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Les enjeux de la biotechnologie et du transhumanisme

Fiche : Les enjeux de la biotechnologie et du transhumanisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2018  •  Fiche  •  3 138 Mots (13 Pages)  •  1 056 Vues

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Le transhumanisme, tout d’abord appréhendé comme un sujet de science fiction ou un courant de pensée promulguant l’idée de l’augmentation de l’humain, devient un fait de notre temps. Plusieurs ambitions sont contingentes à cette notion, allant du fait de traiter les individus à l’aide des innovations technologiques et ainsi soigner les êtres humains, combattre la maladie et le vieillissement, au fait d’augmenter, améliorer l’espèce humaine. Il peut aussi bien s’agir d’augmenter ses capacités sensorielles, de remodeler le génome humain afin de reconfigurer l’espèce humaine, d’incorporer des technologies dans le corps humain grâce aux nanotechnologies que de pouvoir influencer nos capacités cognitives et émotionnelles. Ces nouvelles ambitions résultent du cheminement faramineux des NBIC qui établissent que l’homme serait de plus en plus en mesure de ne plus seulement être cible de l’évolution mais véritablement décideur de sa nature future. L’acronyme NBIC renvoie au développement et notamment à la synergie de quatre technologies : les nanotechnologies (la technologie à l’échelle nanométrique), les biotechnologies (qui étudient le fonctionnement cellulaire), les sciences de l’informations et les sciences cognitives (les sciences du cerveau, et plus particulièrement « les processus de perception et d’interaction ») (Manon Deboise, 2012). Les réactions face aux divers possibles qui s’annoncent sont multiples et vont de l’appréhension et de la confrontation (de la part des bioconservateurs notamment) à l’enthousiasme. Nous allons ici parcourir les travaux de plusieurs auteurs afin de mieux comprendre ce que sont les enjeux de la biotechnologie et du transhumanisme. Dans un premier temps, nous verrons de quelle manière Michel Sandel, professeur de philosophie politique à l’Université d’Harvard, entreprend de répondre par la négative à ce qui est pourtant dépeint comme le progrès sous-jacent de ces innovations. Nous agrémenterons cette partie avec certains risques qui nous paraissent plausibles dans un univers où l’espèce humaine se verrait subdivisée entre les êtres « augmentés » et ceux non modifiés. Nous appréhenderons par la suite le propos de Laurent Alexandre, ancien chirurgien-urologue et fin connaisseur des avancées dans le domaine des biotechnologies. C’est alors une toute autre approche qui est adoptée puisque, conscient du fait que la révolution technologique des NBIC a déjà lieu, il tâchera plutôt de sensibiliser les politiques et les individus à ce phénomène réel et de sous-tendre une feuille de route des questions auxquelles il nous faut impérativement répondre ainsi que des dynamiques qu’il nous faut désormais embrasser.

Dans The Case Against Perfection, Michel Sandel conduit une sorte de dialectique de la pensée et plus particulièrement des objections d’ordre éthique à l’endroit des avancées en biotechnologies afin d’aboutir aux raisons morales fondamentales se positionnant à l’encontre du transhumanisme. Son travail répond à l’enthousiasme des transhumanistes et notamment à John Harris, qui dans Enhancing Evolution. The Ethical Case for Making Better People affirme jusqu’au devoir moral d’améliorer l’espèce humaine comme projet à la fois philosophique et politique. Ce dernier est effectivement fervent d’une sélection délibérée, d’une évolution améliorée plutôt que celle naturelle (ou « darwinienne »). Afin d’étayer son propos, il propose une analogie avec une école (fictive) d’où ressortiraient des être mieux formés, « more intelligent, healthier, and more physically fit » ((John Harris, 2007), et que nous privilégierions forcément pour nos enfants afin de montrer l’absurdité qui subsiste à s’opposer aux NBIC pourtant prônent à améliorer les capacités mentales et physiques des individus. Michel Sandel n’adopte pas ce point de vue et s’efforcera de trouver les vraies raisons morales derrière la confrontation au transhumanisme. Une première distinction est faite dés le début de son écrit, celle entre le projet de réparer l’humain, de remédier aux maladies, et celui de développer les capacités de l’individu ; le souci se positionnant dans la seconde situation. La première difficulté que présente Sandel est celle des risques que peuvent représenter les innovations technologiques. A ce sujet, il donne l’exemple du clonage : la chèvre Dolly, née en 1997, est morte de manière prématurée. La rapide avancée des NBIC agrémente t-elle suffisamment la supervision nécessaire à l’évitement des maux dont elle peut être la cause? Une fois cette difficulté outrepassée, Sandel se demande quels peuvent être les arguments à retenir contre de pareilles avancées. Si le problème n’est plus d’ordre médical, en subsiste t-il d’ordre moral ? Son travail consiste alors en une suite d’argumentations et de contre-argumentations. Par exemple, et au sujet du choix génétique de ses progénitures, Sandel avancera un des arguments communs consistant en l’importance de l’autonomie des individus, ici des enfants : « by choosing a child's genetic makeup in advance, parents deny the child's right to an open future » (Michel Sandel, 2007). Orientant l’avenir de leurs enfants, ces derniers se retrouveraient moins libres. Seulement, l’auteur objecte alors deux éléments. Cela n’explique par le malaise ressenti face au développement des capacités via les biotechnologies implémentées à la demande même du sujet. De plus, cette pré-orientation a déjà lieu : nous sommes tous déjà prédéterminés et à la merci de la loterie génétique. A ce moment de l’argumentation est donc soulevé le caractère substantiellement injuste de la réalité « naturelle ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus équitable de modifier génétiquement les individus et de les doter d’égales et meilleures prédispositions ? Imaginons que la distribution des bienfaits technologiques soit réellement universelle, quel pourrait être l’argument en défaveur de telle entreprise ? Insérons ici néanmoins une peur sous-jacente à cette suggestion. Bien que les prix de ces technologies réduisent considérablement, il est peu vraisemblable d’imaginer que tous les individus qui composent la planète bénéficieront de manière égale de ces technologies. Il suffit pour suggérer cela de considérer l’incontestabilité de la fracture digitale au niveau planétaire, voir nationale, ou simplement de se rendre compte du nombre de personnes sur Terre qui ne disposent toujours pas d’électricité (Laurent Alexandre, conférence « IA, robots, transhumanisme.. que du bonheur » dans le cadre du forum « Une époque formidable » organisé par les Acteurs de l'Economie - La Tribune, 2017). Difficile alors de les imaginer

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