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Lecture analytique : Bérénice de Racine, acte IV scène 5

Fiche de lecture : Lecture analytique : Bérénice de Racine, acte IV scène 5. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2018  •  Fiche de lecture  •  1 129 Mots (5 Pages)  •  13 933 Vues

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Lecture analytique 1

Bérénice, Racine, acte IV scène 5

Marquée par l’apogée du pouvoir royal, la France connaît, au 17eme siècle, une puissance et un rayonnement dont l’influence se fait sentir partout en Europe. CE « siècle de louis XIV » voit le triomphe du classicisme, mouvement littéraire dont l’esthétique se fonde sur le souci de rationalité et d’équilibre permettant d’égaler les œuvres de l’Antiquité. Les mythes et histoires antiques ont constitué une véritable source d’inspiration pour les auteurs classiques du 17eme siècle. Ainsi, le dramaturge français Jean Racine reprend la célèbre histoire de l’empereur romain Titus dans sa tragédie Bérénice. Il y peint l’image idéalisée d’un Titus renonçant à l’amour pour obéir à la raison d’état. En effet, il doit succéder à son père Vespasien sur le trône mais les lois de Rome interdisent son union avec Bérénice qui est reine de Palestine. Titus doit donc éloigner Bérénice et la renvoyer dans son pays. Il le lui annonce dans le passage que nous étudions, dernière scène de l’acte IV, qui se situe à l’acmé de la pièce.

Une scène tragique.

  • Une situation tragique.
  • Le dilemme auquel est confronté Titus est sans issue : il doit choisir entre le devoir, c’est-à-dire suivre son destin et devenir empereur à la suite de son père, ou obéir à son cœur et choisir Bérénice. Un débat déchirant.
  • Titus choisit de gouverner. Dans sa tirade, il fait rimer à l’hémistiche « gloire » et « devoir » pour montrer que la seule voie possible est celle de la raison, et qu’il doit obéir à son devoir. Le personnage fait ainsi preuve de grandeur d’âme et il prend un décision, certes difficile, qui est à la hauteur de son statut sacré d’empereur. Le devoir est personnifié : « la raison éclaire », « la gloire [..] soutienne nos douleurs ».
  • Le champ lexical de la faiblesse («faiblesse », « échappe », « dévore »), les formes impersonnelles (« il ne faut point ici… », « il faut nous séparer… »), les nombreuses tournures passives ainsi que les négations («nous ne pouvons commander ») dans la tirade de Titus témoignent de son impuissance face à son destin. Il tente de  montrer à Bérénice que tout cela n’est pas de sa faute.
  • Les deux personnages font de nombreuses fois référence aux forces qui pèsent contre eux : tout le monde semble se liguer contre leur amour. Dans la tirade de Bérénice, l’hyperbole « tout l’empire a vingt fois conspiré contre nous » ainsi que la gradation « le peuple, le sénat, tout l’empire romain, tout l’empire romain », avec la position de rejet de « tout l’empire romain » qui le met en valeur, permettent d’insister sur cette idée et montrer leur impuissance.

  • Elle fait rimer à l’hémistiche « malheur » et « seigneur », pour montrer que sa tristesse est bien due à Titus et à son statut d’empereur. De même, Titus fait rimer à l’hémistiche « peine » et « reine », reprenant la même idée : c’est le fait que Bérénice soit reine qui empêche leur amour.

  • L’expression des sentiments d’un amour impossible.
  • On trouve sans peine le registre pathétique : le spectateur ressent de la pitié face à l’intensité du malheur qui frappe Titus et Bérénice. Il y a également une dimension lyrique dans cet extrait.
  • Le désespoir des personnages apparaît dans l’emploi du champ lexical de la tristesse (« malheureux », « attendrir », « pleurs »…) et du champ lexical de la douleur.
  • La position à la rime de « malheureux » et de « deux » permet de montrer que les deux personnages sont malheureux. De même, le parallélisme dans la construction de la phrase « les pleurs d’un empereur et les pleurs d’une reine » renforce cette idée.
  • Si le début de la tirade de Titus est structuré, avec des phrases courtes, pour montrer sa résolution à en finir, sa volonté s’effrite au fur et à mesure. Le verbe « échapper » traduit son manque de maîtrise. Les phrases longues et les multiples enjambements traduisent le débordement d’émotion.
  • Le cœur est personnifié chez les deux personnages : « ce cœur[..] m’a fait de mon devoir reconnaître la voix » et « ce cœur voudrait ».
  • Il n’y a pas d’harmonie dans les vers, notamment chez Bérénice, avec des coupes très inégales et irrégulières ( on peut prendre pour exemple son premier vers avec des coupes 1/2/9). Cette versification brisée traduit le tourment du personnage.
  • L’allitération en [m] mime un gémissement et montre la douleur du personnage.

Un affrontement passionnel.

  • Un conflit entre Bérénice et Titus.

  • Titus choisit la réserve. Il prend des précautions oratoires pour atténuer la violence de ses propos. Tout ce discours permet d’introduire sa véritable intention qui tient en une phrase : « car enfin, Madame, il faut nous séparer ».  La coupe ternaire au vers 1 et au vers 17, assez originale pour l’époque, permet de s’attarder sur « Madame » et « Princesse » pour adoucir ses propos.

  • Bérénice, au contraire, est indignée et violente dans ses propos. Elle utilise la coupe ternaire également, au vers 27 pour insister sur « cruel ». L’allitération en [r] dans sa tirade montre sa colère. C’est elle qui a le plus de temps de parole avec une tirade bien plus longue que celle de Titus.
  • Les nombreuses antithèses ainsi que l’opposition constante entre le « je » et un « vous » montrent l’affrontement, le conflit.
  • Le rythme est souvent binaire, et marque l’affrontement, l’opposition.
  • Une argumentation très bien soutenue des deux côtés.
  • Bérénice est furieuse contre Titus et cherche à lui montrer l’atrocité de ce qu’il lui fait subir : pour cela, elle utilise une argumentation très efficace. Avec des arguments ad hominem, elle lui oppose ses propres actes avec des questions rhétoriques (« ignoriez-vous vos lois ? », « que ne me quittiez-vous ? ») pour discréditer Titus et révéler la cruauté de son choix. Elle utilise également une ponctuation forte, avec beaucoup de phrases interrogatives (pour la plupart des questions rhétoriques) et des interjections (« ah ! »), des exclamations (« cruel ! », « hélas ! »). Elle cherche à faire réagir Titus et à garder le contact.
  • Titus tente de faire appel à la raison pour convaincre Bérénice qu’il s’agit de la meilleure solution. Beaucoup de phrases injonctives avec des verbes à l’impératif (« n’accablez point », « fortifiez mon cœur », « rappelez bien ») : Titus tente de convaincre Bérénice. Il instaure une certaine distance entre eux et utilise, au début de sa tirade, des phrases fermes (« il en est temps », « il ne faut point ici nous attendrir tous deux ») qui montrent sa résolution et qui sont en accord avec son statut d’empereur.

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