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La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

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Par   •  15 Novembre 2016  •  Dissertation  •  2 019 Mots (9 Pages)  •  22 072 Vues

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La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

Plan

Introduction

I. La conscience de soi, point de départ de la connaissance de soi

 II. Les limites de la conscience de soi

III. La conscience de soi, condition nécessaire mais non suffisante de la connaissance de soi

Conclusion

Introduction

Combien de fois n’avons-nous pas clairement aperçu que l’un de nos amis se sous-estimait,  se pensait incapable de travaux  dont nous le savions clairement capable. Combien de fois un autre nous affirmait qu’il allait rompre cette fois, pour de bon, alors qu’à coup sûr, il n’en ferait rien. Et lorsque l’on émet quelque doute sur sa prétendue incapacité ou sa soudaine soif de liberté, chacun se récrie  en disant qu'il se connait, et qu'il sait qui il est. La conscience de soi est-elle vraiment une connaissance de soi ?

Cette question laisse entendre qu'il existe un lien privilégié entre la conscience de soi et la connaissance de soi. C'est ce que nous révèle l'étymologie de conscience, cum scientia, qui désigne un savoir partagé, une connaissance. La conscience désigne en effet le moyen le plus sûr et le plus immédiat, semble-t-il, que le sujet a de se connaître. Et pourtant, cette conscience ne peut-elle être trompeuse ? Le seul rapport de soi à soi-même ne conduit-il pas le sujet à se méconnaître ?Il faudra donc d'abord s'interroger sur la valeur de la conscience de soi : en quoi est-elle le médium privilégié de la connaissance de soi ? Ce moyen n'est-il pas précaire, parce qu'il inclut l'illusion et qu'il méconnaît les déterminations inconscientes du sujet ? Quelle peut alors être la place de la conscience dans la lucidité que chacun peut acquérir sur soi ?

I. La conscience de soi, point de départ de la connaissance de soi

. La conscience est la perception que j'ai de moi et du monde. Cette conscience peut être spontanée si elle désigne le rapport immédiat que j'ai avec le monde  ; elle est réfléchie si elle désigne le retour sur soi de la conscience, qui s'observe et analyse les données de la conscience spontanée : c'est cette conscience réfléchie qui est la conscience de soi.

Dès lors, la conscience apparaît comme un savoir de soi, puisque je puis faire retour sur moi-même, prendre connaissance de ce que je vivais spontanément, de mon vécu, affectif ou intellectuel.

Tel celui qui, dans son journal intime, ou son autobiographie, fait retour sur lui-même par introspection, traque qui il est dans les replis les plus intimes de son coeur.

 Pour se connaître, il faut donc partir nécessairement de la conscience que l'on a de soi. La conscience possède en effet un privilège : c'est qu'elle se rapporte d'emblée à soi-même ; elle est nécessairement conscience de soi. Dans ce cas, le sujet  est à la fois celui qui connaît et cela qui est connu. Il semble alors que nul obstacle ne nous sépare de nous-mêmes, et que nous accédons, dans une pure transparence, à qui nous sommes.

On peut même aller plus loin et faire, comme Descartes dans la Deuxième méditation métaphysique, de la conscience le fondement de toute connaissance. La connaissance que j'ai de ma pensée est en effet absolument indubitable, contrairement à toutes les autres connaissances que j'ai : s'il y a bien quelque chose dont je ne peux pas douter, c'est bien alors de ma pensée, de la conscience que j'ai de moi-même. Pour me connaître, je ne recourrai donc pas au témoignage de mes sens (qui sont

 trompeurs) ni au témoignage des autres (qui n'ont pas un accès direct à ma pensée) mais à celui de ma conscience, qui est certain.

Transition : Cependant, connaître, c'est aussi être capable d'énoncer les propriétés objectives qui définissent un objet,  et c'est en connaître les causes. De ce point de vue, la conscience semble être extrêmement mal placée : étant à la fois objet et sujet, elle manque du recul nécessaire pour porter un jugement par rapport à elle-même, son objectivité est toujours problématique. Ne doit-on pas dès lors douter du contenu de la conscience de soi ? Celle-ci n'est-elle pas d'une part victime d'illusions sur soi ? N'est-elle pas d'autre part limitée par l'importance de la partie inconsciente de mon psychisme ?

II. Les limites de la conscience de soi

 Si la connaissance de soi débute bien avec la conscience de soi, il ne s'ensuit pas qu'elle en dérive totalement. Tout d'abord, la seule affirmation du cogito n'est pas encore un acte de connaissance. Certes, je sais dans une irrécusable évidence que je suis et que je suis dès lors que je pense, mais sais-je pour autant ce que je suis ? Une substance pensante  écrit Descartes, mais cette conclusion, elle, peut-être remise en cause. Car enfin, lorsque je me retourne sur moi-même, par introspection c’est bien plutôt un flux d’impression, d’émotions et d’idées que je trouve.

 D’autre part, comment pourrais-je être de moi-même le spectateur impartial alors que je ne me vois que de mon seul point de vue. Je suis bien plutôt partial sur moi-même, tel celui qui veut toujours avoir raison ne l’apercevra pas et pensera avoir raison de le nier lorsqu’on lui fera remarquer.

Enfin, si l’observateur et l’observé sont le même, celui qui est observé : ne perturbe-t-il pas celui qui observe, et qui n’est nul autre que lui ? Quand je suis triste je me contemple tristement et joyeusement lorsque je suis en joie, la teinte de mes émotions colore le rapport que j’ai à moi-même.

 Et plus encore,  si je veux connaître ma tristesse, en analyser les causes, en comprendre les raisons, il faut attendre que je ne sois plus triste, mais alors je ne rencontrerai que le souvenir de celle-ci. A l’inverse, plongé dans ma tristesse, je ressens au plus profond cet affect, mais je ne suis pas en état de l’analyser.

Mais allons plus loin. Connaître une chose, c’est en connaître les causes or, les motivations réelles de mes actes m'échappent souvent : c'est ce que souligne par exemple Spinoza (dans sa Lettre à Schuller) en montrant que ce que je crois avoir fait par liberté, je le fais en réalité parce que j'y suis déterminé par des causes extérieures qui m'échappent : l'ivrogne croit ainsi être libre de boire, alors que c'est un penchant auquel il ne peut résister. On n'a en effet, d'après Spinoza, conscience que de ses actes mais pas des causes qui nous poussent à agir. C'est pourquoi nous avons l'illusion d'être libres alors que nous sommes esclaves de nos déterminations méconnues.

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