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Les Aventures De Télémaque De Fénélon

Note de Recherches : Les Aventures De Télémaque De Fénélon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Avril 2012  •  4 521 Mots (19 Pages)  •  1 702 Vues

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Les Aventures de Télémaque de Fénelon

Introduction:

François de Salignac de La Mothe-Fénelon a écrit en 1699 les Aventures de Télémaque. Grand seigneur, archevêque et précepteur des princes royaux, Fénelon a produit ce roman, reproduction de l’Odyssée d’Homère et de l’Énéide de Virgile, pour servir à l’éducation du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Formée de dix-huit livres, cette épopée romanesque relate les aventures de Télémaque, à la recherche de son père Ulysse. Le jeune prince, accompagné de la déesse Minerve travestie sous les traits du sage Mentor, affronte de nombreuses situations qui doivent le former au futur exercice du pouvoir.
 Dans cet extrait issu du septième livre, un certain Adoam, frère du capitaine du navire dépeint aux voyageurs un pays extraordinaire, la Bétique. Ce texte de type descriptif constitue une pause dans le récit des aventures de Télémaque. Le lecteur contemporain y retrouve un débat d’idées, constant depuis la Renaissance, entre les notions de nature et de culture.

! LECTURE !.


Dans un premier temps, nous étudierons la beauté éternelle de cette nature paradisiaque qui rend ce peuple de la Bétique si débonnaire et si apte au bonheur. Puis, dans un second temps, nous montrerons que cette singulière odyssée utopique ne dissimule pas une intention satirique, en mettant en cause les injustices et les inégalités de la société d'Ancien Régime.

I. Une utopie antique

A) Un décor propice au Bonheur

Dans cet extrait, l'auteur fait le portrait d'une cité imaginaire, donnant libre cours à ses rêveries. Il y présente un paysage parfait où la nature est féconde et luxuriante. Il utilise de ce fait la métaphore de la ligne 8-9 “ La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies y porte chaque année une double moisson” qui témoigne de cette fertilité. De plus, la nature produit en abondance. On constate ainsi l’utilisation de nombreux pluriels comme par exemple avec l’accumulation de la ligne 9-10: “Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris” ou de l’expression “double moisson” qui prouve bien cette abondance. La narration de Fénelon se coule dans l'inventaire d'espèces botaniques ou d'arbustes méditerranéens, considérées habituellement comme des plantes de serre ou d'orangerie. Le jasmin, est particulièrement adapté aux climats doux. De la même manière, le grenadier, qui aime les climats chauds à l'abri des vents froids, est un arbuste rustique qui a besoin d'une exposition ensoleillée. Attribut de la déesse Aphrodite dans la mythologie grecque, le grenadier est également le symbole de la fécondité. La Bétique est « un pays fertile» ligne1 aux limites spatiales très précises. Il se trouve à proximité des « Colonnes d'Hercule », nom qui fut donné dans l'Antiquité romaine aux massifs montagneux bordant le détroit de Gibraltar. Cette localisation doit beaucoup à la mythologie puisque ces « Colonnes » ont reçu leur nom d'un des douze travaux d'Héraclès. Ce pays mythique est baigné par le fleuve Bétis, nom qui fut donné par les Romains à l'actuel Guadalquivir. Fénelon plante donc le décor d’un pays chargé de mythographies et peuplé d'utopies qui donne d'emblée une légitimité au récit. La Bétique est non seulement un pays extraordinaire, mais surtout un lieu légendaire. Ce qui explique pourquoi cette nature est personnifiée par l'auteur : ainsi le « ciel doux » se montre « serein”. C’est la mer dite « furieuse » qui crééa cet espace en séparant la “grande Afrique” de “la terre de Tharsis”. Cependant, ce pays prodigieux est trop parfait, trop absolu pour être réel. Certes, le recours au mode indicatif pour les temps verbaux (« on voit en ce pays » - ligne 20) et l'utilisation du pronom personnel indéfini « on » visent par contrecoup à produire un effet de réel. L'auteur enjolive la réalité en recourant au lyrisme. Il utilise ainsi un vocabulaire précieux et des expressions fortement poétisées comme « les rigoureux aquilons » (ligne 5), les « zéphyrs rafraîchissants » (lignes 6 et 7). Il utise également de nombreuses tournures mélioratives et l’adverbe “toujours” est utilize à 4 reprises au cours du texte: ex parallélisme syntaxique de la ligne 10 “toujours verts et toujurs fleuris”. Cet élément adverbial permet de marquer l'idée de persistance et de continuité, d'une permanence dans le temps des éléments naturels. Les déterminant indéfinis « tout » et « toutes », qui marquent l'idée d'intégralité d'une durée, d'un espace ou d'un volume [« toute l'année » - ligne 7 – « toutes les nations connues » - lignes 12 et 13] contribuent à l'effet épique du texte. Les nombreuses hyperboles comme celle de la ligne 10: “Les montagnes sont couvertes de troupeaux” et les nombreuses insistances renforcent la sensation ressentie par le lecteur, celle d'un figement : le lecteur se voit offrir un spectacle qui devient d'une immobilité absolue. Il suffit de remarquer, par exemple, la constance du climat, qui repose sur l'équilibre des saisons et des températures… Ainsi, la métaphore de la ligne 7 résume à elle seule la persistance du beau temps et la stabilité du climat : « toute l'année n'est qu'un heureux hymen du printemps et de l'automne ». Le terme hymen qui provient du nom d’une déesse grecque qui présidait les mariages fait une nouvelle fois allusion à l’Antiquité. L’union des deux saisons est accentuée par l’expression « semblent se donner la main ». Le thème de la nuptialité est métaphoriquement associé à la fertilité des sols. C’est un figement dans le passé qui se produit ici avec l’utilisation de l’adverbe de temps autrefois, avoir conservé et “l’age d’or”. Enfin, tous les détails évoqués brièvement font penser à un jardin paradisiaque, réservé aux dieux, au jardin des Hespérides. Même si le récit utopique ne s'éloigne jamais des rivages de la littérature de voyage avec ses nombreuses descriptions, la Bétique reste un monde féérique.

B)Un peuple animé des meilleures vertus

Dans cet extrait, tout suggère la magnanimité de ce peuple paisible et pacifiste. Des habitants noyés dans le bonheur simple de la vie domestique, qui agissent d'une manière totalement désintéressée. Ils incarnent

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