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Michel Butor, La Modification 1957

Commentaire de texte : Michel Butor, La Modification 1957. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 096 Mots (5 Pages)  •  1 129 Vues

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Michel Butor, La Modification 1957

Vous vous introduisez par l’étroite ouverture en vous frottant contre ses bords, puis, votre valise couverte de granuleux cuir sombre couleur d’épaisse bouteille, votre valise assez petite d’homme habitué aux longs voyages, vous l’arrachez par sa poignée collante, avec vos doigts qui se sont échauffés, si peu lourde qu’elle soit, de l’avoir portée jusqu’ici, vous la soulevez et vous sentez vos muscles et vos tendons se dessiner non seulement dans vos phalanges, dans votre paume, votre poignet et votre bras, mais dans votre épaule aussi, dans toute la moitié du dos et dans vos vertèbres depuis votre cou jusqu’aux reins.

L’incipit désigne en latin le commencement d’un récit. Il s’agit ici d’une longue phrase extraite de la première page du roman La Modification de Michel Butor publié en 1957. L’auteur est un romancier français souvent apparenté à l’école du nouveau roman auquel appartient également Robbe-Grillet ou Nathalie Sarraute. Ce mouvement littéraire d’après-guerre se propose de briser l’illusion romanesque, considérant les notions de personnage ou d’intrigue comme périmées. Le passage décrit un personnage anonyme semblant peiner à entrer dans un compartiment de train.

Nous étudierons donc la question suivante au sujet de cet extrait :

Pourquoi cet incipit reste-il si surprenant ?

 Nous verrons tout d’abord que cet incipit est surprenant, puis nous nous intéresserons au personnage, et pour finir nous nous intéresserons à la nouvelle vision du roman que Michel Butor nous propose.

I)Un incipit surprenant

  1. Une situation d’énonciation originale

Cet incipit surprenant met en avant une situation d’énonciation faussée. Nous ne savons, ni qui, ni à qui le narrateur s’adresse.

On s’attendrait comme dans un roman ordinaire à une narration à la troisième ou à la première personne, cependant dans cet incipit nous nous heurtons dès la première phrase à la deuxième personne du pluriel (un vouvoiement) « Vous vous introduisez », « vous sentez ».

Ce « vous » nous interpelle immédiatement et nous met le doute sur son sens, serait-il une adresse de l’auteur ou du narrateur à son encontre ? Par ailleurs nous pouvons nous souvenir qu’il y a le même type de mise en scène dans l’incipit de Diderot, Jacques le fataliste.

Nous comprenons alors que ce « vous » représente le protagoniste auquel nous pourrions nous identifier, ce qui casse les frontières entre fiction et réalité.

  1. Des sensations physiques omniprésentes

Cet incipit « in médias res » de Butor nous fait pénétrer dans l’œuvre comme dans le corps du protagoniste en action.

Nous pourrions ressentir tous les sentiments que le protagoniste éprouve et pourtant nous ressentons ses sensations corporelles complètement décortiquées dans les moindres détails presque cliniques, par Michel Butor, qui pourraient être par ailleurs désagréables pour certains lecteurs

Nous avons alors un champ lexical du corps très important L 1 « le pied gauche » ; L2 : « votre épaule droite » ; L 8-9 : « avec vos doigts qui se sont échauffés » ; L 10 « vous sentez vos muscles et vos tendons se dessiner ».

Le lecteur maintenant présent dans le corps du protagoniste, Butor décide alors de mettre son 2nd paragraphe principalement au présent afin que faire ressentir physiquement l’entrée pénible dans le compartiment, « vous essayez en vain » L « une faiblesse inhabituelle » L. N’ayant pas l’âge exacte du protagoniste nous ne savons pas s’il est vraiment jeune ou vraiment âgé, ce qui permet une plus large identification pour le lecteur.

  1. Un incipit cinématographique

La présence de phrases parataxiques (juxtaposition de phrases ou de bout de phrases sans mot de liaison) des actions du protagoniste nous rappelle le procédé d’un film juxtaposé d’images les unes derrière les autres.

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