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Voyage au bout de la nuit - Céline

Commentaire de texte : Voyage au bout de la nuit - Céline. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 416 Mots (6 Pages)  •  12 456 Vues

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Dès sa publication en 1932,  Voyage au bout de la nuit  a créé scandale et polémique de par l'emploi de la langue populaire très rarement employée dans la littérature, et encore plus surprenante chez un auteur de roman de cette époque, mais également par la société abrutissant et humiliant l'homme, qu’il dénonce. L’inspiration est autobiographique, puisque Céline a des points communs avec son personnage, mais cela demeure une œuvre de fiction avec laquelle Louis Ferdinand Céline marque l’histoire de la littérature.  Dans notre extrait, Bardamu prend violemment conscience de l’horreur de la guerre et s’interroge sur les responsables.

Problématique proposée : en quoi cette prise de conscience violente est-elle une dénonciation de la guerre?

Nous allons nous intéresser dans un premier temps, à la dimension de monologue de ce texte, avant de développer l’aspect d’évolution du garçon à l’homme de Bardamu, pour enfin montrer en quoi ce texte dénonce l’abomination de la guerre.

  1. UN MONOLOGUE INTERIEUR

  • Phrases exclamatives.
  • Récit écrit à la première personne du singulier.
  • Questions rhétoriques qui traduisent l’angoisse du narrateur.
  • Verbes de réflexion. D’incertitude.

 La ponctuation traduit la peur. Le narrateur est dans le flou, il est angoissé.  

  • Dès le début du roman, impression de chaos avec les accumulations nombreuses, qui ne semblent pas logique, beaucoup d’opposition. Il y a incorpore des sons, des moyens de locomotion… Ceci traduit aussi, le fait que le narrateur est dans l’incompréhension totale, ses idées se mélangent, il décrit ce qu’il voit en face de lui, sans réfléchir. Il est donc hors de lui, surement perdu et angoissé. «Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en autos, sifflants, tirailleurs, comploteurs, volants, à genoux, creusant, se défilant, caracolant, dans les sentiers, pétaradant, enfermés sur la terre, comme dans un cabanon, pour y détruire, Allemagne, France et Continents, tout ce qui respire, détruire, plus enragés que les chiens, adorant leur rage»

  • Bardamu assume sa lâcheté. Il refuse la guerre.

En un mélange de récit et de monologue, le narrateur fait alterner les jugements et les questions, traçant de la guerre et de ceux qui la font un portrait très réaliste et critique. Cette prise de conscience violente isole le personnage qui semble s’opposer aux autres.

  1. DU GARCON A L’HOMME

  • Dépucelage : passage du garçon à l’homme. Mais aussi, une grande prise de conscience qui traduit la fin de son ignorance.
  • On est puceau de l'Horreur comme on l'est de la volupté » = antithèse entre l'amour et la guerre « Horreur » / « volupté » la guerre est perçue comme un rite initiatique : cela veut dire que l’on devient un homme quand on fait face à l’horreur de la guerre tout comme on devient un homme quand on couche pour la première fois avec une femme.
  • En effet, le personnage met en avant sa naïveté par l’image du dépucelage, « on est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté », « j’étais dépucelé », image auto-dérisoire qui manifeste bien l’idée d’un passage sans retour.
  • Nous pouvons suivre la progression de cette épiphanie: la prise de conscience de l’horreur de la guerre cette « croisade apocalyptique » - à travers sa propre peur « serais-je donc le seul lâche sur terre? pensais-je ». Le retour sur son ignorance passée et son inconscience à s’engager « Comment aurais-je pu? » (irréel du passé) qui s’oppose au « à présent », et pour finir la révolte face à l’attitude des responsables: « Dans aucune d’elles, il n’y avait l’ordre d’arrêter cette abomination? », jusqu’à la conclusion « J’étais dépucelé ».

Bardamu affronte l’atrocité de la guerre. On assiste dans cet extrait, à l’évolution du narrateur. Le narrateur passe d’un garçon innocent, inconscient presque, à un homme témoin de la guerre.

  1. L’ABOMINATION DE LA GUERRE

  • Adjectifs qui traduisent l’horreur de la guerre. Interpellation à la raison sur le colonel.
  • Gradation « Allemagne, France et Continents, tout ce qui respire… » → Impression que la guerre contamine tout ce qu’il y a sur Terre. *(Style haché → Abus ou excès du style coupé, phrases incomplètes, trop saccadés. Il s’oppose ici, à l’écrivain Marcel Proust.)

→ Renforcement de l’idée de chaos. Sa phrase explose.

  • Le chaos de la guerre, et notamment la gradation qui est personnalisé par cette idée de contamination, de maladie, accentue la « Croisade apocalyptique », que Céline utilise pour abrutir l’homme, qui ne fait la guerre sans réel sens.
  • L’hyperbole « Croisade apocalyptique » (lg.14), qu’on pourrait traduire comme un oxymore, est placé ici presque ironiquement. La « Croisade » par interprétation, traduirait ici une façon de faire la « guerre sainte » → place ironique. Quant à « Apocalyptique », qui par définition est une destruction totale. On pourrait conclure ici, que les soldats au front qui pensent faire la guerre pour une bonne raison légitime soit elle, ne font en réalité que tout détruire. L’oxymore pourrait ici servir de façon notamment à dénoncer encore une fois, une guerre qui n’a aucun sens.
  • Ligne 61/62 : « De la prison, on en sort vivant, pas de la guerre. Tout le reste, c'est des mots. » présent de vérité générale : c'est la leçon du texte = il tire une leçon de son histoire. « Tout le reste, c'est des mots » = ça n'a aucune importance/ renvoie à la vanité de l'homme. Même ceux qui survivraient à la guerre ne seront plus jamais les mêmes, ils ne reprendront pas leur vie normalement, ils survivraient encore.
  • Ligne 2/3: «fous héroïques» = oxymore (opposition entre fou et héros) car pour lui aller tuer à la guerre c'est être fou : l’auteur veut renverse ces valeurs
  • Capable de juger les autres, le narrateur est également capable de s'interroger sur sa condition. L'interrogation sur sa lâcheté prouve qu'il conserve une capacité de discernement fondé des critères moraux, tout en faisant comprendre que la guerre n'est pas pour lui un lieu d'héroïsme.

Il fait beaucoup de répétitions dans son texte = insistance sur l'horreur + il est submergé par l'émotion

Conclusion :

  • Texte qui serait pratiquement tiré de l’esprit du narrateur. Nous nous trouvons dans les pensées, les réflexions de Bardamu, un homme témoin et acteur de la guerre.
  • Prise au milieu de cette « croisade apocalyptique »,  Bardamu porte un témoignage de cette abomination, haut, fort et violemment. Ceci rend la critique efficace, car le personnage est un témoin. Cette opposition est celle aussi des valeurs, et du renversement opéré par Bardamu, antihéros « lâche » mais humaniste. La lâcheté est plus raisonnable que l’héroïsme comme en témoigne l’oxymore « fous héroïques ». Lui est un homme quand les autres sont « plus enragés que les chiens », et même davantage avec l'hyperbole frappante « mille fois plus enragés que mille chiens et tellement plus vicieux! » Ce renversement condamne la guerre.

Bardamu n’est pas totalement un anti-héros. C’est un héros à sa manière. C’est-à-dire qu’il n’essaie pas d’être un héros dans toutes ses caractéristiques. Pour lui gagner la guerre ne serait pas héroïque, mais au contraire, arriver à montrer son absurdité et pouvoir cesser ce chaos serait héroïque, et c’est ce qu’essaie de faire notre narrateur. Démarche sur laquelle je me suis appuyé :

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