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Étude de la tragédie Bérénice de Racine: Acte IV scène 4 - Monologue De Titus

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Par   •  23 Octobre 2014  •  7 079 Mots (29 Pages)  •  2 922 Vues

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BERENICE de Racine, 1670 - Acte IV sc. 4 - Monologue de Titus.

1) Analyse linéaire :

D’habitude, la parole théâtrale est dialoguée. Le monologue est le moment où le langage théâtral rencontre l’artifice : la règle de la vraisemblance n’est plus respectée.

Car dans la vie courante le soliloque est signe de folie, dérèglement mental. C’est un langage dépourvu de véritable perspective de communication.

Au théâtre, il renvoie à la double destination : c’est un moyen d’action sur le spectateur.

On compte 2 types de communication qui régissent la parole théâtrale :

1. intra-fictionnel : entre les personnages.

2. extra-fictionnel : scène-salle. -> « monologue intérieur extériorisé » ( formule de Pierre Larthomas) : faire connaître les pensées, les intentions et les sentiments d’un personnage. Il a pour fonction d’expliciter l’intériorité du personnage.

Le monologue de Titus, comme les stances de Rodrigue dans le Cid, est le lieu d’un conflit intérieur qui aboutit à une prise de décision. ( cf le dilemme)

Pour Racine, il s’agit de rendre le dilemme le plus éloquent possible et le plus efficace pour l’action, en ancrant le discours dans l’enchaînement de l’intrigue ( nécessité d’un pause méditative , de concentration, avant d’affronter une seconde fois Bérénice, en effaçant l’échec de la première fois, sous peine d’une ridiculisation impossible pour le protagoniste) et en lui donnant une dimension dramatique d’où son caractère finalement dialogique : Titus se dédouble, s’apostrophe, s’injurie, se questionne ou imagine la scène avec Bérénice. -> donc polyphonie du monologue.

Forte expressivité stylistique, lyrisme pathétique en même temps que caractère délibératif.

Possibilité d’une explication linéaire compte tenu de la structure du passage .

Dédoublement du personnage : cham lexical du combat, de la guerre et l’amour, alanguissement à l’évocation des larmes et charmes de Bérénice perceptible dans les sonorités plus longues.

Abondance de ponts d’interrogation, variation des intonations : il accumule une série d’interrogations partielles ou totales, d’inégales longueurs, coupées par des déclaratives de longueur parfois réduite ou fortement segmentées, qui renforcent les sensations pathétiques de déchirement : état psychologique du pers. Confronté à un choix déterminant son existence, conflit intérieur qui tourmente Titus. CF. Paulin : « O ciel ! Que je crains ce combat ! »

Le monologue est le lieu où Titus oppose les deux versants possibles avant de se résoudre à préférer le devoir à l’amour. Cohésion dramatique de la pièce car ce monologue précipite le dénouement.

Les marques de personne organisent le discours par paliers successifs où les interrogatives rythment et segmentent le monologue : possibilité de jouer cette sc. à 2 voix.

C’est un double de Titus qui l’interpelle avec dureté au début de la scène, véritable ombre qui se dresse sur son chemin. La voix (voie) de la raison s’oppose à celle de la passion. Le dialogue simulé exprimerait le désir inconscient chez le pers. d’échapper à la solitude au moment de prendre une décision importante. Les allitérations en [t] des 4 premiers vers martèlent de manière lancinante l’apostrophe du double de Titus : le rythme de ce vers appelle par ailleurs un commentaire 2-2-4-6,6-6,612, le vers 3 offrant une symétrie des 2 hémistiches assurée par le [t] initial, dentale explosive, doublement présente dans le nom de Titus même. ( \ avec la 5ème Symphonie de Beethoven, dite symphonie du Destin)

Instant fatidique dans le déroulement de la tragédie : « tristesse majestueuse ». CF « une éthique du désespoir dénudant un homme solitaire » JM Thomasseau.

Rien n’est gratuit : champ clos d’un « agon » qui délie les contradictions et forge le destin du pers. Réseau lexical du combat dans lequel s’inscrit celui du précipice donc de la chute, renforcé par des antithèses qui signalent le duel intérieur, parallélisme de constructions : « constant barbare, avancer reculer, tout rien, crier se taire, son choix le mien… »

Analyses fondées sur une approche psychanalytique :

Titus est le perso où la morale (qui s’exprime au travers du tutoiement) affronte victorieusement l’instinct : l’interrogation formulée par les 24 syllabes mélodieuses, sans coupe, par lesquelles Titus réplique à l’Agression verbale de son double (« Soutiendrai-je…coeur ? ») reflètent bien les affres de l’homme prisonnier de l’image, c’est-à-dire d’une illusion amoureuse qui capte toute son énergie. L’amour est une force émolliente (qui adoucit, rend « mou »), peu virile pour les Anciens. Les « charmes » évoqués traduisent bien l’ensorcellement dont est victime l’empereur. Les « yeux» selon le topos (lieu commun) amoureux, instrumentent ce charme. Les effets de répétition centrés sur le thème du regard et des larmes apportent une coloration élégiaque (plainte). Certes dans ces circonstances, le « triste devoir » ne fait guère le poids dans la balance : l’utilisation typographique de l’italique met à distance la phrase dictée par la vertu » Je ne veux plus vous voir ? », ce qui souligne la difficulté pour Titus de se concevoir en action proférant ces mots. La distanciation permet de projeter dans un autre espace-temps ce discours, qui dérive vers la véhémence angoissée.

Soit Titus s’exprime rationnellement, cherchant à se rassurer, démasquant dans son dédoublement un pur artefact mental : « Et pourquoi le percer ? » Qui l’ordonne ? Moi-même ( 6-4-2-)

Soit Titus sous l’effet de la douleur morale bascule dans une sorte de déséquilibre passager ( scène de l’émeute, du renversement du pouvoir) qu’il extériorise énergiquement : »l’entendons-nous crier autour de ce palais ? » ( sens de ce nous : majesté des 2 Titus, recherche d’une cohésion avec le public pour rompre la solitude cruelle, couple avec Bérénice ?)

Intérêt de l’observation des temps verbaux : glissement du présent au futur, pour ensuite hésiter entre ces 2 moments -le futur laisse place ensuite à l’impératif ou au subjonctif injonctif ( Que Rome…) alternant avec des passés pour s ‘achever par l’impératif répété : ces alternances temporelles rythment le discours et marquent les fluctuations d’une conscience troublée…

Lyrisme : lié à

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