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"Trois femmes puissantes" - Marie NDiaye

Commentaire de texte : "Trois femmes puissantes" - Marie NDiaye. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  2 007 Mots (9 Pages)  •  17 512 Vues

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Ce roman est construit sous forme de trois récits qui met en scène trois femmes différents avec un narrateur extérieur à l’histoire avec un point de vue interne. Dans le premier récit et troisième récit, c’est Norah et Khady qui nous raconte leur histoire. Cependant dans le deuxième, il s’agit de Rudy qui nous raconte son histoire et en même temps celle de sa femme Fanta, de ce fait contrairement aux deux autres on a pas accès aux pensées du personnage. Ces récits sont tous liés entre eux. Par exemple, Khady Demba, héroïne du troisième récit est aussi domestique du père de Norah, elle rencontre même Norah.

(p23) « Khady Demba, la tranquille fierté de sa voix ferme, de son regard direct étonna Norah, l’apaisa , chasssa un peu l’irritation de son cœur, la fatigue inquiète et le ressentiment. »

 Fanta est mentionné dans le troisième récit, car c’est elle que Khady devait rejoindre pour y être domestique.

(p257) « A peine avait-elle entendu le nom de Fanta, une cousine qui avait épousé un Blanc et qui vivait maintenant en France »

Enfin, l’Afrique est très présente dans chaque récit et on retrouve des lieux identiques comme Dara Salam.  En effet, le père de Norah a fait fortune grâce à son village de vacances qu’il possédait à Dara Salam et le père de Rudy qui construisait des village de vacances à tué son associé à Dara Salam.

A chaque fin de récit, on a le mot contrepoint qui introduit un paragraphe.

Le contrepoint est l’art d’écrire de la musique en superposant les lignes mélodiques. En effet, il s’agit bien d’un contrepoint car l’auteur nous donne une nouvelle vision de chaque femme à travers le regard d’un des personnages. Ce regard permet d’harmoniser, d’éclairer chacune des femmes. Le père de Norah qui n’a jamais éprouvé ou manifesté d’amour en la présence de Norah découvre sa fille sous un nouveau jour.

(p94)  « sa fille Norah était là, près de lui, perchée parmi les branches défleuries […]pourquoi serait-elle venue se nicher dans le flamboyant si ce n’es pour établir la concorde définitive ? Avec les mots « nicher » et « perchée », Norah semble apparaître sous forme d’un oiseau mystique.

Et pour la première fois, il semble apprécier la présence de Norah « il entendait le souffle de sa fille et n’en éprouvait pas d’irritation ».
Fanta apparaît elle aussi- sous un nouveau jour. En effet Pulmaire, la voit apparaîte sous forme de « branche miraculeuse ». De plus c’est la première fois que Fanta apparait heureuse, éveillée, intentionnée et qu’elle se manifeste en lui faisant un signe de main.

Pour Khady, il s’agit du regard de Lamine. Khady est devenue pour lui une sorte d’étoile, de déesse qui veille sur lui ou le punit. (p316) « il levait son visage[…]il parlait à la fille et doucement lui racontait ce qu’il advenait de lui »
Il  la prie et lui implore le pardon « elle le protégeait ou encore le vouait au pire »

Ces femmes peuvent être considérées comme des héroïnes car elles sont toutes les trois, nées dans un milieu culturel et social ne leur permettant pas d’évoluer.
Or malgré les souffrances, les humiliations des autres. Elles n’ont pas accepté de vivre soumises et se sont battues pour un monde meilleur. Norah est devenue avocate , a élevé sa fille toute seule, et doit assumer l’odre du foyer elle s’est juré de sauver Sony.  Fanta, professeure de littérature, a été corrompue par un mari qui lui a fait perdre sa profession. Mais elle n’a jamais voulue, faire le ménage  ou fléchir à la colère de son mari et l’a de plus  trompé avec un autre homme. Cependant on peut dire que c’est la moins héroïne des trois car elle ne s’est jamais vraiment révolté contre ou n’a jamais essayé de le punir. Selon moi, Khady est la plus héroïne de toutes car c’est elle qui a le plus souffert. Elle a tout subi, faim, blessures trahison, viol, humiliation… Mais malgré tout, rempli d’espoir, de puissance et sûr d’elle-même, elle a continué sa route vers la liberté.

Ces trois femmes sont toutes devenues libres à leur manière. Norah est devenue pleinement libre et heureuse à partir du moment qu’elle a compris qu’elle devait sauver Sony de l’injustice et lutter contre son père. Fanta est devenue heureuse lorsqu’s’est libérée de son mutisme en osant saluer la voisine. Khady est devenue libre quand elle à quitter sa vie de domestique, elle est alors devenue heureuse d’être elle-même. (p254).

On peut aussi observer que dans ce livre, l’oiseau est très présent,  incarnerait t-il la métaphore de la liberté ?

 Toutefois, elles ne vivent pas encore totalement dans un monde de liberté. En effet Norah, est toujours la campagne d’un homme dont elle ne veut plus. Pareil pour Fanta, qui n’aime pas son mari. Et pour Khady, cette dernière n’a pas encore atteint l’Europe et la liberté.

Selon moi, l’auteur donne une image à la fois négative et positive de ces femmes. Image négative car on ne peut omettre les perpétuelles et états de soumission qu’elles endurent dans une société cruelle et égoïste. C’est cependant à travers cette image négative de femme soumise et humiliée que se révèle la vraie femme puissante. Celle qui se relève de sa condition, combat pour sa liberté et éblouit le monde autour d’elle.  La valeur positive de ces femmes est renforcée car on peut remarquer que ces femmes n’ont jamais cherché à faire de mal ou à réagir par violence et vengeance. Mais elles ont toutes utilisé leur intelligence, courage et détermination pour défendre leurs droits et leurs libertés.
L’auteur, à travers ce livre critiquent les conditions dont sont victimes les femmes mais montre aussi l’exemple de femmes puissantes qui combattent pour leur liberté. Ainsi l’auteur encourage lectrices qui se sentent elles-aussi prisonnières de leur milieu et leur société, à trouver leur puissance.

Résumé

Il y a Norah, 38 ans, avocate en France, fière d'une réussite qu'elle a forgée seule, sur les miettes d'une famille détruite par l'inconstance d'un père absent et égoïste. Norah répond à l'appel de ce père, dont elle a gardé l'image d'un homme puissant et arrogant, sûr de sa réussite et de la suprématie de son argent. le père qu'elle retrouve est un homme diminué, glouton, qui dort dans les branches majestueuses d'un flamboyant défleuri. Les retrouvailles en Afrique, sur les ruines de la richesse du père, sont amères. Norah accuse le père d'être un monstre qui a fait peser sur le ventre de ses enfants des démons inamovibles. Venue pour défendre son frère Sony, Norah découvre l'inanité de son existence française sans pour autant se sentir chez elle dans ce pays d'Afrique qui lui a ravi un père et un frère.

Il y a Rudy Descas, 43 ans, marié avec Fanta et père de Djibril. Il a quitté l'Afrique après une trouble histoire de violence envers des adolescents. Arrachée à Colobane où elle avait un brillant emploi de professeur de littérature, Fanta dépérit en France où rien n'est fait pour elle. Rudy rumine sans cesse ses échecs professionnels et personnels. Il traîne avec lui des souvenirs traumatisants d'une enfance blessée par une mère qui ne l'aimait pas assez pour ce qu'il était. Obnubilé par la statue d'un artiste qu'il accuse d'avoir volé son image et poursuivi par une buse, érinye funeste qui révèle ses faiblesses, il a cessé depuis longtemps d'être l'homme que Fanta a épousé.

Il y a Khady Demba, silencieuse, enfermée dans son inutilité de veuve inféconde. Chassée par la famille de son défunt mari, elle doit retrouver sa cousine Fanta, installée en France. Lâchée sans appui dans un monde dont elle ne connaît rien, abusée par un amant sans scrupule, elle ne cesse de répéter envers et contre tout son nom: Khady Demba, Khady Demba, Khady Demba. Elle est Khady Demba.

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