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Peut-on aimer le travail ?

Dissertation : Peut-on aimer le travail ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Décembre 2019  •  Dissertation  •  3 122 Mots (13 Pages)  •  2 475 Vues

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PHILOSOPHIE

-> Peut-on aimer son travail ?

Si l’on prend le mot par son étymologie, le travail est dérivé du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture. Aujourd’hui, le travail peut se définir comme une activité proprement humaine de transformation de la nature par laquelle l’homme, en développant des techniques, se transforme lui-même. Ensuite, aimer une chose c’est ressentir une inclination vers une personne ou un objet, considéré comme bon, ici cette chose est le travail. Maintenant, pourquoi travaille-t-on ? Pour gagner sa vie. En effet, le travail trouve d’abord une justification économique. Par le travail, je produis des biens utiles qui correspondent à une demande, à des besoins et je gagne les moyens de les consommer, cette consommation correspondant elle aussi à une demande impérieuse : la nécessité de répondre et de résoudre des problèmes biologiques et matériels posés par la vie : se nourrir, se vêtir, se loger. Le travail est donc d’abord une réponse économique à un problème biologique, celui de se conserver en vie, mais aussi dès lors signe de la servitude de l’homme au biologique, comme le dénonçait déjà Aristote. Cette définition du sens commun remet donc en question la possibilité d’aimer son travail. Cependant, nous allons démontrer en trois parties la thèse suivante : le travail dans certaines circonstances peut être appréciable, sauf que celui ci est ancré dans nos modes de vie en tant qu’homo laborans, il faut donc le nuancer. Nous aborderons d’abord les aspects qui font du travail un concept non appréciable, puis la vision qui fait qu’on peut tout de même aimer son travail, avant de nuancer pour démontrer ce que le travail permet de soulever, parallèlement à sa fonction économique.

Dès le départ, nous pouvons estimer qu’il est impossible d’aimer son travail. En effet il peut être considéré comme étant une torture, contraignant, et même allant à l’encontre de la liberté.

D’emblée nous savons que le travail, à son meilleur, est ce qui nous rends humains. Cela nous permet de vivre, d’être créatifs et de nous épanouir. Mais sous le capitalisme, on voyait des travailleurs aliénés les uns des autres et le produit de leur travail. Selon Marx, le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. Ainsi, si le travail nous fait perdre notre liberté, c’est que de libérateur il devient aliénant : alors même qu’il nous libérait, il devient dans le cadre du travail productif l’outil de notre aliénation. Loin de nous humaniser, le « travail réel » que décrit Marx nous animalise. En lui, dit Marx dans les Manuscrits de 1844, « ce qui était animal devient humain, et ce qui était humain devient animal ». En effet, répétitif, désincarné, abstrait, ce travail n’a plus de raison d’être que le besoin vital. « L’homme fait de son activité vitale, écrit Marx dans Ébauche d’une critique de l’économie politique, de son essence, un simple moyen de son existence ». Considéré comme une simple force productive et non comme un sujet il est traité comme une chose, et devient étranger à sa propre humanité.

Le labeur selon Nietzsche est la “meilleure des polices”. Si l’on peut dire, dans le sens où pour gagner sa vie ou plutôt sa survie en travaillant, il semble qu’il faille d’abord la perdre et se perdre. Comme le soutient Nietzsche, tout travail est d’abord une dépense d’énergie vitale et en ce sens « dur labeur », c’est-à-dire travail pénible et prolongé. Et, de cette perte d’énergie vitale découle, selon lui, la perte de notre individualité au travers de celles de notre liberté et de notre humanité ; ce qui ferait du travail , l’arme idéale d’une société sécuritaire. Même si on dénonce comme Marx, la triste réalité du travail aliéné en usine, la misère de la classe ouvrière exploitée, le travail reste une valeur centrale de la société, étant au cœur de la croissance économique et source du profit capitaliste. Même Marx continue à faire du travail une spécificité de l’humain et dans la lignée de Hegel à y voir un moyen de se réaliser en tant qu’homme et individu. Le travail est glorifié, et après avoir été la marque de notre malédiction, comme prix à payer pour le péché originel, il est désormais béni. Mais gagner sa vie, c’est la parfaire en en faisant une œuvre, notre œuvre, en lui donnant un but réellement humain. Ne viser que le gain, le salaire , ce n’est pas cela qui élève l’homme. Par là , il se rabaisse au « mesquin » , au « facile » . Mais, cela, c’est ce que la société veut, ne voulant pas que nous sachions le reste. C’est pourquoi par le travail, et sa nature même, elle nous tient en nous prenant notre temps et notre énergie. D’où l’affirmation de Nietzsche, « c’est la meilleure des polices ». Et, même mieux, en faisant cela , elle exploite avec intelligence une des tendances paradoxales mais naturelles de l’homme : sa préférence de la sécurité à la liberté.

Le travail d’un autre côté peut être considéré comme fondement des inégalités entre les hommes. "Pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé l'homme et perdu le genre humain". Pour Rousseau, c’est la propriété, l’usurpation qui a créé et institutionnalisé l’inégalité entre les hommes. Le travail, et l’oppression qui en découle, est la conséquence de la propriété. L’institution de la propriété est le début de l’inégalité morale, parce que si les hommes peuvent “posséder” les choses, alors les différences de « patrimoine » sont sans rapport avec les différences physiques. Cependant, Rousseau ne dénonce pas en soi la propriété, il dénonce les inégalités de propriété. Rousseau explique les grandes phases de l’évolution technologique (métallurgie et agriculture) et son influence sur la psychologie humaine. L’amour conjugal, la coopération et en particulier la création de rôles entre les sexes (qui rend les femmes soumises aux hommes), sont des sources d’inégalité. A ce stade, si l’homme naturel était régi par le besoin, l’homme civilisé vit de loisir puisque la coopération et la division des tâches libère son temps. Les arts se développent, certes, mais les rapports

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