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Commentaire De La Ballade Des Pendus

Mémoire : Commentaire De La Ballade Des Pendus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2012  •  3 726 Mots (15 Pages)  •  2 973 Vues

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Commentaire de La Ballade des pendus

François Villon est l’un des poètes les plus connus du Moyen-âge. Il a écrit de nombreuses ballades portant notamment sur le thème de la mort. La Ballade des pendus étant son poème le plus célèbre. Bie qu’aucune hypothèse quant au lieu de son élaboration n’ait pu être prouvée, il semblerait que Villon l’ait composée à l’ombre de la potence qui lui fut promise – ce dernier ayant eu des démêlés avec la justice. En effet, l’esprit désespéré de Villon est dévoilé dans cette ballade, qui est présentée tel un testament de la part du poète-truand et qui est l’expression d’une émotion sincère justifiée par les bourrasques de son existence. Peu après cette affaire où il frôle la pendaison, on perd sa trace. Dans ce poème, Villon donne la parole à des suppliciés qui sollicitent le lien fondamental qui les unit à l’humanité tout entière et qui en appelle à la miséricorde des vivants. Ce poème constitue un appel à la charité chrétienne, valeur très puissante au Moyen-âge. La rédemption est au cœur de la ballade. Villon reconnaît s’être trop occupé de son être de chair au détriment de sa spiritualité. Dans quelle mesure peut-on affirmer que ce texte constitue une prière ?

Une première approche nous amènera à porter notre exégèse sur la dimension religieuse de ce poème qui constitue une prière et qui est un appel des vivants et du lecteur à la compassion, enfin il sera nécessaire d’observer en quoi cette ballade constitue une sorte de danse macabre dont la visée est celle d’un memento mori.

Le poème constitue une prière qui est un appel des vivants et du lecteur à la compassion. Le poème s’ouvre sur l’apostrophe l.1 « Frères humains », ce qui a pour objet de conforter la communication à double titre. Cette interpellation détient une fonction phatique car elle sert avant tout à disposer/échafauder le tact avec le lecteur mais également une fonction conative car, de par sa portée sentimentale et morale, prépare le lecteur à bien appréhender les propos du poète. D’emblée, l’allocutaire est fixé sur la situation d’énonciation. Puis Villon précise qu’il s’agit bien de l’adresse d’un « nous » à un « vous » dont l’humanité est le destinataire : l.2 « N’ayez les cœurs contre nous endurcis ». En sus, la subordonnée relative déterminative qui définit l’allocutaire qu’il souhaite atteindre informe sur la zone où se fait l’adresse/l’échange. Il s’agit de l’intervalle entre la vie et la mort. L’apostrophe s’effectue dès le début : l.1 « après nous » où le « nous » renvoie à la fraternité des hommes et à leur compassion. De cette façon, les propos du poète s’imprègnent d’une valeur de testament et de prosopopée qui les rend particulièrement efficaces.

L’envoi du poème en est sa conclusion logique ; la ballade bascule : Jésus devient le seul destinataire de la supplication. L’interpellation l. 31 « Prince Jésus » le place au-dessus de l.31 « tous », aussi bien vivants que pendus et les met sur un pied d’égalité face à la nécessité de la grâce divine.

L’appel insistant à la supplication est en fait un appel à la réflexion sur l’humanité et à l’entremise sur la mort. La quémande de Villon dévoile l’infériorité de l’espèce humaine et inspire un mode de vie basé sur la mutualité « » , la charité « » ainsi que l’humilité, symbolisée par la prière « ».

L’allégorie de la mort dans la Ballade des pendus est celle de la religion chrétienne ; les pécheurs qui ne reçoivent pas la grâce seront précipités dans la géhenne dont leur affliction/châtiment donne une mise en bouche : « ».

Villon souligne par la décomposition du corps –qui est le signe de la dépravation de l’epèce humaine - la transcendance de la spiritualité sur le corps ; l’immortalité est dans la vie spirituelle.

Ainsi, La Ballade des pendus est empreinte d’une dimension religieuse qui renvoie à l’époque où elle a été composée. (Lui donnant une portée morale) Néanmoins, cela n’empêche pas Villon d’attribuer à son texte un caractère argumentatif

Villon emploie des arguments par lesquels il tente de fléchir le regard des vivants sur les pendus qui sont marginaux et morts.

Le poème est structuré par la présence de connecteurs logiques qui révèlent son caractère argumentatif. Le discours est moins tourné vers l'intériorité du locuteur qu'ouvert à d'autres destinataires. Le caractère argumentatif de la ballade est particulièrement précisé par l’abondance des procédés d’insistance employés par le poète. On distingue des accumulations : v.7 « elle est piéça dévorée et pourrie » ou encore v.23-24 « yeux cavés, et arraché les sourcils ». On remarque aussi des gradations croissantes telles que v.21-22 « la pluie nous a débués et lavés, et le soleil desséchés et noircis ». Ces accumulations dont le but est de dépeindre les corps rancissant génèrent une opposition avec le champ notionnel évoqué à la fin de la la ballade qui est celui de la religion. Aussi, on constate la récurrence de la formule v.10, 20, 30 et 35 « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! » qui se situe toujours en fin de strophe, affichant ainsi le poids de l’appel à la prière. Il est vrai qu’aux premières strophes, Villon, par l’usage du verbe « priez », s’adresse uniquement aux ‘passants’ alors que dans la dernière strophe, il s’agit d’un appel à la prière à tous les Hommes qui est prononcé par le poète.

Par ailleurs, on distingue l’évolution de la position qu’occupe Villon dans la ballade ; il apparaît d’abord comme le porte-parole des pendus, puis celui de tout condamné à mort et finalement de toute personne amenée à vivre l’expérience de la mort. L’emploi du pronom personnel « nous » fait voir explicitement le rôle de représentant des pendus qu’occupe Villon, son but étant d’inciter à la prière pour échapper au Tartare et donc lancer un appel à la charité chrétienne.

L'efficacité apparaît comme le souci principal de Villon qui veut s'assurer la pitié des hommes. Pour ce faire, il déploie un argumentaire, soutenu par les mots grammaticaux à valeur logique tel que l.3 « si », l. 3« car » l.6 « quant » et qui relève explicitement de la religiosité, particulièrement grâce à la présence du champ lexical du pardon « mercis », « priez », « pauvres », « frères », « Dieu ». Les arguments qu’il emploie relèvent néanmoins d’une combinaison de deux stratégies de persuasion v.3 et 4 « Car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis

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