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Tacite Et Suétone

Commentaire de texte : Tacite Et Suétone. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  722 Mots (3 Pages)  •  650 Vues

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Tacite et Suétone se sont tous deux penchés sur le « cas » Néron et ont exploré les rapports singuliers entre mère et fils. Tacite constitue la source majeure à laquelle Racine fait référence dans ses préfaces. Les deux historiens soulignent dans ces deux extraits le fait que Néron est excédé par la tutelle que prétend exercer sur lui sa mère. Chez Tacite, elle n’hésite pas à user de nombreux stratagèmes pour garantir son influence et c’est par le biais d’une anecdote que l’historien nous fait saisir la lutte qui oppose mère et fils. Le cadeau fait par ce dernier à Agrippine (robe et pierreries) est particulièrement mal réceptionné par Agrippine ; ce qui peut, à première vue, nous étonner. Mais la colère d’Agrippine est révélatrice : en voulant la « parer », Néron la considère comme les autres femmes et non comme une mère à laquelle il doit son pouvoir. C’est lui accorder un élément (une parure) dans un ensemble dont Agrippine souligne « qu’il lui [devait] tout entier ». Cet épisode précède la décision d’Agrippine d’accorder son soutien à Britannicus. Quant à l’extrait de Suétone, il renvoie à un épisode postérieur, au moment où Néron tourne ses menaces vers sa propre mère. Il lui fait « craindre […] de l’accabler sous la haine publique » ; la prive « de tout honneur et de tout pouvoir » ; « la bannit enfin de se présence et du Palatium ». La volonté de puissance de Néron se heurte en permanence à la « puissance du pouvoir maternel » et c’est « le matricide » qui constituera Néron en « monstre » proprement dit. C’est là « l’acte transgressif sans commune mesure, puisqu’il touche à l’interdit capital » comme le souligne Paul-Laurent Assoun dans l’article qu’il consacre à Néron, dans un ouvrage collectif dédié à Britannicus, intitulé Figures du pouvoir (Éditions Ellipses, 1994). Tuer la mère, c’est trancher le lien qui le sépare de l’exercice plein et entier du pouvoir. La renier, la moquer, la priver des lieux du pouvoir ne suffit pas, comme le souligne Suétone : « terrifié par ses menaces et ses emportements, il résolut de la faire périr. » La formule souligne aussi et surtout combien Néron craint sa propre mère. S’il tente de lui tenir tête et de répondre à ses stratégies de multiples façons, elle constitue un danger permanent. Il lui faut « se tenir en garde contre les pièges d’une femme toujours implacable, et alors, en outre, dissimulée » (l. 6-7, texte de Tacite). Agrippine règne bien sur Néron qui ne parvient à répondre à sa domination que par la résolution du passage à l’acte, du matricide. C’est donc, pour les deux historiens antiques, montrer la puissance qui est celle de cette mère dominante, castratrice qui sait jouer de toute la gamme des attitudes pour parvenir à maintenir son emprise : « Agrippine change de système et emploie pour armes les caresses. […] ; naguère sévère à l’excès pour contenir son fils, maintenant, par un retour contraire, s’abaissant exagérément. » Néron ne peut être empereur qu’en mettant fin à l’empire que sa propre mère exerce sur lui, raison pour laquelle il tente de l’éloigner, de la rabaisser, de la moquer sans jamais parvenir pleinement à se libérer du joug maternel. Ce que nous disent les sources antiques, c’est bien la puissance maternelle. Et c’est ce que reprend parfaitement Racine dans ce premier extrait

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