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La ballade du duel cyrano

Commentaire de texte : La ballade du duel cyrano. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 497 Mots (10 Pages)  •  6 339 Vues

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 Séance 5. Etude du texte n°3 : Cyrano de Bergerac, Edmond de Rostand (1897) : acte I, scène 4

Introduction

- [présentation de l’auteur et de l’œuvre] : Le dramaturge Edmond Rostand (père du  biologiste Jean Rostand) est connu principalement pour être l'auteur de Cyrano de Bergerac (1897), pièce au succès immédiat [1] et devenue l'une des plus célèbres du théâtre français.

La pièce est écrite en cinq actes et en alexandrins. Rostand la qualifie de comédie héroïque (= comédie au dénouement heureux mettant en scène d'un héros épique dont les exploits sont poussés par l'amour) ; mais on y reconnaît de nombreuses influences, dont la principale est le drame romantique genre nouveau du XIXe qui rejette les règles classiques) : en effet, l'histoire se déroule sur plusieurs années (pas d'unité de temps), se situe dans des décors nombreux (pas d'unité de lieu), présente des scènes comiques et d'autres tragiques (pas d'unité de ton) et montre une scène de bataille [= notre texte] et la mort du personnage (pas de bienséance). Surtout, le personnage éponyme (inspiré librement d'un personnage réel, Hercule Savinien Cyrano de Bergerac, écrivain français du XVIIe siècle[2]) est le type même du héros romantique : disgracieux par son physique (son nez immense), il est doté d'une grande âme, courageuse et passionnée ; c'est un mélange de grotesque et de sublime[3]. Il correspond ainsi exactement au mélange des genres revendiqué par Hugo dans la Préface de Cromwell (texte considéré comme le manifeste du drame romantique, 1827) : « le laid […] existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime » .

- [présentation du texte] : Nous sommes ici à l'acte d'exposition (acte I), scène 4 : le personnage apparaît pour la première fois. La scène se déroule en 1640 dans l'hôtel de Bourgogne, théâtre parisien où va se jouer une représentation. La première tirade de l'acteur est interrompue par Cyrano qui le chasse pour des raisons personnelles. Le vicomte de Valvert intervient et provoque Cyrano, qui réplique par une brillante tirade d'autodérision à l'honneur de son propre nez. La dispute tourne ici au duel.

- [lecture] : tâcher de montrer la supériorité verbale de Cyrano, virtuose, devant le vicomte, embarrassé.

- [problématique] : comment, à travers ce duel spectaculaire, le personnage de Cyrano se présente-t-il au spectateur ?

- [annonce du plan] : I. Un duel spectaculaire   II. Le portrait de Cyrano

I. Un duel spectaculaire et comique

        1. La mise en abyme du théâtre

Ici la scène se passe dans un théâtre. Cyrano a interrompu la représentation, et se donne lui-même en spectacle (notamment au moment du duel) ; il fait ainsi de sa dispute avec le vicomte de Valvert une véritable saynète (= petite pièce comique ; sketch).

- le public : il est constitué des spectateurs déjà en place pour la représentation qui était censée avoir lieu[4]. On perçoit ses réactions à travers les didascalies indiquant leurs « rires » (didascalie du v.3) et leur curiosité, au moment du duel : « les pages grimpés sur des épaules pour mieux voir. Toutes les femmes debout dans les loges » (didascalie du v.19). La salle est « surexcitée au plus haut point » et réclame l'ordre et le silence comme avant un véritable spectacle (« Place ! Très amusant ! Rangez-vous ! Pas de bruits ! », v.19 : cf. les exclamatifs montrant l'enthousiasme).

A la fin du duel (hors extrait), on note même des « Acclamations. Applaudissements dans les loges. Des fleurs et des mouchoirs tombent. Les officiers entourent et félicitent Cyrano. »

- l'auteur : c'est Cyrano lui-même qui se présente comme un « poète » (v.8) et qui , « à l'improvisade / […] compos[e] » le texte (v.9-10), en donne « le titre » (v.18) et, plus loin, « choisi[t] [s]es rimes » (v.20). On a ici le champ lexical de l'écriture littéraire.

- les acteurs : ce sont le vicomte, à ses dépens, et Cyrano, qui a tellement conscience d'être en représentation qu'il « déclam[e] » son texte (cf. didascalie du v.15) ou l' « annonce solennellement » (didascalie du v.44) ; à la fin de sa prestation, tel un comédien, « Cyrano salue » (didascalie du v.47)

- le metteur en scène : c'est encore Cyrano qui a cette fonction. En effet, il donne des indications sur les gestes qu'exécute l'acteur (c'est-à-dire lui-même) :

> soit en annonçant à l'avance ce qu'il va faire (« je vais vous donner un petit coup charmant » v.7, « je vais […] me battre / Et vous toucher, monsieur, au dernier vers » v.14-15 ; « je vous préviens […] / Qu'à la fin de l'envoi, je touche ! » v.27-28 ; « [je vais] vous larder » v.30)

> soit en commentant ses gestes en même temps qu'il les effectue. C'est tout ce qui fait la spectacularité de la scène : Cyrano « fait ce qu'il dit, à mesure » (didascalie du vers 20)[5]. La coïncidence du 'dire' et du 'faire' se voit dans sa tirade, avec toutes les didascalies internes : « Je jette avec grâce mon feutre  / Je fais lentement l'abandon / Du grand manteau qui me calfeutre, / Et je tire mon espadon » (v.21 à 24) ; « Ma pointe voltige » (v.34) ; « Tac ! Je pare la pointe dont / Vous espériez me faire don : / J'ouvre la ligne, je la bouche » (v.40-42) ; « Je quarte du pied, j'escarmouche / Je coupe, je feinte... » (v.46-47) et enfin le refrain du dernier vers, où le temps change de valeur et prend une valeur de présent d'énonciation : « A la fin de l'envoi, je touche » (# v. 28, 36 et 44 : valeur de futur proche, d'avertissement).

        2. Une scène d'humiliation comique

Le comique de cette scène repose sur l'humiliation, par Cyrano, de son adversaire, totalement écrasé.

- la répartition de la parole dans la scène montre une disproportion totale, au détriment de Valvert. Celui-ci a des répliques courtes (la plus longue fait douze syllabes, au v.1# la tirade de Cyrano : 28 vers)

- de plus, il se fait souvent interrompre (v.11 « Mais... » ; v.13 « Vous... ») : cela montre sa faiblesse

- enfin, ses répliques consistent le plus souvent :

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