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Le Voyage au bout de la nuit

Commentaire d'oeuvre : Le Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 809 Mots (12 Pages)  •  480 Vues

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Céline, le Voyage au bout de la nuit

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Céline est sûrement l'auteur français le plus controversé qui ait jamais existé. Soldat français de la première guerre mondiale, témoin de la vie coloniale congolaise, immigré au pays où tout est possible, les États-Unis, puis misérable médecin de l'après-guerre dans la banlieue pauvre et déserte de Rancy, il a vécu mille vies, allant d'illusions en illusions, des contrées sauvages et rurales des terres africaines aux paysages urbains de Manhattan, son parcours de 1914 à 1930 ne saurait admettre quelconque définition tant il choque. Cependant c'est un homme déchiré par le mal, foudroyé par un antisémitisme délirant, que la découverte du monde a rendu différent, instable, même parfois mauvais. Alors découvrons un homme qui, à travers une vie mouvementée, a entrevu « l'enfer sur terre » et entrepris de l'immortaliser avec sa plume si particulière, au fil des pages du Voyage au Bout de la Nuit.

Louis Ferdinand Auguste Destouches, Céline, est né le 27 mai 1894 à Courbevoie. C'est un des auteurs français les plus lus et traduits dans le monde entier. Céline est issu d'une famille de petits commerçants et d'artisans. Ses parents s'installent dans le quartier de l'Opéra, à Paris, que Céline décrira comme « sa cloche à gaz », en raison de l'éclairage de la galerie par des becs à gaz. Sa formation est sommaire, malgré quelques séjours linguistiques. Adolescent, il occupe quelques petits emplois, avant de s'engager en 1912 dans l'armée française à l'âge de 18 ans, par devancement d'appel. Ses blessures au combat et les opérations spécifiques de son régiment lui valent la Croix de guerre et la Médaille militaire. Mais la guerre le marque et il développe son penchant pacifiste et pessimiste.

Après la guerre, Céline épouse Édith Follet (ils ont une fille ensemble), puis il passe le baccalauréat en 1919 et fait des études de médecine jusqu'en 1924. En tant que médecin, il voyage à plusieurs reprises en Afrique et en Amérique, et mène aussi une lutte contre la tuberculose. En 1926, Céline rencontre la danseuse américaine Elizabeth Craig, l'amour de sa vie, à qui il dédiera Voyage au bout de la nuit(1932).

Mais leur histoire tourne court et après être parti à sa recherche, Céline découvre qu'elle est avec un autre homme,juif, ce qui explique peut-être son antisémitisme. Son Voyage au bout de la nuit, qui paraît en 1932, lui vaut le prix Renaudot. Sa notoriété est fulgurante.

Le Voyage, (souvent désigné de cette façon), livre dont nous proposons aujourd'hui la mise en lumière, est une « formidable » source historique, témoin de son temps.

Malgré tout, c'est un personnage que la guerre, les atrocités du colonialisme a rendu inquiétant, abîmé, comme en témoigne des interviews qu'il donna, plus vieux, où l'on voit un être étrange, à la parole saccadée, faisant presque peur. Le mythe Céline prend alors une ampleur colossale, avec tous les clivages qu'il entraîne. En effet,(nous le verrons après), une haine, pas seulement antisémite mais de manière générale raciale, s'ancre en lui et il écrit des pamphlets violents dont la censure actuelle a été sujette à de nombreuses polémiques. De là se développera chez lui un pro-nazisme et un collaborationnisme actif ; de surcroît il soutiendra publiquement la collaboration à travers différentes publications dans des journaux

d'extrêmes droites à l'instar de celui de La France enchaînée.

Il décède en 1961 d'une rupture d'anévrisme.

Alors quel est le reflet du début du 20 ème siècle que le chef d'oeuvre de « l'enfant sage et affectionné du Passage Choiseul », comme le qualifiait l'écrivain qui a le plus travaillé sur lui,Henri Godard, nous donne-t-il ? Nous verrons dans un premier temps une représentation atroce de la première guerre mondiale, avant d'étudier le colonialisme et l'industrialisation/mode de vie américaine, pour enfin essayer de nuancer le point de vue de Céline en s'intéressant à lui personnellement.

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Céline, à travers le Voyage au bout de la nuit, dénonce la guerre dans tous ses états. Ses propos sont d'autant plus crédible que Céline a été soldat au front durant 14-18, prisonnier des effrayantes tranchées sombres, a vécu l'horreur guerrière et ce qu'il en raconte nous amène a disserter dans un premier temps du caractère total que revêtit la première guerre mondiale. Refuse la guerre a fin partie

C'est une guerre sanglante que se livrent allemands et français, où la chair des hommes devient presque une banalité sur les terrains de combat. Ce sont des cerveaux remplis de « confiture mijotante » que décrit Céline, des corps « découpés », « volants », qu'il a vu de ses yeux : il a vécu « l'enfer sur Terre ». Les conditions de vies sont épouvantable, l'auteur parle de « miasmes délétères », de boue, de chevaux broyés par les balles, de champs d'obus où la vie ne tient plus qu'au hasard, aux bruits assourdissants des tranchées l'empêchant d'esquisser le moindre sommeil. Ainsi, il vécut l'horreur pendant le peu de temps qu'il fût engagé dans la guerre. C'est une véritable déshumanisation des hommes, et les descriptions crues et dénuées de tout voile permettent au lecteur de ressentir ce qu'il endure, d'être avec lui sur le champs de bataille, comme si l'on prenait sa place : le Voyage au bout de la nuit représente alors une véritable expérience d'apprentissage, où, s'il en sort horrifié, il en sort en avec un recul différent sur des sujets fondamentaux. Cela peut nous rappeler le célèbre roman d'Erich maria Remarque, A l'ouest rien de nouveau, aussi réaliste que le Voyage.

La violence marque les esprits et illustre le choc subi par Céline, alias Louis-Ferdinand ou Ferdinand Bardamu qu'il est appelé le long du livre, qui, innocent et discutant du patriotisme avec son ami Arthur Ganache au tout début du bouquin, part la fleur au fusil avec un régiment au travers les rues de Paris, se fait applaudir par les mégères criant la gloire nationale accoudées à leur fenêtre, pour après se faire enrôler, prisonnier au cœur du cercle vicieux guerrier. On comprend que

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