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Tradition et Nouveauté dans La Modification de Michel Butor

Mémoire : Tradition et Nouveauté dans La Modification de Michel Butor. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mars 2017  •  Mémoire  •  2 251 Mots (10 Pages)  •  822 Vues

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INTRODUCTION

Historiquement, notre travail se situe dans le cadre de la littérature du XXème siècle. Il concerne le genre romanesque reconnu sous le nom de « Nouveau roman » qui est une notion issue du contexte sociohistorique de l’époque.

En effet, à la fin du XIXème siècle, le positivisme triomphant prétendait connaître les lois de l’univers. La déception qui faisait suite à cette prétention fait que le XXème siècle soit une époque de questionnement angoissé sur le sens du monde. Un questionnement d’autant plus crucial qu’il est amplifié par un écroulement progressif des dogmes religieux et des idéologies totalisantes. La matière du monde se dérobe à la compréhension et surprend infiniment par son épaisseur qui n’a rien à voir avec la profondeur que l’esprit humain avait projetée sur lui. Le manque de signification globale s’affirme dans l’opacité d’un rapport où l’environnement de l’homme lui oppose le détachement et l’autonomie de son « être-là », pour reprendre ici l’expression de HEIDEGGER.

Partant de ce nouveau constat d’indifférence de l’environnement, les artistes opèrent une profonde mutation. En 1945, sur les décombres de la seconde guerre, une nouvelle génération s’attachait à faire le bilan. Les événements liés aux deux guerres mondiales se sont inscrits durablement dans la littérature occidentale et ont probablement influencé l’ensemble de la production contemporaine.

Les répercussions de la seconde guerre mondiale furent encore plus considérables : ses horreurs d’un genre nouveau se lit sous le signe de solution finale comme ce fut le cas de la bombe atomique. Elles prennent également une dimension universelle grâce à l’extension des réseaux d’information des médias. BUTOR, avance à ce propos qu’il s’agit d’une séparation bien plus profonde que la précédente guerre.

Cette inscription des soubresauts de l’Histoire et de la faillite politique dans les œuvres s’effectue selon diverses modalités, en fonction des vécus personnels des nouveaux romanciers dans la mesure où chacun d’eux ont vécu d’une manière ou d’une autre ces événements historiques qui dépassent largement la dimension individuelle.

Parmi eux, nous pouvons citer : Claude SIMON, Samuel BECKETT, Claude MAURIAC, Margueritte DURAS. Ainsi, pour rendre compte de la prégnance de l’histoire au sein de la littérature, nous pouvons évoquer Alain ROBBE-GRILLET qui déclare que :

« (…) c’est une véritable coupure que l’année 45 a présenté dans mon existence. Car mes rapports personnels avec l’ordre ont été profondément altérés à partir de la libération, et surtout après l’entrée des troupes alliées en Allemagne, accompagnées chaque jour de nombreuses révélations sur la mentalité des camps et sur toute la sombre horreur qui était la face cachée du national-socialisme ».

La fin de la guerre marque la défaite idéologique des écrivains collaborateurs de qui ont triomphé les auteurs de la Résistance. Sur le plan esthétique, le courant surréaliste a développé des valeurs qui vont d’abord conduire le genre romanesque. Signalons, pour mémoire, quelques noms remarquables de ce courant : Julien GRACQ, Michel LEIRIS, Raymond QUENEAU.

Alors, de nouvelles explorations romanesques se font jour. Ces nouvelles voies de recherche sont caractérisées le plus souvent par des idées d’absurde et d’inquiétantes étrangéités au monde. Anticipée par La Nausée (1938) de Jean-Paul SARTRE, cette période toute entière est dominée par l’existentialisme. Il n’est pas inutile de rappeler ici quelques noms marquants : Maurice MERLEAU-PONTY, Albert CAMUS, Simone de BEAUVOIR et Jean-Paul SARTRE.

Cependant cette empreinte de l’existentialisme n’a pas empêché d’autres auteurs de développer d’autres voies de recherche, notamment, la théorie qui consiste à dire que le romancier n’a rien à dire mais qu’il doit dire ce rien . Maurice BLANCHOT recherche ainsi le néant tandis que Georges BATAILLE mène sa quête d’une autre forme d’absolu.

À la même époque, la production littéraire européenne est en partie marquée par une sorte d’engouement généralisé pour la culture américaine. On découvre un nouveau mode, la littérature de jazz, le chewing-gum et les bas nylons. Les récits américains orientent le concept romanesque vers d’autres horizons. Dès 1947, SARTRE exploite ces données dans sa critique des écrivains et en identifient trois générations : « celle des rentiers illustrant leur classe sous une apparence de révoltés » (Marcel PROUST et André GIDE). Ensuite, celle de l’après première guerre mondiale, constituée de ces « pseudo révolutionnaires » surréalistes. Enfin, celle des auteurs qui, touchés par l’irruption de l’histoire comme menace immanente, découvre le Mal. SARTRE se réclame de cette dernière et ajoute : « Nous sommes des écrivains métaphysiciens » . Et que « les techniques romanesques passées ne sont pas capables d’assurer cette tâche » .

Après les vagues américaine et sartrienne, il faut attendre jusqu’aux années 1950 pour entrer en contact avec une notion neuve, celle de « nouveau roman » ; on regroupe sous cette expression des œuvres qui ont en commun, un refus des catégories considérées jusqu’alors comme constitutives du genre romanesque. Dénonçant (comme SARTRE) l’intériorité, ROBBE-GRILLET s’en prend à un psychologisme suspecté d’idéalisme, mais il n’attend rien non plus d’une métaphysique de l’extériorité ni d’une objectivité de type naturaliste. Il se réclame de la réalité pure et simple : « le monde n’est ni signifiant, ni absurde. Il est tout simplement. » . C’est à partir de 1953-1954 que le nouveau roman s’affirme brusquement avec les premiers romans de ROBBE-GRILLET et de Michel BUTOR, qui sont respectivement Les Gommes (1953) et Passage de Milan (1954), puis avec les livres de Claude SIMON etc.

Internationalement reconnu comme l’une des pages marquantes de l’histoire littéraire, le nouveau roman a ouvert une crise majeure dans la production contemporaine et exercé une influence déterminante sur les débats d’idée qui se sont faits jour depuis la seconde guerre mondiale autour du statut de l’écrivain, les relations entre la création et son objet, de la conception de l’homme et de ses habitudes esthétiques.

Le nouveau roman ne dispose cependant ni d’une revue, ni d’une manifeste, ni d’un chef de file intronisé. Il ne s’agit, en effet, ni d’un groupe ni d’une École littéraire, mais plutôt d’une mouvance hétérogène dont les éléments convergents partagent plus ou moins un certain nombre de partis pris conceptuels et techniques.

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