sociétés et des individus avec la guerre. Dans la partie consacrée à cette période, il analyse le fait guerrier et répond à cette interrogation : comment fait-on la guerre au Moyen-Âge ? Dans son texte, on lit une continuité dans les principes moraux qui guident les guerriers, ce qui est en contradiction apparente avec l’idée précédemment évoquées, d’une perpétuelle évolution. S’il y a une continuité dans la conception de la guerre, comment s’explique-t-elle au regard des mutations visibles dans l’art de faire la guerre ? Cette unité dans la pensée guerrière ne serait-elle pas un paradoxe, tant le Moyen-Âge fut confronté à des évolutions irrévocables ? Cette permanence n’a pas pu s’opérer seule, elle est la cause et la conséquence d’un acteur. Ainsi, analyser le phénomène de la guerre au Moyen-Âge, sans une attention particulière sur les forces institutionnelles en place, telles que l’Eglise, priverait cette étude d’une dimension indispensable. L’Eglise fut cette force morale, puis institutionnelle, qui semble avoir fait la transition entre le haut et le bas Moyen-Âge, et qui fit converger les mentalités guerrières vers des buts semblables, au mépris de toutes les évolutions techniques et sociales. Elle a su garder une cohérence dans un espace temporel en perpétuel mouvement. Cohérence d’autant plus difficile à mettre en œuvre, que l’idéal chrétien fut souvent en conflit, du moins en contradiction, avec les mœurs barbares des sociétés médiévales.

La question finale qu’il convient de se poser, est donc de savoir dans quelle mesure le Moyen-Âge, garda-t-il une continuité vis-à-vis de la tradition médiévale classique, quant à la conception morale et juridique de la guerre.

Nous allons donc observer par quels moyens, l’Eglise a-t-elle en partie réussi à faire évoluer les mœurs barbares de la guerre, en une pratique noble, dotée d’un grand sens de l’honneur, qui devait participer à la création d’une paix durable ( partie I ), avant de voir comment l’utilisation réaliste de la guerre par l’Eglise, au service d’un Imperium chrétien, a également été source d’instabilité, et comment la guerre est lentement devenue, ou redevenue, meurtrière et démesurée ( partie II ).

        

I – L’affirmation des principes chrétiens dans la guerre au Moyen-Âge

L’historiographie traditionnelle que l’on a du Moyen-Âge est une conception qui ne fut pas toujours une évidence, car au sortir de l’antiquité tardive, c’est les mœurs barbares qui dominent. Tant bien que mal, les mentalités guerrières tenteront de s’accorder avec les idéaux de l’Eglise.

A – La guerre : un phénomène inhérent aux sociétés médiévales

- Un héritage barbare de la guerre, dans un contexte instable -

        Le Moyen-Âge fait suite à l’effondrement de l’Empire Romain d’Occident. Cet Empire civilisé, est envahi de toutes part par les peuples barbares de l’est, qui amènent avec eux leur culture violente. A Rome, on a connu plusieurs siècles de paix quasi-totale. La guerre est réservée aux professionnels et la population est totalement démilitarisée. Avec l’arrivée des barbares, c’est le retour du mythe antique du « héros-guerrier ». Ces peuples forment de petits clans où seule la loi du plus fort compte, c’est-à-dire que le chef est généralement celui dont les qualités guerrières sont unanimement reconnues. Ils ont un sentiment d’appartenance au groupe très fort, et ne cherchent pas spécialement à assimiler les populations autochtones, contrairement aux romains. Seule la conquête du territoire compte. Cela peut en partie expliquer l’instabilité perpétuelle qui existe entre les clans, et qui existera plus tard entre les royaumes. Sans vouloir être anachronique, c’est une forme de nationalisme qui interdit toute intégration, et qui pousse à la guerre pour l’honneur et la vengeance. L’empire romain lui, avait une portée beaucoup plus universaliste, permettant une plus grande stabilité. L’édit de Caracalla en 212 par exemple, a accordé la citoyenneté romaine à tous les habitants de l’Empire. Cet édit a permis d’étouffer les esprits séditieux, qui auraient voulu se séparer du joux romain, en les intégrant au peuple romain.  Ces deux conceptions vont donc se rencontrer et évoluer ensemble, donnant, dit grossièrement, une idée de la guerre mi barbare, mi romaine.

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