Commentaire de texte Marguerite Duras

Commentaire de texte

Marguerite Duras

Marguerite Duras est une écrivaine du XXe siècle, cet extrait est tiré de son roman L’amant. L’auteure appartient au mouvement littéraire du nouveau roman. Cet incipit est d’un style nouveau, délaissant les descriptions accrues habituelles des personnages et des décors, au profit de l’énonciation, l’ensemble de cet extrait est raconté par le personnage principal, seul l’intervention de l’homme place le personnage en narrateur dans un discours narrativisé. Comment l’auteure au travers du monologue dresse l’autoportrait du personnage et d’elle-même. Le commentaire s’articulera en deux parties, premièrement nous analyserons la description des effets du temps sur les personnages puis nous chercherons à déterminer le lien entre cet incipit et la vie de l’auteure.

En premier lieu nous pourrons analyser trois périodes dans cet extrait, dans un premier temps, au début de l’extrait le personnage principal prend la parole « Un jour, j’étais âgées déjà »(l.1) dès ces premiers mots le lecteur comprend qu’il s’agit d’un personnage nostalgique de son passé, de son physique et de sa beauté mais ce temps reste pour le personnage encore trop ressent pour s autoriser le terme de jeune.

De plus l’intervention de l’homme peut être perçue comme l’élément déclencheur de l’analepse et du monologue. « Un homme est venu vers moi. Il s'est fait connaître et il m'a dit : « Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j'aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté. » » (l.2-6). L’intervention de cet homme et ces paroles au féminin indique au lecteur que le premier personnage est une femme, de plus les paroles de cet homme permettent au premier personnage de ce détacher de sa nostalgie pendant un instant pour permettre au lecteur de mieux y pénétrée en utilisant « l’image » comme analepse « Je pense souvent à cette image » (l.7)

Enfin dans le deuxième paragraphe le monologue du personnage nous en apprend plus sur son évolution depuis sa jeunesse a maintenant « À dix-huit ans il était déjà trop tard. Entre dix-huit et vingt-cinq ans mon visage est parti dans une direction imprévue. À dix-huit ans j'ai vieilli. »(l.11-13). Le jugement que le personnage porte sur lui-même laisse paraitre un semblant de regret, « Les gens qui m'avaient connue à dix-sept ans lors de mon voyage en France ont été impressionnés quand ils m'ont revue, deux ans après, à dix-neuf ans »(l.23-25). Ici l’auteur utilise les repères spatiaux-temporels pour inclure le lecteur dans un cadre plus réaliste, permettant une meilleure compréhension de la parole du personnage. « J'ai un visage lacéré de rides sèches et profondes, à la peau cassée. Il ne s'est pas affaissé comme certains visages à traits fins, il a gardé les mêmes contours mais sa matière est détruite. J'ai un visage détruit. » (l.27-30). La conclusion du personnage ouvre l’incipit sur la suite du roman en introduisant le sujet des pages suivantes.

En second lieu au travers de l’autoportrait du personnage Marguerite Duras fais aussi son autoportrait. Le discours narrativisé de l’homme narré par le personnage principal dresse une première image physique du personnage mais aussi le regard porté par l’homme sur le visage du personnage principal induit le lecteur, cet homme étant plus attiré par le visage « dévasté »l.6 que par son visage « de jeune femme », cet homme préfère un visage mature a un visage d’enfant, surement un adulte. Très vite dans ma vie il a été trop tard. « À dix-huit ans il était déjà trop tard. Entre dix-huit et vingt-cinq ans mon visage est parti dans une direction imprévue. »(l.10-12) Le personnage raconte l’évolution de son visage, « imprévue » l’utilisation de ce mot peut laisser sous-entendre que l’évolution de son visage n’était pas désiré et n’a pas suivie le déroulement normal.

...