LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude du roman Voyage Au Bout De La Nuit de Céline

Recherche de Documents : Étude du roman Voyage Au Bout De La Nuit de Céline. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Mars 2013  •  1 881 Mots (8 Pages)  •  1 704 Vues

Page 1 sur 8

Séance 4 : Bardamu en Afrique.

Texte BAC 2 : Céline, Voyage au bout de la nuit P.137-138

On les fit entrer aussi, enfants compris et tous, pour qu'ils ne perdent rien du spectacle.

C’était la première fois qu’ils venaient comme ça tous ensembles de la forêt, vers les Blancs en ville. Ils avaient dû s’y mettre depuis bien longtemps les uns et les autres pour récolter tout ce caoutchouc-là. Alors forcément le résultat les intéressait tous. C’est long à suinter le caoutchouc dans les petits godets qu’on accroche au tronc des arbres. Souvent, on n’en a pas plein un petit verre en deux mois.

Pesée faite, notre gratteur entraîna le père, éberlué, derrière son comptoir et avec un crayon lui fit son compte et puis lui enferma dans le creux de la main quelques pièces en argent. Et puis : « Va-t'en! Qu’il lui a dit comme ça. C'est ton compte !... »

Tous les petits amis blancs s'en tordaient de rigolade, tellement il avait bien mené son business. Le nègre restait planté penaud devant le comptoir avec son petit caleçon orange autour du sexe.

« Toi, y a pas savoir argent? Sauvage alors? Que l'interpelle pour le réveiller l'un de nos commis, débrouillard, habitué et bien dressé sans doute à ces transactions péremptoires. Toi y en a pas parler « francé » dis ? Toi y en a gorille encore hein ?... Toi y en a parler quoi hein ? Kous Kous ? Mabillia ? Toi y en a couillon ! Bushman ! Plein couillon !

Mais il restait devant nous le sauvage, la main refermée sur les pièces. Il se serait bien sauvé, s'il avait osé, mais il n'osait pas.

« Toi y en a acheté alors quoi avec ton pognon ? Intervint le « gratteur » opportunément. J'en ai pas vu un aussi con que lui tout de même depuis bien longtemps, voulut-il bien remarquer. Il doit venir de loin celui-là! Qu'est-ce que tu veux ? Donne-moi le ton pognon ! »

Il lui reprit l'argent d'autorité et à la place des pièces lui chiffonna dans le creux de la main un grand mouchoir très vert qu'il avait été cueillir finement dans une cachette du comptoir.

Le père nègre hésitait à s'en aller avec ce mouchoir. Le gratteur fit alors mieux encore. Il connaissait décidément tous les trucs du commerce conquérant. Agitant devant les yeux d'un des tous petits Noirs enfants, le grand morceau vert d'étamine : « Tu le trouves pas beau, toi, dis morpion ? T'en as souvent vu comme ça, dis ma mignonne, dis ma petite charogne, dis mon petit boudin, des mouchoirs ? » Et il le lui noua autour du cou, d'autorité, question de l'habiller.

La famille sauvage contemplait à présent le petit orné de cette grande chose en cotonnade verte... Il n'y avait plus rien à faire puisque le mouchoir venait d'entrer dans la famille. Il n'y avait plus qu'à l'accepter, le prendre et s'en aller.

Tous se mirent donc à reculer lentement, franchirent la porte, et au moment où le père se retournait, en dernier, pour dire quelque chose, le commis le plus dessalé qui avait des chaussures le stimula, le père, par un grand coup de botte en plein dans les fesses.

Toute la petite tribu, regroupée, silencieuse, de l'autre côté de l'avenue Faidherbe, sous le magnolier, nous regarda finir notre apéritif. On aurait dit qu'ils essayaient de comprendre ce qui venait de leur arriver.

Bardamu quitte l’Europe, dégouté par les horreurs de la guerre et débarque en Afrique. Il est engagé par la compagnie Pordurière pour tenir un comptoir.

Dans cet extrait, Bardamu est témoin d’une vente de caoutchouc d’un récolteur noir à un tenancier Blanc.

Dans quelle mesure, cette scène de vente est-elle détournée en un spectacle qui révèle l’horrible réalité du colonialisme ?

I. Une parodie de scène de commerce

A. Une scène de vente

B. Un commerce faussé

C. Une scène de spectacle

II. Une critique du colonialisme

A. Une critique du racisme

B. La colonisation : un vol

C. Une critique de la bêtise humaine

I. A. Une famille noire a récolté pendant de longs mois du caoutchouc et veut vendre sa récolte à un tenancier. Le champ lexical du commerce en témoigne (argent, compte, business commis). En apparence donc, les rapports entre les colons et les colonisés semblent être d’égalité. Mais ces rapports sont en réalité inégaux et il n’y a pas de véritable échange entre les autochtones et les colons.

B. D’un point de vue étymologique, le commerce implique la notion de communication et la relation avec autrui. Or ici, il n’y a aucune communication entre les deux partis. On relève l’incompréhension de la famille avec le champ lexical de l’étonnement « 1ère fois, penaud, éberlué ». De cette incompréhension, naît un rapport de force avec une société étrangère qui impose son système à une autre sur ses terres. Ce ne sont pas des négociations mais des ordres : les impératifs et les exclamatives utilisées en témoignent : « Va-t’en, donne-le-moi le pognon ». Un sentiment de supériorité se dégage des blancs. Ils se sentent supérieurs en raison des vêtements. L’évocation du « petit caleçon orange » amène l’idée qu’ils sont arriérés (rappel la préhistoire, la nudité et fait un lien direct avec l’histoire d’Adam et Eve). Le langage crée une différence notamment par la caricature du langage Africain avec des phrases schématiques, c’est du « petit-nègre », langage presque animalier, imitations de sonorités grâce aux onomatopées. La ville s’oppose à la forêt. Il y a

...

Télécharger au format  txt (11.5 Kb)   pdf (119 Kb)   docx (12.8 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com