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Simone de Beauvoir / Les Mémoires d’une jeune fille rangée

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Par   •  16 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  2 977 Mots (12 Pages)  •  1 060 Vues

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Les Mémoires d’une jeune fille rangée – Simone de Beauvoir

[Introduction]

        Au XXe siècle, Simone de Beauvoir est une figure emblématique, d’abord pour son engagement féministe, mais aussi pour son influence dans le monde littéraire. Simone de Beauvoir est agrégée de philosophie. Elle a écrit des essais, des romans, mais aussi une autobiographie, publiée sous le nom de Mémoires.                                                                                  Le premier tome, qui nous intéresse, Mémoires d’une jeune fille rangée est l’occasion de raconter son enfance, plutôt aisée, ses études et sa jeunesse, jusqu’à l’obtention de son agrégation, qui lui ouvre les portes de l’indépendances financières et matérielles et donc marque la fin de son enfance. Dans l’extrait, à l’étude, Simone de Beauvoir est petite fille et passe ses vacances d’été dans le domaine familial du château de Meyrignac, qui appartient à son grand-père paternel. C’est un lieu magnifique, où Simone de Beauvoir quitte Paris pour se retrouver en tête à tête avec la nature.                                                                                                                 Comment ce récit autobiographique permet-il la description d’une nature idyllique via le regard de l’auteur encore enfant ?                                                                                 Nous étudierons, tout d’abord, la description idéalisée d’une nature merveilleuse, puis la description d’une « petite fille modèle », et enfin, l’écriture comme moyen de faire revivre son enfance.

        [Annonce I] Simone de Beauvoir donne à lire une description idéalisée d’une nature merveilleuse, qui fait resurgir le récit d’un rituel de vacances [première sous-partie], encrée dans le temps présent, qui permet de percevoir l’insouciance de l’enfant [deuxième sous-partie], qui prend place dans un nature aux allures de paradis [troisième sous-partie].                                                                                [Première sous partie] Cette scène autobiographique est avant tout le récit d’un rituel de vacances. Simone de Beauvoir entretient un rapport quotidien à la nature, qui crée un rythme dans sa journée : d’abord, elle aime « surprendre le réveil des prairies, un livre à la main » (l.4), elle retrouve une nature, qui s’éveille doucement et qui est encore un peu hostile à la présence humaine, car la rosée est encore présente : « impossible de m’asseoir dans l’herbe embuée de gelée blanche » (l. 4-5). Elle va ensuite prendre le petit déjeuner avec sa famille et va faire ses « devoirs de vacances » (l.15-16). Cette expression rapportée, puisqu’entre guillemets et donc une expression de l’auteur. Elle présente ici un regard distancié sur son « moi » enfant, vu, presque 40 ans plus tard. Ce rituel dans la nature s’étend jusqu’au soir, puis « quand il faisait beau, j’allais après dîner faire un tour dans le parc » (l. 22-23). Ainsi, ce rituel forme une boucle dans la journée, qu’on peut mettre en parallèle avec la boucle de la nature : la petite Simone évolue dans sa journée, au fil des heures, comme la nature elle-même. L’auteur crée donc, par son écriture, une sorte de symbiose entre la petite fille et le monde naturel dans lequel elle évolue.                                                 [Deuxième sous-partie] Cette parfaite combinaison entre le monde de l’enfance et celui de la nature est compréhensible par l’insouciance dont fait preuve l’enfant, qui est mis en avant par un fort ancrage dans l’instant présent. Les temps utilisés, dans ce texte, nous indique une utilisation de l’imparfait de description de manière systématique et de nombreuses énumérations de ces verbes, « je quittais […] je poussais […] je marchais […] je lisais […] » (l. 2-7) pour signifier le regard émerveillé et compulsif de l’enfant, face à la nature. Mais c’est aussi l’occasion pour l’auteur de porter un regard d’adulte, qui prend du recul sur son enfance et analyse ces instants avec des remarques qui font prendre conscience du temps de l’écriture, différent du temps du souvenir : « le premier de mes bonheurs », « et moi, j’étais seule à porter la beauté du monde, et la gloire de Dieu, avec au creux de l’estomac un rêve de chocolat et de pain grillé », « je partageais avec cette journée […] un long passé secret » (sorte de présence omniscience de Beauvoir auteur), « chaque chose et moi-même nous avions notre place juste ici, maintenant, à jamais ». Ainsi, le temps présent est aussi celui de l’écriture.                         

        [Troisième sous-partie] Cette nature merveilleuse est aussi rendue à son paroxysme, grâce à toutes les références à Dieu, qui permettent une conception de cette nature comme un paradis sur terre. Dès la ligne 9, l’auteur stipule que les arbres « brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au premier matin du paradis ». Cette comparaison, instaurée par « aussi … que » est un moyen de faire imaginer le Jardin d’Eden au lecteur et de créer une image parfaite de ce lieu. On peut donc le voir comme une description hyperbolique, qui transpose le regard émerveillé et candide de l’enfant sur une nature, qui pour elle, pour l’instant, paraît être la plus belle chose qu’elle n’ait jamais vue. Cette référence divine est à nouveau présente, à la ligne 10, « et moi, j’étais seule à porter la beauté du monde, et la gloire de Dieu ». « La gloire de Dieu » est mise en valeur par un rythme binaire qui insiste sur l’idée que la petite Simone serait une enfant touchée même par la grasse divine, dans ce lieu merveilleux.

        [Transition I à II] Cette description d’une nature merveilleuse et idéalisée grâce à un rituel de vacances présentant l’innocence d’une enfant en phase avec une nature paradisiaque, fait écho à la description d’une « petite fille modèle ».

II. La description d’une « petite fille modèle » :

        En 1858, quand la Comtesse de Ségur publie son roman Les petites filles modèles, elle inscrit son roman pour la jeunesse dans une littérature de jeunesse dont le but est d’instruire les jeunes générations et de leur montrer le bon exemple. Ainsi, les sœurs Marguerite et Camille de Fleurville incarnent un idéal de comportement, dans lequel a été élevé Simone de Beauvoir, elle aussi d’une famille noble. Cela est perceptible, dans le texte à l’étude, par son accès à l’instruction. Aussi, l’auteure fait surgir subrepticement la famille de la petite Simone grâce aux sens et nous présente déjà l’indépendance d’une jeune fille, qui est une auteure en devenir.

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