Corpus Aventures de Telemaque, L'autre monde, Lettre persanes et candide

Ce corpus est composé de quatre textes dont deux du Classicisme et deux de l'Époque des Lumières qui représentent des cités parfaites et imaginaires. Le premier est un extrait des Aventures de Télémaque écrit par Fénelon et paru en 1699, le deuxième pris de L’Autre Monde ou Histoire comique des Etats et Empires du Soleil de Cyrano de Bergerac édité entre 1657 et 1662, le troisième datant de 1721,  tiré des Lettres persanes du philosophe Montesquieu. Enfin le dernier est un passage du chapitre XXX du conte philosophique Candide  de Voltaire publié en 1759. En quoi ces différents textes relèvent-ils de l’utopie?

    Tout d’abord, ces différents textes relèvent de l’utopie car ils présentent des cités imaginaires ou éloignées dans le temps et dans l’espace. En effet, dans le texte de Cyrano de Bergerac, l’aventure se déroule sur le Soleil dans une société gouvernée par des oiseaux comme le soulignent les termes “aigle, pie, colombe”. Montesquieu, lui,   décrit   un peuple imaginaire, les Troglodytes.  Fénelon peint d’ailleurs un pays extraordinaire, la Bétique, qui rappelle les cités antiques avec l’évocation des “colonnes d’Hercule”, “La terre de Tharsis”, qui permet au lecteur de retourner dans le passé. Chez Voltaire, le lecteur s’évade en plongeant dans une cité orientale suggérée par les termes “constantinople”, “vizirs”, “muphti”  et l’énumération “kaimak...café de moka”.

 Egalement, ces différents textes relèvent de l’utopie car  le lecteur découvre des cités parfaites retranchées dans des paysages bucoliques. En effet, ces sociétés n’ont pas de vice et vivent simplement et en paix comme le traduisent les termes valorisants renvoyant à la félicité : “simples et heureux” , “vie simple et frugale”, “ciel doux toujours serein” chez Fénelon ; “le plus doux ”, “plus pacifique” “fort doux” “humeur pacifique”   chez Cyrano de Bergerac ; “la joie”, “bonheur”, “tendresse”, “amour”, “union” “heureux”, “délices”  chez Voltaire “bon”, “vaste et magnifique”.  Ces sociétés idéales ont un lien fort avec la nature : les troglodytes  vivent reclus dans des cavernes comme le montre le champ lexical de la campagne : “champetre”, “fleurs”, “boeufs” ; “troupeaux”; “charrue”  ou encore “troupeaux” “agriculture” bergers ou laboureurs” chez Fénelon. Chez Voltaire, Candide rend visite au sage dans une “métairie”.  

Ces différents textes relèvent de l’utopie car ils critiquent de manière implicite les sociétés contemporaines aux auteurs. En effet, on relève un vocabulaire péjoratif chez Fénelon en référence aux Français désignés par la périphrase “des peuples qui ont l’art de faire des bâtiments superbes …” comme dans l’énumération finale : “jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par l’ambition , par la crainte, par l’avarice , esclaves de fausses nécessités”. De même, chez Cyrano de Bergerac, on remarque la référence “vous autres hommes” associés à des adjectifs dépréciatifs tels que “plus forts, plus cruels”, critiquant ainsi le pouvoir, chez Voltaire l’évocation finale des “trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin” dont souffre la société contemporaine au philosophe des Lumières. A cela s’ajoute une critique sous-entendue de l’avidité des Français avec les tournures négatives renvoyant au thème de l’argent : “ils ne faisaient aucun commerce au -dehors , ils n’avaient besoin d’aucune monnaie” chez Fénelon, puis chez Montesquieu “ce n’était pas les richesses et une onéreuse abondance : de pareils souhaits étaient indignes des heureux Troglodytes” et “la cupidité était étrangère”. On observe donc dans les quatre textes que les sociétés décrites n’accordent pas d’importance aux biens matériels mais à la notion de partage et de solidarité, caractéristique de l’utopie. De cette manière, le lecteur perçoit alors la visée critique de sa propre société.  

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