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Fiche lecture, sociologie des institutions

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Par   •  7 Janvier 2018  •  Dissertation  •  2 553 Mots (11 Pages)  •  1 695 Vues

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FUSTIER Margaux

Sociologie L1 – Sociologie des institutions – Groupe 5

Romain Pudal est un sociologue français. Il possède une maîtrise de philosophie et est docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales spécialité Sociologie. Il a travaillé en temps que professeur et chercheur dans diverses universités françaises. L’un de ses sujets d’étude majeure est celui consacrée à l’institution pompière. Il publie en 2016 le livre « Retour des flammes » et rédige plusieurs articles à ce sujet, et pour cause : après avoir effectué son service militaire à la BSPP (Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris) entre 1999 et 2000, il s’engage en 2002 comme pompier volontaire. Ses études se basent donc sur une quinzaine d’années d’immersion. Le texte que nous allons étudier est extrait de l’article « Du « Pioupiou » au « Vieux Sacre » ou comment en être : ethnographie d’une socialisation chez les pompiers », publié en 2011 dans le numéro 93 de la revue Politix. Dans cet article, le sociologue décrit son expérience de service militaire à la BSPP, et explique les différents mécanismes mis en place pour forger un « habitus pompier ».

Dans la première grande partie du texte, l’auteur explique son objet d’étude et, en introduisant les idées de différents sociologues, les nuance et/ou les lie à son objet de façon nuancée.

Pour commencer, R. Pudal introduit la notion d’institution totale (définie par Goffman), et situe la caserne par rapport à celle-ci. En effet, il propose, dans le cas de l’institution pompière, de parler « d’institution totale ouverte » et non d’« institution totale » car elle façonne belle est bien les corps et les esprits, mais n’est, pour autant, pas coupée des autres univers sociaux, ce qui donne la possibilité d’un recul, d’une marge de manœuvre et d’une réflexion sur et par rapport à ladite institution, contrairement à, par exemple, l’institution psychiatrique (Décrite par Goffman dans « Asiles »). Cependant, même si l’institution ne dépossède pas le futur pompier de lui-même, on ne peut dissocier le sujet de l’institution qui le façonne.

 R. Pudal s’attarde sur les difficultés qui lui ont fait face, et nous livre dans son introduction la première de celle-ci : se détacher de son statut de sociologue, sans quoi il aurait tendance à tout analyser de manière mécanique, sans pour autant tomber dans le subjectivisme. Dans cette partie du texte, il souhaite souligner que l’expérience de la caserne doit être pensée d’un point de vue sociologique, en l’étudiant en temps qu’institution, car elle est invariablement présente et pesante sur la vie des sapeurs pompiers, sans pour autant nier la possibilité des « interactions, les moments de négociation, les multiples logiques d’appropriation, les compétences critiques des acteurs » permettant un recul et une diversité mais dont l’effet est, pour R. Pudal, pourtant moindre.

R. Pudal note ensuite l’idée selon laquelle il existe des prédispositions pompières (selon Mathew Desmond). Il affirme être en accord avec cette idée mais soutien que malgré une origine sociale généralement homogène des sapeurs (« jeunes, peu diplômés, issus des classes populaires ou des petites classes moyennes, rarement issus de l’immigration africaine, asiatique ou nord-africaine »), la caserne forge un habitus particulier qui ne s’acquiert que dans cette institution, une hexis et un ethos propre à la condition de pompier, même si l’institution ne crée pas des pompiers totalement homogènes et interchangeables. Il ne suffit pas de porter l’uniforme pour « en être », il faut intégrer et intérioriser des valeurs, des codes, des rites de passage.

Dans la seconde grande partie de l’extrait, R. Pudal raconte et analyse son expérience au sein de l’institution pompière et militaire.

Il commence alors par décrire l’idée que l’opinion publique se fait des sapeurs pompiers : « fraternité virile, courage indéfectible, prise de risque parfois insensée, gentillesse inaltérable… » et explique qu’il s’agit là de la face publique des sapeurs et que derrière celle-ci se cache un long processus de socialisation secondaire.

La première chose marquante à laquelle le sociologue a été confronté est la violence psychologique. En effet, dès leur arrivée, on fait comprendre à lui et aux autres nouvelles recrues qu’ils sont des intrus, qu’ils ne font pas partie du même monde par un regard dédaigneux et un discours méprisant. La première entrevue et celles qui suivent semblent viser un endurcissement : on leur fait peur, on crie et surtout on insiste sur l’idée de virilité qui « est une constante dans cet univers professionnel qui contraint parfois à des prises de risques physiques supposés être l’apanage d’hommes forts et courageux. » De plus, on commence à les transformer physiquement (par le biais du coiffeur) et leur fait comprendre que leur vie dorénavant se résumera à être dans la caserne, donc isolés du monde extérieur, puisqu’ils ont le droit de téléphoner pour annoncer à leur famille qu’ils ne rentreraient pas avant longtemps.

Le lendemain, dans les sous-sols de la caserne, les supérieurs ordonnent aux nouvelles recrues de se mettre en « slip-chaussettes », et ironisent sur leur physique. C’est donc à une humiliation et une violence symbolique extrême qu’ils font alors face. Après cette épreuve, ils ont le droit de revêtir l’uniforme, mais le but est toujours de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas des pompiers. Même s’ils pouvaient en avoir l’illusion, « interdiction était faite de porter un quelconque signe de reconnaissance à l’extérieur ». Finalement, l’identité propre de chacun est supprimé (« il n’a plus de prénom, il n’a plus la parole, il n’a plus vraiment son corps puisqu’il est offert au regard scrutateur ») dans le but de « façonner un homme nouveau », de créer un parfait pompier.

Par la suite, la caserne instaure un schémas de vie propre à lui-même, avec des horaires, des habitudes et des rituels particuliers. Tout se fait dans la précipitation dans l’optique de la vie quotidienne du pompier, et sous l’œil, les ordres et le mépris des supérieurs. R. Pudal revient alors sur la difficulté éprouvée à mener son étude, parce qu’épuisé et sans cesse sollicité ainsi qu’apeuré.

Le sociologue explique alors le rapport créé avec le monde extérieur. Encadré comme ils le sont les recrues, du matin au soir, par une institution ayant un prise quasiment totale sur eux, « il y a comme un étrange sentiment que le reste du monde n’existe pas. » En devenant « Brigadou », une carte « mémo » leur est distribué, sur celle-ci stipule : « à l’extérieur, vous représentez la BSPP. Elle sera jugée selon votre comportement. En toutes circonstances, soyez Discret – Propre – Courtois. » Cela souligne un paradoxe important : on a toujours pas le droit de revendiquer, à l’extérieur, son appartenance à la BSPP, cependant, on doit se conduire comme si c’était le cas, comme si on la représentait. Cela mère à l’intégration des valeurs de la BSPP même à l’extérieur de celle-ci, dans la vie quotidienne. Le nouveaux sapeurs ont alors la pression et l’illusion de devoir bien représenter la BSPP.

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