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Corrigé de BTS blanc sur la vitesse

Fiche : Corrigé de BTS blanc sur la vitesse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Janvier 2021  •  Fiche  •  1 321 Mots (6 Pages)  •  683 Vues

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     CORRIGÉ

     À travers l'histoire des innovations technologiques, se manifeste un désir d'aller toujours plus vite, plus loin, plus haut, comme si les progrès techniques répondaient à un besoin de dépassement permettant d'abolir les frontières physiques et de vivre plus intensément. Le corpus de documents proposé à l’étude met en évidence  cette quête qui caractérise dès le XIXe siècle la révolution des transports, puis celle plus contemporaine des moyens de communication avec l’essor remarquable des outils numériques. Or, cette recherche croissante de la vitesse crée une impression d’accélération qui perturbe nos repères au profit d’une société marchande qui semble l’encourager. Il s’agit donc de montrer en quoi la passion de la vitesse contribue à modifier notre rapport au monde. De fait, on ne peut ignorer les mutations fulgurantes de la vie moderne, dans ce qui semble être une course perpétuelle en quête d’expansion et de sensations fortes.

     Le XIXe siècle marque une étape dans les progrès de  la technologie, avec la révolution des transports, qui permet à l’économie marchande de se développer. Cette croissance s’est intensifiée de manière fulgurante à la fin du XXe  siècle avec la révolution numérique, fortifiant une société de consommation devenue l’expression d’un monde optimisé en constante mutation.

    Les progrès technologiques se mettent au service de la vitesse. Dans son article intitulé « La révolution de la vitesse », publié en juillet 2016 dans la revue l’histoire, Sylvain Venayre souligne que parmi les progrès technologiques réalisés au cours du XIXe siècle dans les transports maritimes et ferrés, celui qui a marqué les esprits plus que tous les autres notamment la sûreté des communications ou les charges considérables de marchandises désormais transportables  était la vitesse. L’écrivain Victor Hugo est un témoin de cet enthousiasme communicatif suscité par la vitesse rendue possible par l’usage des nouveaux chemins de fer.  Dans une lettre datant de 1837 adressée à son épouse Adèle, il exprime ainsi cette ferveur, en insistant notamment sur la « rapidité inouïe » du mouvement du train, « plus de mille personnes ainsi emportées (…) comme par l’ouragan  ». Cette accélération et cette mobilité touchent désormais tous les domaines de l’existence, depuis le développement d’Internet et des nouveaux outils et médias numériques. De fait, dans un entretien accordé en octobre 2011 au journalisme du quotidien Le Monde Frédéric Potet et intitulé « Enki Bilal ‘’ On fait du surplace au beau milieu de l’accélération ‘’ », le dessinateur et réalisateur contemporain Enki Bilal s’interroge sur les répercussions de la vitesse dans sa vie quotidienne. Il explique combien celle-ci est désormais conditionnée par l’auditeur, qui a pris une place de plus en plus importante, le privant d’un temps qu’il consacrait davantage à sa réflexion, notamment artistique. Son enthousiasme pour la vitesse s’exprime donc de manière beaucoup plus réservée que dans la lettre de Victor Hugo, même s'il convient de l’apport des progrès du numérique dans le domaine artistique.

 Cette quête incessante de progrès, de croissance et d’accélération semble donc être une caractéristique de la modernité. Le philosophe Tristan Garcia la définit comme la promesse d’une intensité toujours plus forte dans son essai La Vie intense, une obsession moderne, publié en 2016. Selon lui, la société marchande en courage ce goût pour une vie plus intense en faisant la publicité d’une réalité augmentée de notre être, dont les facultés seraient sans cesse optimisées, notamment par ce qu’il consomme. La vitesse devient ainsi un concept marketing : l’intensité du chocolat, de l’alcool ou des crèmes glacées sont autant de promesses de la satisfaction d’un plaisir vif et immédiat. E. Bilal souligne  également combien la rapidité des nouvelles technologies s’inscrit dans cette économie marchande. Elles participent en effet à une intensification du rythme des sollicitations, qui ne nous permettent plus de prendre le temps de la réflexion. Nous sommes sans cesse soumis à la tyrannie des marques, le nouveau « Big Brother » de la société moderne. Ce marketing de la vitesse était déjà en germe dès le XIXe  siècle dans les courses transatlantiques  --  ancêtres des grandes courses transocéaniques actuelles  -- organisées par les compagnies de transport maritime. L’historien S. Venayre évoque ainsi le « Ruban bleu » symbole par lequel les pays occidentaux cherchaient à affirmer leur supériorité maritime. Si cette concurrence commerciale ne s’exprimait pas nécessairement au moyen de grandes innovations techniques, la vitesse restait  un outil publicitaire privilégié. Cette course au progrès ne se traduit donc pas que par la vitesse. Elle modifie en effet également la manière que nous avons de percevoir le monde.

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