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Transhumanisme

Compte rendu : Transhumanisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2020  •  Compte rendu  •  4 246 Mots (17 Pages)  •  447 Vues

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Proposition de corrigé : Le transhumanisme.

  1. Analyse des documents de synthèse.

Rédigées entre 43 avant Jésus Christ et 18 après sa naissance par le poète latin Ovide, les Métamorphoses rassemblent les mythes qui célèbrent la civilisation grecque et romaine. L’extrait se focalise sur l’histoire de Dédale et de son fils Icare, connu pour s’être brûlé les ailes en volant trop près du soleil et pour avoir désobéi aux recommandations de son père.

Ne pouvant rejoindre sa patrie ni par les terres, ni par les mers, Dédale décide de concevoir des ailes à l’aide de plumes, de cordes de lin et de cire pour s’enfuir par les airs et « vaincre la nature par un prodige nouveau ». Son fils Icare, candide et rêveur, lui prête main forte, mais ralentit l’entreprise de son père plus qu’il ne l’accélère. Pour autant, le labeur de Dédale paie et il essaye son invention suspendu dans les airs. Il manœuvre avec succès et enseigne à Icare l’art de battre des ailes. Avant de s’élancer, le père recommande à son fils de ne pas voler trop près de l’eau pour ne pas sentir les effets de la pesanteur et se noyer, ni de voler trop près du soleil pour ne pas voir ses ailes fondre sous sa chaleur. Icare doit scrupuleusement suivre le chemin de son père.

Ils s’envolent et étonnent les travailleurs restés au sol qui les voient passer au-dessus de leurs têtes au point de croire qu’il s’agit de dieux. Transporté de fierté et de zèle, Icare s’élève de plus en plus dans le ciel et finit par trop s’approcher du soleil, qui sans pitié fait fondre ses ailes. Privé de son équipage, Icare tombe à pic et disparait dans les mers. Dédale, maudissant son ingéniosité, cherche son oisillon, le retrouve sans vie et l’ensevelit sur un rivage qui porte aujourd’hui son nom.

Le mythe est avant tout une fable qui met en garde l’homme face aux vicissitudes de la vie. En effet, l’homme ne peut impunément plier la nature à ses désirs, d’une part parce qu’elle reprend toujours ses droits, d’autre part parce que la technique doit rester un soutien et non une arme de grandeur. Vouloir imiter les dieux revient à aller à l’encontre de l’ordre naturel des choses et le mythe rappelle à l’homme, qu’en dépit de ses inventions, il reste un mortel et ne peut changer sa condition.

Dans un article publié par Libération en octobre 2017, le philosophe Guillaume Von der Weid aborde le « Transhumanisme » comme étant « à côté du bonheur ». En effet, augmenter son corps à tout prix est loin de définir l’homme dans son essence. Il est évident que les prouesses techniques ont permis à l’homme d’améliorer ses conditions d’existence en comblant ses désirs.

Aujourd’hui, le transhumanisme tend à aller plus loin en changeant l’homme en lui-même, si bien que tous les prodiges passés n’ont plus de valeur ni d’utilité. D’autant que l’homme a tendance à confondre les moyens et les fins. Le but primaire de l’homme est de trouver le bonheur, de s’épanouir, de s’accomplir pleinement.

Or le transhumanisme permet à l’homme de devenir un « surhomme », aux capacités physiques et mentales décuplées, mais ne fait pas de lui un être moralement irréprochable, au contraire il ne fait qu’augmenter ses potentialités mais aussi ses vices. En ce sens, l’homme ne peut trouver le bonheur, dans la mesure où il y a déséquilibre entre les aspirations profondes de l’homme et sa réalité sociale. G. Von der Weid cite les nazis et les superhéros à titre d’exemples. En effet, le projet des nazis était de servir une humanité épurée quitte à exterminer l’humanité elle-même ; le superhéros est au service de l’humanité et tente de la préserver, telle qu’elle est. Aussi pour le philosophe, il s’agit d’accepter son identité avec ses défaillances, comme condition du bonheur. L’homme devient alors sage, réfléchi et fait preuve d’humilité, car il a conscience de sa vulnérabilité.

Il est, donc, vain de vouloir changer la nature, d’autant que ce besoin vient d’une volonté de maîtriser le hasard, d’instituer un idéal utopique. Il est, en effet, intolérable pour la société de subir les caprices de la nature, alors elle s’échine à en enrayer les effets et ce faisant elle dénature l’homme, même si, par ailleurs, elle lui permet d’atteindre une forme de perfection, d’immortalité. Accepter sa condition de mortel est donc plus noble et méritoire que de vouloir contrôler les aléas naturels ; une attitude qui révèle les angoisses de l’homme et fait de lui un être encore plus vulnérable paradoxalement.

Olivier Hertel traite « de l’homme réparé à l’homme augmenté » dans Sciences et Avenir en décembre 2014 en expliquant le succès de la médecine régénératrice qui passe par la reprogrammation biologique, les impressions 3D d’organes et de tissus, les prothèses sensibles ou encore les implants cérébraux.

Il existe déjà des pôles d’investissement aux Etats-Unis menés par des scientifiques à tendance libérale et des pontes du numérique tels Mark Zuckerberg  (Facebook) et Larry Page (Google). L’association de ces individus au profil mercantile dans la course à l’immortalité augure une possible dérive quant à leurs réelles motivations humanistes.

Ce qui n’était que du domaine de la science-fiction prend peu à peu forme. C’est en tout cas ce qu’affirme Ray Kurzweil, mascotte américaine du transhumanisme, qui depuis 2012, développe des projets en partenariat avec Google. En effet, le développement de l’impression 3D a permis à de nombreux chercheurs de reconstituer des organes fonctionnels à partir de cellules souches et les prévisions établissent que d’ici 2040 ou 2050, l’homme pourra bénéficier de greffes entièrement créées artificiellement. En attendant, l’homme doit se contenter de prothèses, lesquelles ont aussi considérablement évolué, puisque ces engins mécaniques sont capables d’interagir avec le cerveau qui éprouve à nouveau des sensations.

Plus que s’attaquer au vieillissement ou à la maladie, il s’agit de créer un « surhomme » et à terme de se débarrasser de l’enveloppe charnelle en transférant le cerveau, l’esprit vers une machine. L’homme se mécanise et perd petit à petit tout ce qui lui est naturel. On revient aux principes philosophiques de dissociation de l’âme et du corps.

Les exosquelettes développés par Talos ont déjà pour vocation de protéger l’enveloppe charnelle de tout dommage irréversible. Mais l’heure est à la convergence des nanosciences, de la biologie, des sciences cognitives et des technologies de l’information pour créer l’être parfait, un être si parfait qu’il sera aisément contrôlable. En effet, Marvin Minski, chercheur au MIT, a hâte de pouvoir façonner un cerveau entier. Aussi, l’homme ne sera plus qu’artificiel et subordonné aux caprices d’une société mondialisée et ultralibérale.

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