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La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

Dissertation : La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 098 Mots (9 Pages)  •  2 314 Vues

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La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

La conscience est la possibilité de connaître le monde, les choses, soi-même, au travers des représentations du monde, des choses, de soi-même. Les représentations sont des redoublements de la conscience qui mettent le sujet en relation avec des objets dont il pourra reconnaître l’existence. La conscience, en ce sens, c’est bien la connaissance de l’existence des choses et de soi-même. L’étymologie de conscience signifie d’ailleurs « avec science/connaissance ». La conscience est donc un savoir du sujet que les choses autour de lui existent et qu’il existe également en tant que sujet faisant face à un monde d’objets.

On pourrait alors considérer que la conscience de soi désigne immédiatement une connaissance de soi, un savoir sur soi-même.

Néanmoins, avoir une représentation de soi-même, est-ce véritablement se connaître ?

En effet, la connaissance véritable prétend atteindre une vérité, un savoir vrai et elle est contraire à l’illusion de connaissance qui serait prompte à proposer des réponses toutes faites dans l’évidence immédiate. C’est pourquoi la connaissance véritable requiert une recherche méthodique difficile, des démonstrations, des preuves. Il s’agit de rendre compte du réel en révélant ses lois et ses mécanismes, et de faire en sorte de le rendre intelligible.

On voit bien ici que la connaissance, en ce dernier sens, diffère de la connaissance entendue comme la connaissance immédiate de sa propre existence.

D’ailleurs, nous faisons sans cesse l’expérience de l’instabilité même de notre être : sentiments, émotions, pensées se succèdent en nous sans possibilité de les maîtriser totalement ; et nous avons le sentiment de nous découvrir nous-mêmes au fur et à mesure de notre existence. De plus, la représentation et le savoir que nous avons de nous-mêmes diffèrent souvent de l’image qu’autrui a de nous. Nous apprenons alors que nous nourrissions seulement l’illusion de nous connaître. Ce qui signifierait que, si la conscience de soi est l’accès à une connaissance de soi, elle ne suffit pourtant pas à une connaissance objective de soi. Pourquoi ne suffirait-elle pas ?

Peut-être en raison de l’objet même de cette connaissance, qui est l’identité d’une personne.

En effet, l’identité personnelle n’est pas un objet de même nature qu’un objet extérieur : l’identité d’un être est par définition fluctuante, changeante, elle n’est pas une substance matérielle tangible. On peut même affirmer que le moi n’a d’existence que dans la conscience qu’il a de lui-même, il n’existe pas ou plus en dehors d’elle (sommeil, mort, perte de connaissance). Par conséquent, si le moi n’est pas un objet comme un autre, peut-on le connaître au même titre et de la même façon que les objets permanents ? Ou bien, ne faudrait-il pas proposer une autre manière de se connaître soi-même, non plus au regard d’une objectivité, mais comme véritable décision, choix libre, exigence ?

1/ L’immédiateté de la connaissance de soi : vérité ou fiction ?

La conscience de soi est ce qui caractérise le sujet humain. Elle accompagne chacune de ses pensées et chacun de ses actes. La conscience réfléchie c’est toujours le savoir, la connaissance de ce qui est vécu, même dans les gestes les plus machinaux. Par suite, le fait d’avoir conscience de soi dans chaque expérience vécue, ressentie, fonde l’identité personnelle. Parce que j’ai conscience que c’est moi qui agis ou qui ressens, je peux affirmer mon identité, mon unicité ; je peux dire que j’existe.

En ce sens, Il n’y a pas de différence entre conscience de soi et connaissance de soi, les deux termes semblent équivalents, et la connaissance de soi c’est bien la conscience de son existence.

Pour Descartes, c’est une vérité dont on ne peut douter et qui se donne dans l’évidence et l’immédiateté. La connaissance de cette vérité est claire et distincte du fait même qu’elle se donne dans l’évidence.

Pourtant, l’évidence et l’immédiateté dans lesquelles nous nous saisissons nous-mêmes, par notre conscience, constituent-elles une garantie de connaissance véritable ? Cette connaissance n’est-elle pas plutôt, comme Hume le soutient, une illusion produite à partir de la fiction d’un moi ?

L’adhésion immédiate à une vérité est souvent la marque de l’opinion et non de la connaissance véritable. L’opinion ne saisit que l’apparence d’une vérité, elle n’exige aucune preuve, aucune justification, et ne retient comme critère de vérité que la simple évidence.

Ainsi, la connaissance immédiate de soi ne nous apporterait que l’illusion de nous connaître nous-mêmes, alors même que le moi n’est que changement incessant, entre émotions, pensées, désirs, peurs... Loin de l’idée évidente selon laquelle personne mieux que moi-même ne saurait me connaître, il serait nécessaire d’établir pourtant une médiation entre la conscience de soi et la connaissance de soi afin de rendre compte de manière objective de soi-même. L’immédiateté dans laquelle confine l’introspection rendant impossible toute objectivité et donc toute connaissance réelle, il serait nécessaire d’extérioriser le moi, comme une chose à connaître. Or, il semble impossible et antinomique de réaliser une extériorisation de soi puisque le moi est, par définition, la vie intérieure d’un sujet, sa subjectivité même. Nous sommes donc en présence d’un paradoxe. Force est de constater néanmoins que sans séparation entre le sujet connaissant et l’objet à connaître, c’est toute l’entreprise même de connaissance qui est d’emblée compromise.

De plus, si le moi n’est que changement, comment lui attribuer une forme et un contenu constants, ce qu’une connaissance véritable est censée établir ?

2/ l’impossible hypothèse du moi profond :

Il faudrait pour cela postuler l’existence d’un moi véritable, authentique, dissimulé, que nous pourrions connaître pour vivre enfin en accord avec lui. Derrière les différents rôles que nous jouons socialement, il s’agirait de trouver ou de retrouver ce moi constant, cette substance véritable. Les publicitaires font souvent référence à cette représentation du moi, dépouillé de tout ce qui l’étouffe, mais révélé grâce à l’usage libérateur de l’objet à consommer (par exemple, exprimer sa vraie nature grâce …au dernier iphone !).

Dans un texte très célèbre, Blaise Pascal pose la question : « Qu’est-ce

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