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Lecture critique Michelle Perrot, Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle

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Par   •  15 Avril 2024  •  Commentaire de texte  •  1 797 Mots (8 Pages)  •  10 Vues

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lecture analytique critique  

Michelle Perrot, Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle

Cadre socio politique de publication

Michelle Perrot est une historienne française née en 1928. Elle conduit sa carrière autour de son intérêt pour “l'autre”: les minorités, les opprimés.

Après des études d’Histoire à la Sorbonne entre 1947 et 1951 et la réalisation d’une thèse sur les grèves ouvrières du XIXème sous la direction d’Ernest Labrousse, elle devient professeure à l’université Paris-Diderot dont elle est toujours une figure emblématique.

Tout au long de sa carrière, c'est le même fil conducteur de l’intérêt pour l’autre qui la conduit à se pencher sur la cause ouvrière, l’Histoire de la justice et sur l’Histoire des femmes. C’est dans cette même dynamique que M.P se penche sur la question carcérale en France.  

Si les écrits de M.P sur la question carcérale française s’inscrivent dans la cohérence de ses engagements, ils font également écho à des questionnements contemporains à la date de publication du texte. Le milieu des années 1970 voit émerger des réformes importantes du système carcéral: on s’interroge sur les conditions des détenus et du symbolisme de l’incarcération. Les luttes et les libertés clamées pendant Mai 68 résonnent dans les prisons, portant des historiens et sociologues à se pencher sur le sujet[1]. En 1971 le Groupe d’Information sur les Prisons (GIP)[2] est créé par P. Vidal Naquet, M. Foucault et J.M Domenach. Le GIP contribue à mettre cette question sur le devant de la scène en interpellant ainsi les politiques publiques. Le gouvernement est appelé à faire sortir les prisons de leur inertie, de les inscrire enfin dans le processus de modernisation qui s’est épris du reste de la société. Il semblait ainsi important de noter ce contexte sociopolitique.

Michelle Perrot, a participé, au même titre que le GIP, à faire apparaître la question carcérale comme un objet de remaniement et d’intérêt: en 1975 une réforme du milieu carcéral visant à libéraliser le quotidien des détenus est lancée[3].

Cet article publié en 1975 a d’abord été présenté comme une communication à un colloque organisé le 3 mars 1973 à l’ENS par le groupe des chercheurs d’Histoire moderne et contemporaine du C.N.R.S sur “Délinquance et Exclusion sociale”. L’article est ensuite publié dans la revue Annales (à l’époque complété du sous titre “économies, sociétés,civilisations). Ce numéro de la revue propose une sous thématique sur la répression, juxtaposant les articles suivants : “une ethnographie de la langue: l’enquête de Grégoire sur les patois”, “La société des galériens au milieu du XVIIIe siècle”, “Naissance des asiles d'aliénés (Auxerre-Paris)” et le texte que nous étudions de Michelle perrot “Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle”.[4] 

La revue Annales est une revue de sciences sociales fondée en 1929 par Marc Bloch et Lucien Lefebvre[5]. Elle se veut “moderne” par les domaines de recherches qu’elle met à l’honneur et par le choix éditorial de préférence de publication des jeunes historiens. La revue ne couvre donc pas seulement des questions historiques mais conjugue les sciences sociales en proposant un dialogue riche entre les différentes disciplines et les sujets d’intérêt divers couvrant une multitude de cultures et de questions épistémologiques.

Michelle Perrot décide donc de s’appuyer sur l’étude de la question carcérale en se concentrant dans cet article sur le XIXème siècle. En effet, elle le décrit dès son introduction : la ramification du Code[6], l'émergence des lois carcérales, de la question éthique, de la réclusion et les premiers grands travaux de pensée des scientifiques et médecins prennent place dans ce long XIXe siècle. Comme une introduction à une réflexion plus actuelle et moderne, elle nous propose ainsi par cet article de comprendre les fondements de la pensée carcérale.

Elle divise sa réflexion en deux grandes parties, une première : “crimes, délits et discours criminels au XIXème siècle”, et ensuite : “la prison, système d’exclusion sociale”.

Dans un premier temps, son texte nous introduit à une source qu’elle dit “fondamentale”, qui est le compte général de l’administration de la justice criminelle. C’est une source quantitative qui relève l'augmentation du nombre de délits expliquant la place grandissante de la question carcérale dans l’agenda des préoccupations étatiques. M.P ne manque pas de noter la mise en perspective nécessaire de cette source qui, comme elle l’écrit, traduit une “obsession” de la société pouvant donc manquer d’objectivité. C’est pour cette raison qu’elle propose dans une sous partie suivante d’adopter une lecture globale: observer cette nomenclature en adoptant un regard critique pour les catégories ajoutées qui font gonfler les chiffres et surtout comprendre qui accuse et commande ces enquêtes quantitatives pour évaluer la rigueur et les potentiels biais dans ces études. Cette partie de l’article semble mettre à disposition des outils critiques pour des lecteurs avertis en les munissant ainsi des clés de compréhension de base de l’histoire carcérale et de leurs politiques associées. Les lecteurs visés par ce texte semblent donc être des potentiels chercheurs qui s'intéressent à la typologie et à la compréhension de la question pénitentiaire. Effectivement cette proposition d’écrit est précise, quantitative: des caractéristiques d’article scientifique pour des lecteurs “aguerris”.

Dans une deuxième partie M.P tente d’analyser l’évolution de la fonction des prisons, de l’enfermement. Elle décrit des nouvelles théories carcérales, notamment celle de Philadelphie[7] qui évolue autour de l’enfermement solitaire: les détenus ne peuvent se croiser : “le système vise à briser toute communauté, à empêcher toute forme de sociabilité”. Ainsi, par les différentes études et les besoins sociétaux de l’époque, M.P dégage les objectifs de l’incarcération au XIXème siècle : elle cite l’éducation des prisonniers pour un espoir de réintégration dans la société, la protection du reste des citoyens et le pouvoir de dissuasion.

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