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Les Fleurs du Mal - Don Juan - Baudelaire

Commentaire de texte : Les Fleurs du Mal - Don Juan - Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 952 Mots (8 Pages)  •  3 373 Vues

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Don Juan aux enfers

 

Charles Baudelaire est un poète du XIXème siècle. L’œuvre de sa vie est le recueil Les Fleurs du mal publié en 1857 et dont est tiré Don Juan aux enfers. Ce recueil est composé de 6 sections : spleen et idéal, le vin, tableaux parisiens, fleurs du mal, la révolte, la mort. Don Juan aux enfers est le quinzième poème de Spleen et Idéal de Charles Baudelaire paru dans Les Fleurs du mal en1857. Peignant en cinq quatrains tour à tour Don Juan, Sganarelle, son valet, Don Luis, Elvire, son amante, et la statue de pierre de la pièce de Molière, Baudelaire poursuit le mythe littéraire de Don Juan en y incluant de nouveaux aspects, tels que sa descente aux Enfers profanes. L’atmosphère sinistre et glauque qui s’y dégage, caractérisée par l’harmonie imitative en « r » développée tout au long du récit qui évoque la douleur du châtiment, renvoie notamment à deux tableaux d’Eugène Delacroix qui ont pu inspirer Baudelaire, La Barque de Dante et Le Naufrage de Don Juan.  Dans un premier temps nous verrons la description de la vision infernale qui nous est offerte par Baudelaire puis que en utilisant le personnage de Don Juan, Baudelaire renouvelle le mythe. 

  1. Une vision infernale
  1. Les enfers grecs

La scène prend donc place dans les enfers grecs. L’atmosphère est effrayante. On peut relever des références mythologiques comme « Charon » qui est le passeur qui emmène les morts à leur jugement. De plus donner l’obole relève de la tradition grecque, il s’agissait de donner une pièce aux morts pour qu’ils puissent payer le passeur, sinon les âmes restaient sur le bord du fleuve pour l’éternité.  « montrant leurs seins pendants » « leurs robes ouvertes », certains mots denotent une atmosphère lubrique.

  1.  L’omniprésence du mal

Dans ce poème, le mal est omniprésent. On retrouve le champ lexical de l’obscurité. Les enfers est un endroit sombre où il ne fait pas bon de vivre, il reprend donc la tradition grecque dans laquelle l’enfer se trouve sous terre. Baudelaire veut présenter un portrait noir des enfers, il y a ici une volonté de dramatisation de la part du poète.

  1. Un goût pour l’horreur

La scène décrite est horrible. La mort est omniprésente et Baudelaire insiste sur la dystrophie des corps « se tordaient ».  La description faite par Baudelaire est une description en mouvement ce qui permet à Baudelaire de présenter plusieurs tableaux comme celui de Charon, des femmes, des rives et de Sganarelle. L’influence du gothique est très présente dans ce poème. Nous trouvons aussi une grande cruauté psychologique : les caractères autour de Don Juan sont poussés vers leur défaut le plus extrême. Baudelaire reprend les personnages de la pièce de la Molière. Elvire apparait comme la femme éconduite qui attend le retour de son amant. L’aspect comique du personnage de Sganarelle dans Molière devient ici sardonique. Don Luis est insulté par les railleries de son fils et apparait comme un seigneur outragé.

Une atmosphère infernale règne dans ce poème, nous allons maintenant voir que Baudelaire renouvelle le mythe.

  1. Le renouvellement du mythe
  1. Une continuation du Dom Juan de Molière

Ce poème est une continuation du myhe du Dom Juan de Molière. Baudelaire écrit donc ce poème après avoir lu la pièce de Molière. On retrouve les personnages de la pièce de Molière comme Elvire, Sganarelle et la statue de pierre.  Le poème poursuit la pièce de Molière qui s’achève sur le cri de Sganarelle réclamant ses gages, on retrouve d’ailleurs la reprise du mot gage qui clôt la pièce de Molière. Par la mention du mot deuil, le lecteur comprend que comme dans la pièce de Molière Dom Juan vient de mourir et qu’il va vers son jugement.

  1. L’inflexibilité de Don Juan

Face à tout cela, Don Juan reste impassible.  Le mais adversatif et les deux derniers vers opposent le calme de Don Juan à cette vision infernale. Baudelaire reste fidèle à l’esprit du personnage esquissé par Molière, très hautain, indifférent à ce qui l’entoure. Le poète caractérise Don Juan par des mots positifs comme « héros » alors que les actions de Don Juan étaient négatives.  On peut imaginer certaines ressemblances entre Don Juan et le poète comme les femmes, l’infidélité et leur difficile relation avec leur père.

  1. Vers l’heure du jugement

Dans cette scène, on comprend que le jugement de Don Juan approche. La réécriture de Baudelaire rapproche l’heure fatidique du jugement de Don Juan dans lequel il devra assuler les conséquences de ses actes, en effet Charon emmène ses passagers afin qu’il soit jugé devant Minos. Baudelaire fait apparaitre les principales victimes des actes de Don Juan. Elvire est la principale victime des actes de Don Juan mais elle est aussi coupable d’avoir eu une relation avec Don Juan avant son mariage, elle croyait que Don Juan l’avait aimé, le silence de celui-ci montre le contraire. Une autre victime est présente : il s’agit de Don Luis. Don Juan lui a manqué de respect selon le principe de piété filiale qui dit que l’on doit respect à ses parents car ils sont nos géniteurs et ils sont plus âgés. Don Luis pointe « un doigt tremblant » devant Don Juan, le doigt pointé est le symbole de l’accusation, on a donc une métaphore fillée du procès, la périphrase « son front blanc » désigne la vieillesse de Don Luis. Enfin, le grand homme de pierre est comme dans la pièce de Molière la figure du juge, son inflexibilité est marquée par son port très droit. Le fait que Don Juan soit courbé sur sa  rapière rappelle encore le combat qui opposa la statue du commandeur à Don Juan. Ainsi le poème de Baudelaire relate un instant d’attente, où les tensions extrêmes entre les personnages menacent d’éclater : l’heure du procès est proche mais elle est encore à venir dans l’écriture du mythe.

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