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Le personnage de roman doit-il nécessairement affronter des forces qui le dépassent ?

Dissertation : Le personnage de roman doit-il nécessairement affronter des forces qui le dépassent ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 811 Mots (8 Pages)  •  4 091 Vues

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“Souvent, elle a l'impression qu'une fatalité étrange lui colle à la peau, comme si son passé et son avenir étaient déjà consignés quelques part dans un grand livre du destin.” Tout comme Evie dans Parce que je t’aime, de Guillaume Musso, le personnage de roman semble confronté à des acteurs extérieurs contre lesquels il lutte en vain. La Princesse de Clèves, publié en 1678, met en scène un personnage face des forces qui le dépasse, et qui d’une façon le condamne.

Mais le personnages de roman doit-il nécessairement affronter des forces qui le dépassent ? Le personnage de roman est d’abord contraint par la société dans laquelle il évolue. Il est aussi asservi par son éducation, et par la morale. Mais c’est généralement contre sa conscience que le personnage doit lutter, contre un conflit intérieur qui le tiraille.

I - Le rôle de la société

La société constitue l’environnement dans lequel évolue le personnage du roman, et ce cadre a un rôle déterminant sur ce dernier. Le personnage de roman est souvent contraint par son milieu social. Effectivement, dans La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette met en scène la cours, avant même son héroïne. A la cour, l'hypocrisie règne en maître : c’est un milieu raffiné mais corrompu qui pousse à la manipulation. “La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les premières années du règne de Henri second. [...] Jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits.” Il y a dans cette première partie une profonde satire de la cour, où les enjeux de pouvoir sont mêlés à des histoires d’amour et de haine : déjà les passions se révèlent dangereuses, voire destructrices. Cette mise en scène permet la mise en valeur du duc de Nemours mais surtout de Mlle de Clèves, lors notamment de son arrivée à la cour : “Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes.”

Il est difficile, pour le personnage de roman, de vivre éloigné du regard de la société. Dans La Princesse de Clèves, la scène de l’aveu se transforme en sujet de commérage pour la cour. En effet, le prince de Clèves souffre lorsque sa femme lui avoue qu’elle en aime un autre, mais son humiliation atteint sont point culminant lorsque cet aveu devient public, devenant ainsi l’objet de conversation. La dauphine en vient finalement à restituer à la princesse de Clèves sa propre aventure, ce qui cause à cette dernière « une douleur qu'il est difficile d'imaginer ». La cour est donc un espace dans lequel l'intime est constamment menacé, où le personnage ne peut évoluer sans y être jugé.

Dans L’étranger de Camus, Meursault n’est que sensibilité, contact avec la nature, mais il est obligé de vivre parmi les hommes. Et il ne parvient pas à « jouer le jeu » social. Ce que la société attend de lui, il ne sait pas le lui donner. Tout comme certains sont grands, petits, bruns ou blonds, Meursault est insensible, un handicapé du sentiment. Du coup, sans le vouloir, il choque. Il choque parce qu'il ne manifeste pas ce qu'il devrait ressentir dans telle ou telle circonstance, parce qu'il ne dit pas ce qu'il faudrait dire, parce que son attitude ne correspond pas aux critères sociaux communément admis. Mais de tout cela, il ne se rend pas compte. Il reste donc en marge de la société par son comportement qui ne répond pas aux attentes sociales. Il aurait dû pleurer à l’enterrement de sa mère, ne pas fumer, demander à voir le corps, mais il a fait ce qu’il ressentait l’envie ou la possibilité de faire. C’est cela qui lui sera reproché, et le conduira à la mort.

II - Éducation et morale

L’éducation et la morale sont aussi deux facteurs importants qui contraignent le personnage de roman. On ressent dans La Princesse de Clèves l’influence de la préciosité, et du jansénisme. Les Pensées de Pascal ont beaucoup influencé Mme de La Fayette. Pascal a été élevé chez les Jansénistes à Port-Royal qui soutiennent la théologie augustinienne de Cornélius Jansen. Pour eux, seule la grâce divine sauve certains individus exceptionnels des passions, du mensonge, du péché. Dans les Pensées de Pascal, on retrouve cette conception du monde très sombre accompagné d'une morale sévère. Mme de La Fayette décrit longuement l’éducation que Mme de Chartres a donné à sa fille : “Madame de Chartres [...] faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, [...] et d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme.” La princesse de Clèves intériorise les préceptes de sa mère. Elle place deux vertus au-dessus de toutes les autres : d’un côté, la sincérité, garante de sa mission ; de l’autre, le fait de pouvoir dominer ses émotions. Se prévalent de ces principes elle prétend sublimer les travers qui la guettent.

La société, joue par ailleurs un rôle important parce qu'elle impose une morale à l'individu. La mère de la princesse de Clèves fait

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