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Quel est le sens de la réécriture du personnage de la princesse de Montpensier dans le film de Tavernier ?

Dissertation : Quel est le sens de la réécriture du personnage de la princesse de Montpensier dans le film de Tavernier ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Février 2020  •  Dissertation  •  2 053 Mots (9 Pages)  •  499 Vues

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• Quel est le sens de la réécriture du personnage de la princesse de Montpensier dans le film de Tavernier ?

Bien souvent, la création a été confrontée à la réécriture. De nombreux artistes apportent une nouvelle version d’un texte déjà écrit, comme l’entreprend le réalisateur Bertrand Tavernier à travers le livre de La princesse de Montpensier. Ainsi le film de Tavernier paru en 2010 et la nouvelle de Mme de Lafayette publiée en 1662 évoquent tous deux, un destin féminin, celui de Marie de Mézières. Seulement le personnage de la princesse est quelque peu changeant selon le réalisateur et l’écrivaine. Nous pourrions alors nous demander quelle signification prend la réécriture de ce personnage ? Quelles représentations la nouvelle et le film lui livrent-ils ? Pour répondre à ses questions, il est nécessaire de se préoccuper dans un premier temps, de la place qu’occupe la princesse en tant qu’objet de désir et de convoitise. Puis, il convient de s’intéresser au caractère marchand que prend cette dernière. Enfin, nous verrons en quoi il s’agit d’un personnage en quête d’émancipation.

I. La princesse comme objet de désir et de convoitise

A. la princesse une héroïne idéalisée ~ nouvelle

Aussi bien dans la nouvelle de Mme de Lafayette que dans le film de Tavernier, la princesse est perçue comme un objet de désir et de convoitise.

Dans le livre, elle est considérée comme tel car elle dispose de qualités exceptionnelles. Ainsi, Mme de Lafayette idéalise son personnage. Dans un premier temps, la princesse révèle des origines et un encrage social avantageux. Elle est « digne de la grandeur de sa naissance » et de « l’illustre maison d’Anjou dont elle était descendue ». De plus, comme il s’agit de « la fille unique du marquis de Mézières », Marie représente « une héritière très considérable » qui détient de « grands biens ». Cela fait alors, non seulement d’elle quelqu’un de riche, mais aussi quelqu’un issu d’un milieu social très respectable : la noblesse. Par ailleurs, on remarque que la princesse suscite aussi beaucoup d’intérêt par ses charmes. En effet, elle possède des qualités physiques qui ne cessent d’être évoquées au cours de la nouvelle : on la dit « d’une grande beauté » aux aspects parfois « surnaturels » et on la qualifie d’ « une des plus belles princesses du monde ». Ici, l’utilisation de termes au caractère hyperbolique met en avant l’envergure de ses attraits. On fait notamment référence à son « extrême jeunesse », évoquant une certaine fragilité ou innocence de la part de Marie. Un trait appréciable pour l’époque, car elle serait ainsi plus à même d’obéir qu’une autre. Enfin, elle est présenté notamment au début du livre, comme une personne vertueuse et morale, accomplissant ses devoirs. De cette façon, elle serait prédisposée à l’amour courtois, équivalant au Moyen-Âge à un comportement de politesse, respect et honnêteté envers son partenaire, dans le but d’atteindre le bonheur. La princesse est donc pourvue de toutes les qualités requises pour une personne de son rang, ce qui explique sa position de femme tant convoitée. En effet, son statut social et sa richesse constitue un moyen d’acquérir d’avantage de pouvoir pour autrui, sa beauté éveille le désir et les sentiments amoureux de multiples hommes et sa jeunesse suppose une certaine soumission de sa part ou des dispositions à obéir, notamment compte tenu de ses qualités vertueuses et morales. Mme de Lafayette idéalise donc largement son héroïne en la présentant ainsi.

B. la princesse est une proie traquée ~ film et (nouvelle)

En revanche, Tavernier livre une représentation plus dure du personnage de la princesse. En effet, tout au long du film, il associe son image à celle d’une proie que les autres personnages s’évertueraient à chasser. Dans une scène du film, un sanglier est tué au cours d’une chasse. La princesse est alors chargée de mutiler l’animal sous le regard d’un groupe d’individus. Dans cet extrait, elle est comme associé au sanglier : d’une part, car ce dernier est épié, comme elle, par les hommes de son entourage et d’autre part, car il connaît une fin tragique : la mort, pouvant ainsi symboliser la sienne. Un autre passage vers la fin du film, assimile la princesse à une proie. Après avoir été congédiée par son époux à Champigny, Marie retrouve Guise pour lui faire part de son amour toujours existant. Le comte dans une de ses répliques désigne la princesse : « Vous étiez au milieu de nous comme une biche au temps du brame ». Encore une fois, elle est assimilée à une bête épiée ou traquée par des prédateurs, qui seraient en l’occurrence représentés par le prince de Montpensier, le duc d’Anjou, le comte de Guise et le comte de Chabannes. Tavernier donne ainsi une métaphore filée de la princesse en une proie. On retrouve vaguement cette idée de métaphore dans la nouvelle de Mme de Lafayette avec le passage de la rivière. Lorsque la princesse déclare qu’ « un saumon qui avait donné dans un filet, l’avait fait entrer dans ce bateaux », il s’agit ici comme d’une métaphore entre le saumon et la jeune femme. Elle se ferait alors prendre les filets des deux hommes qu’elle viendrait de retrouver, autrement dit le comte de Guise et le duc d’Anjou.

II. La princesse comme objet de marchandise

A. Un système de valeur qui évolue

On remarque dans un second temps que la princesse prend une valeur marchande et qu’elle est accordé avec négociation au plus offrant.

Ce qu’on appelle femme au XVII ème siècle et ce qu’on nomme femme au XXI ème siècle n’est pas la même chose. En effet, le statut est très différent d’une époque à l’autre. Ainsi, le système de valeur évolue de la nouvelle au film. La femme du XVII ème comme dans le livre de Mme de Lafayette, est d’ordinaire moins instruite que les hommes. Son éducation se concentre avant tout sur ses devoirs en tant qu’épouse et elle ne possède pas d’enseignement plus poussé lui permettant de réellement développer son esprit. De plus, le mariage lui est imposé. Il s’agit avant tout d’une affaire de négociation, visant principalement le gain d’argent et de pouvoir entre les deux familles et non pas d’amour. On voit ici que la

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