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Racine, Phèdre, I, 3

Commentaire de texte : Racine, Phèdre, I, 3. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  1 907 Mots (8 Pages)  •  542 Vues

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Phèdre de Racine. Scène d’exposition, Acte I scène 3.

Le XVIIe siècle est dominé par la monarchie absolue et une profonde division au sein de l’église catholique entre les jésuites et les jansénistes. C’est aussi le siècle du classicisme et de la consécration de la tragédie, en lien avec l’antiquité. C’est justement à la mythologie et à l’histoire grecque que Jean Racine emprunte la plupart des sujets de ses tragédies. Le 1er janvier 1677 a lieu la première représentation de Phèdre, à l’Hôtel de Bourgogne, inspirée des auteurs antiques Sophocle, Euripide et Sénèque. D’abord intitulée Hyppolite, puis Phèdre et Hyppolite, cette tragédie s’attire la véhémence de la cabale soulevée par les ennemis de Racine mais finit par triompher. Dans la 1re scène de l’acte I, Hippolyte a d’abord formulé son projet de départ, en quête de son père, Thésée, disparu depuis plusieurs mois, et Théramène, son gouverneur, nous a appris que Phèdre, la 2nde épouse de Thésée, est souffrante, ce qu’Œnone, la nourrice de Phèdre, confirme à la scène 2. La scène 3 de l’Acte I, dont nous allons étudier un extrait, s’intègre également dans l’exposition. Il s’agit d’un dialogue entre Phèdre, qui apparait pour la 1ère fois sur scène, et sa confidente Œnone, qui cherche à savoir les raisons du désespoir de Phèdre et pourquoi celle-ci aspire à la mort. Nous aborderons en particulier la tirade de Phèdre (v. 269 à 306) qui constitue une scène d’aveu. Phèdre vient juste de dévoiler à Œnone le nom de celui qu’elle aime : son beau-fils Hyppolite. Comment la violence de la passion s’exprime-t-elle dans cette tirade de Phèdre ?

v. 269-278 : Historique de la rencontre.

v. 269-272 : explication de Phèdre amorcée par le verbe « venir ». Retour dans le passé / analepse.

- Vocabulaire de la souffrance / maladie : « mal ».

- Périphrase pour désigner Thésée : « fils d’Egée » et pour se référer au mariage de Phèdre avec Thésée.

- Vocabulaire du devoir et de la morale « lois, engagée ».

- Evocation d’un bonheur éphémère en 1 seul vers « repos, bonheur »…

- Le verbe modalisateur « semblait » révèle déjà l’erreur de jugement. Evocation du bonheur immédiatement suivie par l’évocation du malheur dans le vers suivant : « mon superbe ennemi ». Asyndète qui montre une juxtaposition : brutalité du changement. Cela montre l’arrivée imprévisible, impétueuse, de la passion.

- Hyppolite désigné par une périphrase et un oxymore qui révèlent à la fois la fascination qu’il exerce sur Phèdre (« superbe ») et à la fois l’interdiction et le danger pour elle (« ennemi »).

N.B. : v. 271 accord grammatical du verbe avec le sujet le plus proche.

- Idée de fatalité suggéré par l’emploi du nom propre « Athènes » en position sujet alors que le pronom personnel « me » est en position d’objet (C.O.S.). Métonymie. Allitération en [m] : « me montra mon ennemi ». Idée du Phèdre subit l’action, est victime.

- v. 273-274 : Insistance sur les conséquences physiques de cette rencontre dans une énumération de verbes au passé simple qui révèlent le trouble de l’héroïne : « vis, rougis, palis ». Rythme amplifié pour montrer l’intensité croissante du trouble : « je le vis » = 3 / « je rougis » = 3 / « je pâlis à sa vue » = 6.

- Véritable coup de foudre.

- Retour du pronom personnel « je » repris en anaphore.

- Insistance sur le sens de la vue avec des verbes de perception : « montra, vis », et le nom « vue ». C’est par le regard que s’insinue la passion amoureuse. Puis passage du corps à « l’âme » dans une sorte de contamination, d’insinuation de la passion. Finalement trouble total qui s’empare de tout son être. L’intensité du tourment est évoquée par l’emploi du nom « trouble » et le participe passé « éperdue ».

- v. 275-276 : Sorte de paralysie : cécité + mutisme. Les signes physiques du trouble sont associés au C.L. du corps : « yeux, corps ».

- Réaction caractérisée par des antithèses : « rougis ≠ pâlis », « transir et brûler ». La polysyndète « et » insiste sur la simultanéité des sentiments contradictoires. Association des contraires : « et transir et brûler » (N.B. : effet de l’amour déjà évoqué dans les Sonnets de Louise Labé).

- Métaphore de la flamme « brûler ». L’amour est présenté comme un feu qui dévore de l’intérieur.

- Vocabulaire du malheur : « trouble, éperdue, transir, brûler, feux redoutables, tourments ».

- Enfermement dans la culpabilité d’un amour criminel : passion pour son beau-fils.

- v. 277-278 : Identification de la cause de ses malheurs : Phèdre sait qu’il s’agit d’une malédiction : « Je reconnus Vénus ». Vénus = déesse de l’amour mais associée ici à la puissance et à la malveillance : « redoutables, poursuit, tourments inévitables ». Idée que la divinité manipule l’humain et en fait une « proie ». Elle est ce qui le dépasse voire le détruit. Vénus présentée comme dangereuse. Renvoie à la malédiction qui pèse sur la lignée de Phèdre.

- L’adjectif « inévitable » introduit l’idée de fatalité et inscrit ce récit de Phèdre dans le cadre de la tragédie. Idée que l’homme est seul face au destin. Expression du jansénisme de Racine et d’une conception pessimiste de l’homme et des passions.

- Modalité exclamative qui révèle l’intensité du trouble.

v. 279-290 : Evocation des tentatives pour échapper au destin

- Dimension active de Phèdre désormais avec des verbes d’action : « détourner, bâtis, pris soin ». L’héroïne tente de trouver des solutions contre la fatalité par des manifestations / actes de piété : « vœux assidus, bâtis un temple, soin de l’orner », offrandes, rites.

- Mais échec annoncé par le verbe d’opinion

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