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La princesse de Clèves, Madame de la Fayette

Dissertation : La princesse de Clèves, Madame de la Fayette. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2021  •  Dissertation  •  2 251 Mots (10 Pages)  •  942 Vues

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1G1 : DEVOIR N° 6

Groupe 1 pour le 26 avril – Groupe 2 pour le 29 mars 2021

DISSERTATION LITTÉRAIRE

Sujet : « Le roman d’analyse psychologique obéit à une vraisemblance historique intéressante pour la construction et l’écriture du roman mais qui ruine toute possibilité d’universel », affirme un contemporain de Madame de La Fayette. Discutez ce propos en vous appuyant sur l’œuvre étudiée en classe, La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette, mais aussi sur votre culture générale et les passages lus en classe.

  • Organisation du propos :                                           / 4 pts (plan annoncé et perceptible dans la copie, organisation des paragraphes, des sous-parties, enchaînement de la pensée)
  • Compréhension du sujet et de sa problématique :                 / 4 points (précision et pertinence des idées développées, des arguments, richesse de la réflexion)   
  • Références littéraires et culturelles :                         / 4 points (exploitation précise et variée de l’œuvre au programme, des textes du parcours, œuvres lues pendant l'année, lectures personnelles)  
  • Lisibilité, correction de l'expression et orthographe :         / 4 points

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Cette fois-ci, la dissertation n’est pas strictement sur La Princesse de Clèves. Vous devez enrichir votre réflexion en vous appuyant sur d’autres œuvres que vous avez lues et qui s’inscrivent dans votre culture générale. Vous pouvez faire référence à celles que vous avez étudiées en classe, lues par vous-même mais aussi consulter votre manuel de français ou vous appuyer sur le corpus que je vous propose ci-dessous.

Extrait n° 1 : Benjamin Constant, Adolphe, chapitre II, 1816

Le jeune Adolple, orgueilleux et ennuyé, se persuade qu’il est amoureux d’une femme plus âgée que lui, mère de deux enfants, et qui est déjà engagé dans une liaison. Le roman est un récit rétrospectif où la distance temporelle sert l’analyse lucide des passions.

Je pensais faire, en observateur froid et impartial, le tour de son caractère et de son esprit ; mais chaque mot qu’elle disait me semblait revêtu d’une grâce inexplicable. Le dessein de lui plaire, mettant dans ma vie un nouvel intérêt, animait mon existence d’une manière inusitée. J’attribuais à son charme cet effet presque magique : j’en aurais joui plus complètement encore sans l’engagement que j’avais pris envers mon amour-propre. Cet amour-propre était en tiers entre Ellénore et moi. Je me croyais comme obligé de marcher au plus vite vers le but que je m’étais proposé : je ne me livrais donc pas sans réserve à mes impressions. Il me tardait d’avoir parlé, car il me semblait que je n’avais qu’à parler pour réussir. Je ne croyais point aimer Ellénore ; mais déjà je n’aurais pu me résigner à ne pas lui plaire. Elle m’occupait sans cesse : je formais mille projets ; j’inventais mille moyens de conquête, avec cette fatuité sans expérience qui se croit sûre du succès parce qu’elle n’a rien essayé.

Cependant une invincible timidité m’arrêtait : tous mes discours expiraient sur mes lèvres, ou se terminaient tout autrement que je ne l’avais projeté. Je me débattais intérieurement : j’étais indigné contre moi-même.

Je cherchai enfin un raisonnement qui pût me tirer de cette lutte avec honneur à mes propres yeux. Je me dis qu’il ne fallait rien précipiter, qu’Ellénore était trop peu préparée à l’aveu que je méditais, et qu’il valait mieux attendre encore. Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est pour ainsi dire, spectatrice de l’autre.

Extrait n° 2 : Madame de la Fayette, La Princesse de Montpensier, 1662

Madame de Montpensier, mariée, est amoureuse du duc de Guise. Passionnée, elle accepte que ce dernier lui rende visite en pleine nuit. Pour que son époux, le prince de Montpensier, ne surprenne pas me duc dans la chambre de sa femme, Chabannes, qui avait pourtant toute la confiance du prince, prend sa place. Le prince, accablé de douleur, se retire et refuse de revoir Chabannes et la princesse.

Le prince feignit d’être malade, afin qu’on ne s’étonnât pas de ce qu’il n’entrait pas dans la chambre de sa femme. L’ordre qu’il reçut de s’en retourner à la cour, où l’on rappelait tous les princes catholiques pour exterminer les huguenots, le tira de l’embarras où il était. Il s’en alla à Paris, ne sachant ce qu’il avait à espérer ou à craindre du mal de la princesse sa femme. Il n’y fut pas sitôt arrivé, qu’on commença d’attaquer les huguenots en la personne d’un de leurs chefs, l’amiral de Châtillon ; et, deux jours après, l’on fit cet horrible massacre si renommé par toute l’Europe. Le pauvre comte de Chabanes, qui s’était venu cacher dans l’extrémité de l’un des faubourgs de Paris, pour s’abandonner entièrement à sa douleur, fut enveloppé dans la ruine des huguenots. Les personnes chez qui il s’était retiré l’ayant reconnu, et s’étant souvenues qu’on l’avait soupçonné d’être de ce parti, le massacrèrent cette même nuit qui fut si funeste à tant de gens. Le matin, le prince de Montpensier, allant donner quelques ordres hors la ville, passa dans la rue où était le corps de Chabanes. Il fut d’abord saisi d’étonnement à ce pitoyable spectacle ; ensuite, son amitié se réveillant, elle lui donna de la douleur ; mais le souvenir de l’offense qu’il croyait avoir reçue du comte lui donna enfin de la joie, et il fut bien aise de se voir vengé par les mains de la fortune. Le duc de Guise, occupé du désir de venger la mort de son père, et, peu après, rempli de la joie de l’avoir vengée, laissa peu à peu éloigner de son âme le soin d’apprendre des nouvelles de la princesse de Montpensier ; et, trouvant la marquise de Noirmoutier, personne de beaucoup d’esprit et de beauté, et qui donnait plus d’espérance que cette princesse, il s’y attacha entièrement et l’aima avec une passion démesurée, et qui dura jusqu’à sa mort. Cependant, après que le mal de madame de Montpensier fut venu au dernier point, il commença à diminuer : la raison lui revint ; et, se trouvant un peu soulagée par l’absence du prince son mari, elle donna quelque espérance de sa vie. Sa santé revenait pourtant avec grand’peine, par le mauvais état de son esprit ; et son esprit fut travaillé de nouveau, quand elle se souvint qu’elle n’avait eu aucune nouvelle du duc de Guise pendant toute sa maladie. Elle s’enquit de ses femmes si elles n’avaient vu personne, si elles n’avaient point de lettres ; et, ne trouvant rien de ce qu’elle eût souhaité, elle se trouva la plus malheureuse du monde, d’avoir tout hasardé pour un homme qui l’abandonnait. Ce lui fut encore un nouvel accablement d’apprendre la mort du comte de Chabanes, qu’elle sut bientôt par les soins du prince son mari. L’ingratitude du duc de Guise lui fit sentir plus vivement la perte d’un homme dont elle connaissait si bien la fidélité. Tant de déplaisirs si pressants la remirent bientôt dans un état aussi dangereux que celui dont elle était sortie : et, comme madame de Noirmoutier était une personne qui prenait autant de soin de faire éclater ses galanteries que les autres en prennent de les cacher, celles du duc de Guise et d’elle étaient si publiques, que, toute éloignée et toute malade qu’était la princesse de Montpensier, elle les apprit de tant de côtés, qu’elle n’en put douter. Ce fut le coup mortel pour sa vie : elle ne put résister à la douleur d’avoir perdu l’estime de son mari, le cœur de son amant, et le plus parfait ami qui fut jamais. Elle mourut en peu de jours, dans la fleur de son âge, une des plus belles princesses du monde, et qui aurait été sans doute la plus heureuse, si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions.

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