ADM3012 TN1 Les Zones Grises

ADM 3012 - Activité notée 1 - Les Zones Grises

Version C

Question 1 (7 points)

Une des compétences interculturelles est la maîtrise des éléments de la culture communicationnelle.

a) Nommez les piliers de la communication interculturelle en affaires.

Selon Irrmann (dans Davel, Dupuis et Chanlat, 2008), il existe trois piliers qui définissent et influencent continuellement la communication interculturelle en contexte d’affaires : « convaincre et bâtir une image de crédibilité (comme lors d’une négociation d’affaires), savoir lire les signes de crédibilité (nécessaires lors de l’estimation du risque couru dans une relation d’affaires) et obtenir quelque chose ou donner des ordres (par exemple dans la gestion d’une filiale à l’étranger).» (p.127)

b) Quels sont, dans la situation de l’arrivée de Juliette à Douala, les signes de difficultés à la construction de son image et de sa crédibilité? Expliquez pourquoi.

La notion de crédibilité peut se définir comme étant, selon Devinat (2018), « la valeur subjective accordée à une personne en fonction de critères personnels et sociaux, liés aux compétences et aux habiletés ainsi qu’à l’expérience, aux connaissances et à l’expertise d’un individu. L’évaluation de ces critères permet l’attribution d’un degré de confiance et de fiabilité, lequel est défini comme une sécurité ou un niveau de risque que l’on est prêt à prendre avec cet individu.» Ainsi, dans un contexte d’affaires, un individu doit se soucier de bâtir sa propre image de crédibilité, bien qu’il lui soit peu possible de connaître exactement l’interprétation qui sera faite par autrui de cette image. Il doit également apprendre à lire les indices qui lui permettront de définir l’impression de crédibilité d’autrui. Par exemple, un vendeur automobile peut se percevoir comme étant crédible, alors que l’acheteur pensera plutôt qu’il tente de l’arnaquer. L’impact de cette communication d’affaires n’aura probablement pas les conséquences souhaitées. Dans sa présentation du concept de crédibilité, Irrmann (dans Davel, Dupuis et Chanlat, 2008) précise qu’il existe différents types de crédibilité, soit : la crédibilité personnelle, la crédibilité institutionnelle et la crédibilité statutaire.

Dans le texte Zones Grises, Juliette éprouve rapidement des difficultés à présenter une image de crédibilité lors de son arrivée à Douala, principalement en lien avec la notion de crédibilité personnelle. D’abord, il est possible de croire que le fait que Juliette soit une femme crée des barrières pour les affaires en sol camerounais puisque ce pays est habitué à un leadership patriarcal. Boubacar, le directeur de la fabrique, confirme d’ailleurs sa surprise et son malaise lorsqu’il dit : « voyez-vous Madame Melançon, vous arrivez dans un pays où les jeunes femmes occupent rarement la position de… ». L’âge de Juliette semble également influencé la crédibilité qu’elle présente à son interlocuteur. Le style de communication qu’elle utilise en réaction aux premières impressions qu’exprime Boubacar, qui frôle l’indignation, la confrontation et le mépris, risque de créer un impact important au niveau de sa crédibilité, mais aussi sur les autres piliers définis par Irrmann, soit l’action de convaincre et celle de pouvoir obtenir quelque chose ou donner des ordres.

Question 2 (7 points)

Selon quels modèles implicites d’organisation (selon le modèle de Hofstede : marché, marché bien huilé, famille, pyramide) Juliette devrait caractériser l’entreprise Tissus Cameroun afin d’ajuster sa stratégie de gestionnaire interculturel? Expliquez.

En utilisant le modèle de Hofstede, il est possible d’associer l’entreprise Tissus Cameroun à la catégorie de la famille, qui présente « une forte distance hiérarchique mais à faible contrôle de l’incertitude (peu de recours aux règles structurées)» (Irrmann dans Davel, Dupuis et Chanlat, 2008, p.178). La présence d’un fort contrôle social distingue également ce modèle des autres. Boubacar confirme cet élément en racontant que ce sont les chefs de clans réunis en un conseil des sages qui ont pris la décision, afin de pouvoir garder les contrats, de faire travailler les femmes et de permettre aussi le travail des enfants. Un second exemple qui abonde dans le même sens se retrouve plus loin dans le texte alors que le ministre de l’Intérieur accepte de renverser le jugement de culpabilité de Boubacar, sur présentation d’excuses publiques de la part de Juliette et d’un dédommagement, à la suite de l’intervention presque secrète de son chef de clan, qui est aussi un ouvrier de la fabrique. Cela démontre que malgré la présence d’une structure politique, il existe une hiérarchie sociale qui peut venir chambouler à tout moment les règles ou procédures établies.

Face au modèle de la famille, Juliette devra donc ajuster sa stratégie de gestionnaire interculturel. Elle devra d’abord tenter d’identifier qui est réellement au sommet hiérarchique de l’entreprise et les canaux de communication à privilégier pour leur transmettre ses demandes et messages. Elle devra également reconnaître que plusieurs décisions sont prises en fonction d’un bien-être collectif et que les règles et procédures peuvent être parfois bien souples.

Question 3 (5 points)

On distingue quatre stratégies identitaires chez les gestionnaires dits internationaux (les conservateurs, les défensifs, les opportunistes, les transnationaux). À laquelle identifieriez-vous Juliette? Pourquoi?

Pierre (2000, cité dans Davel, Dupuis et Chanlat, 2008), explique qu’il existe différentes stratégies identitaires chez les gestionnaires internationaux : les conservateurs, les défensifs, les opportunistes, les transnationaux et les convertis. Celles-ci peuvent être perçues au-travers des attitudes et comportements qu’adoptent ces personnes dans un contexte culturel différent de celui d’origine.

Dans le texte Zones Grises, le rapprochement des comportements et attitudes tenus par Juliette à l’une des stratégies identitaires ci-haut n’est pas simple. Comme il s’agit de sa première réelle expérience professionnelle en contexte interculturel, Juliette arrive avec un lot d’appréhension, de curiosité et de méconnaissance : « Comment pourrait-elle mener sa mission à bien sans balises culturelles claires et solides? […] Ne pas pouvoir mettre un mot sur ce qui l’attendant

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