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Commentaire Trois femmes puissantes, Marie NDiaye

Fiche : Commentaire Trois femmes puissantes, Marie NDiaye. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2019  •  Fiche  •  1 243 Mots (5 Pages)  •  14 362 Vues

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Texte 14 : extrait de Trois femmes puissantes, Marie NDiaye (2009)

Elle courait aussi, la bouche ouverte mais incapable d'inspirer, les yeux fixes, la gorge bloquée, et déjà le grillage était là et elle y appuyait son échelle, et la voilà qui montait barreau après barreau jusqu'à ce que, le dernier degré atteint, elle agrippât le grillage.

Et elle pouvait entendre autour d'elle les balles claquer et des cris de douleur et d'effroi, ne sachant pas si elle criait également ou si c'était les martèlements du sang dans son crâne qui l'enveloppaient de cette plainte continue, et elle voulait monter encore et se rappelait qu'un garçon lui avait dit qu'il ne fallait jamais, jamais s'arrêter de monter avant d'avoir gagné le haut du grillage, mais les barbelés arrachaient la peau de ses mains et de ses pieds et elle pouvait maintenant s'entendre hurler et sentir le sang couler sur ses bras, ses épaules, se disant jamais s'arrêter de monter, jamais, répétant les mots sans plus les comprendre et puis abandonnant, lâchant prise, tombant en arrière avec douceur et pensant alors que le propre de Khady Demba, moins qu'un souffle, à peine un mouvement de l'air, était certainement de ne pas toucher terre, de flotter éternelle, inestimable, trop volatile pour s'écraser jamais, dans la clarté aveuglante et glaciale des projecteurs.

C'est moi, Khady Demba, songeait-elle encore à l'instant où son crâne heurta le sol et où, les yeux grands ouverts, elle voyait planer lentement par-dessus le grillage un oiseau aux longues ailes grises - c'est moi, Khady Demba, songea-t-elle dans l'éblouissement de cette révélation, sachant qu'elle était cet oiseau et que l'oiseau le savait...


Commentaire

Intro :

Marie NDiaye est une écrivaine française d’origine sénégalaise. En 2009 elle remporte le prix Goncourt pour son roman Trois femmes puissantes. Il s'agit d'un roman composé de trois histoires qui dressent le portrait de femmes qui sont confrontées à la violence, la réalité décevante et douloureuse, la pression familiale, l'indifférence ou l'indécision des hommes mais qui luttent pour reprendre en mains leur destin. Ce texte est tiré de la troisième partie du roman qui raconte le parcours d’une jeune veuve africaine nommée Khady Demba cherchant à gagner l’Europe de manière clandestine. Dans cet extrait, elle fuit des soldats et tente de grimper à des barbelés pour échapper à leurs tirs.

Problématiques :

  • En quoi la puissance de cette femme est-elle mise en valeur ?
  • En quoi la mort de Khady Demba est-elle synonyme de liberté ?
  • Dans quelle mesure Khady Demba est-elle une héroïne ?

Plan :

Dans un premier temps, nous étudierons cette scène de souffrance puis dans un second temps nous montrerons la détermination de Khady Demba.

I- Une scène de souffrance abominable

D’une part, Khady Demba vit une scène de souffrance abominable.

A) Une scène violente

Tout d’abord, c’est une scène violente. En effet, l’utilisation du lexique de la guerre montre l’horreur de la situation « les balles claquer », « des cris de douleurs et d’effroi », « le sang », « s’entendre hurler », « s’écraser ». De plus, elle se blesse en escaladant les barbelés « le sang couler sur ses bras, ses épaules », « les barbelés arrachaient la peau de ses mains et de ses pieds » ce qui la fait hurler et elle est victime d’une chute du haut des barbelés et tombe en arrière « son crâne heurta le sol » ce qui conduit à sa mort.

B) Une scène rapide

Ensuite, cette scène est rapide. La course dans laquelle elle est entrainée semble ne jamais s’arrêter grâce à la répétition de l’adverbe « jamais ». Pourtant, l’utilisation de l’imparfait donne l’impression que les actions qui s’enchainent ont toutes lieu en même temps ce qui renforce l’idée de sa précipitation et de l’urgence d’arriver de l’autre côté des barbelés. La répétition des pensées de Khady, intégrées dans la trame narrative montre une obsession unique, créant un rythme rapide et saccadé tout comme sa respiration. De plus, chaque paragraphe de ce texte n’est composé que d’une seule phrase. L’absence de points surtout dans le deuxième paragraphe sert à ne pas briser l’enchaînement des actions, à montrer qu’il n’y a pas de pauses dans sa course.

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