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Voyage au bout de la nuit

Commentaire de texte : Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 700 Mots (7 Pages)  •  245 Vues

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Voyage au bout de la nuit, Incipit :

 Introduction

En 1932, Louis Ferdinand Celine écrit ce roman autobiographique ou il dénonce les horreurs de la guerre, ce roman est imprégné d’un grand pessimisme, il apporte une vision extrêmement négative de l’humanité.

L’extrait étudié propose un style unique et original, l'auteur utilise à l'écrit le langage dit « oralisant » et l'argot. Céline refuse d'utiliser le langage classique, la langue académique des dictionnaires, qu'il considère comme une langue morte. C 'est l'un des tout premiers auteurs à agir de la sorte, avec une certaine violence, et ce dans toute son œuvre.

Dans cet incipit, l’univers dépeint par Céline est un univers d’apparence ordinaire : Bardamu et son camarade médecin Arthur Ganate échangent dans une ambiance de café réaliste, mais Celine en se servant du langage familier et de l’ironie accentue l’aspect tragique de l’extrait.

Comment le style oral de cet incipit nous amène dans un voyage à travers un monde à la fois sombre, pessimiste et burlesque ?

Cet incipit déconcertant perturbe le lecteur dès le début du texte, nous allons étudier pourquoi cet incipit est inhabituel et original pour le lecteur ensuite nous présenterons la violence des propos de Céline aboutissant sur la critique des valeurs traditionnelles de la société :

I / un Incipit déconcertant et singulier

A/Langage inapproprié mais percutant

Le roman commence par une phrase courte, elle peut interloquer le lecteur par son caractère familier « ça a débuté comme ça ».

Commencer et terminer une phrase avec le même mot, c’est ce qu’on appelle une épanadiplose : le même mot est réutilisé en début et en fin de phrase ce qui a pour effet de suggérer l’insistance. Le ça est énigmatique , il peut faire référence à la guerre , au roman ou à tout autre chose.

Les deux « ça » qui encadrent la phrase donne un niveau de langue familier, bien inhabituel pour la première phrase d’un roman. Le narrateur utilise des tournures « oralisantes », il introduit du langage « des deuxièmes classes » dans la langue littéraire.

L’introduction d’un langage populaire dans une prose littéraire est le trait le plus évident du style de Celine.

L'utilisation du passé composé « ça a débuté » « qui m’a fait » suivi du présent de l'indicatif « on remarque » souligne la spontanéité du début du texte.

Aucune description ni même d'analyse psychologique des protagonistes, il s'agit juste d’une présentation sommaire de deux étudiants en médecine, le lecteur a peu d’information sur les protagonistes. Les phrases sont brèves et directes.

Cette narration a un style très intrigant : les phrases sont courtes parfois sans verbe « Rien. », l’auteur n’utilise pas de négation avant les verbes : «j’avais jamais », « y en a pas deux », « quand on est pas sage », le langage utilisé est donc très familier.

L’écart par rapport à la norme académique du beau parler, du niveau de langue recherché, se marque par l’emploi de l’argot : « couillons, rouspignolles, t’es rien c… ». Les tournures populaires comme : « mais voilà-t-y pas » ou les verbes de parole précédés de « que » : « que j’ai répondu […] qu’il me fait […] que je crie » laissent entendre une fois de plus la spontanéité de l’échange oral.

La situation est présentée comme un échange, voire une conversation houleuse entre ces deux personnes, donnant l'impression qu'il ne sont pas forcément d'accord.

B/Immersion directe du lecteur dans l’action :

Cet incipit ne permet pas au lecteur de se laisser porter par le récit, l’auteur fait participer le lecteur à sa propre réflexion et l’oblige à rentrer directement dans une scène de vie.

Le lecteur est placé directement au milieu de l’action, la présentation des protagonistes est très brève, on apprend simplement que la prise de parole de Bardamu a été déclenchée par son ami Arthur Ganate : « Moi j’avais jamais rien dit , rien » , c’est Arthur Ganate qui m’a fait parlé ».

Le narrateur rapporte une conversation de café entre lui et son camarade carabin Arthur .

On apprend donc qu’ils sont tous deux étudiants en médecine.

 Tous deux, attablés à l’intérieur d’un café parisien, ils font « sonner des vérités utiles » : Bardamu critique de manière ironique les parisiens : « Ils se promènent du matin au soir » et  « ils continuent à s’admirer et c’est tout » . Ils sont d’accord pour juger l’inaction et le conformisme des Parisiens alors que, eux-mêmes, sont « assis, ravis, à regarder les dames du café ». Cette première contradiction entre les propos et les actes donne en quelque sorte la clef de la suite : il s’agit bien de conversation de comptoir parfois sans intérêt profond.

Le narrateur ne présente pas de lieu, pas d’époque ou de saison on peut déduire grâce à quelques repères spacio-temporels glissés dans le texte que nous sommes à Paris : « place clichy » , que nous sommes dans les années 1913 / 1920 «  le président Poincaré » ayant réalisé son septennat pendant cette période  , et que la scène se déroule un après-midi  «  après le déjeuner » , vraisemblablement en été «personne dans les rues à cause de la chaleur » .

L’ incipit s’ouvre un univers réaliste et historique , il permet de présenter les personnages principaux de manière très brève  , mais il est surprenant car il plonge rapidement le lecteur dans une confrontation qui suggère  la violence du roman.

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