Cyrano - la ballade du duel

Séance 5. Etude du texte n°3 : Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand (1897) – Ie partie, 4e chapitre : la ballade du duel

Introduction

- [présentation de l’auteur et de la pièce] : Les auteurs du XIXème siècle  s’émancipent du classique. Il apparaît alors un nouveau genre : le drame romantique. Les règles du classicisme sont supprimées. Edmond Rostand garde une influence classique mais tout en ayant une forte empreinte romantique. Sa pièce est composée d’alexandrins, elle s’inspire de Savinien Cyrano de Bergerac, un écrivain réel, grand poète qui a écrit Les Estats et Empires de la Lune et du Soleil.

- [présentation du texte] : Nous sommes ici dans la scène 4 de l’acte I, scène d’exposition. Cyrano interrompt la pièce La Clarise et s’en prend au vicomte de Valvert qui vient de se moquer de son nez. Après avoir magnifiquement riposté avec sa célèbre tirade du nez, le voici qui joint le geste à la parole en un double duel qui présente dès l’orée de la pièce Cyrano comme un grand escrimeur et un poète plein d’esprit et d’humour.

- [problématique] : Comment cette scène de duel à la fois physique et verbale permet-elle à Edmond Rostand de présenter Cyrano comme un parfait porte-parole de la littérature et de ses pouvoirs ?

-[annonce du plan] : I. Un duel en action II. Une joute verbale III. Un jeu dans le jeu

I. Un duel en action

1) Une scène de duel entre deux gentilshommes

- Éléments rituels : présentations (cf participes présents + comparaison dans la didascalie avant le v.2 «ôtant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se présenter »), insultes et ripostes pour sauver l’honneur v.2 faux quiproquo, Cyrano retourne l’accumulation d’insultes au v.1 à son adversaire et se présente lui avec son nom complet et la particule « de Bergerac »

2) Une scène d’action

-verbes d’actions à l’indicatifs qui décrivent en temps réel ce que Cyrano fait dans ses répliques « Je vais vous donner un petit coup charmant » v.7, « je vais […] vous composer une ballade » v.9-10, « Je vais tout ensemble en faire une et me battre » v.14 + participe présent dans les didascalies « ôtant » « saluant » « tirant » « récitant »…..

- les onomatopées « hop ! » v.9 et « tac ! » v.40 + interjection « Ay ! » v.3 et 6 montre l’effort, l’action dans la parole

3) Un rythme enlevé

- stichomythie : répliques du tac au tac, qui miment les coups

- asyndète ou parataxe cf. didascalie avant v.48 « Le vicomte chancelle ; Cyrano salue. »

II. Une joute verbale (=un combat en parole)

1) L’art oratoire du poète : une arme redoutable

-l’arrogance, le dédain de Cyrano pour son adversaire cf. termes dépréciatifs « bélître » v.17, « dindon » v.30 « Laridon » v.43

=> aisance de Cyranon, il a le dessus

- le vicomte agit comme un repoussoir : Cyrano pour se présenter v.2 s’aide du vicomte, repousse le vicomte pour être encore plus haut

- références littéraires « Céladon » v.25 « Scaramouche » v.26 « Mirmydon » v.27 « Laridon » v.43

- connaissances des formes poétiques et de la ballade v.12 à 16 : il définit et donne le mode d’emploi d’une ballade et en même temps il en fait une + utilise le vocab de la poésie « ballade » v.10-12-16, « vers » v.13-15, « couplets » v.13 « envoi » v.13-28-36-44-48, « pointe » v.40

- polysémie de certains termes « pointe », « envoi », « coup »

-ironie parfaitement maniée notamment l’art de la pointe, de la répartie, du trait d’esprit cf. retourne l’insulte v.2 ou le titre de la ballade v.16-17 où il insulte indirectement le vicomte de « bélître »

 => Il a une grande culture poétique et littéraire contrairement à Valvert qui lui a moins de répliques et elles sont beaucoup plus courtes souvent monosyllabiques v.7-12-13-14-15, en plus elles sont tronquées : Cyrano l’interrompt sans cesse cf. points de suspensions v.8-12-14 => Parfait repoussoir

2) Une parole en action (ou quand « dire » c’est « faire » = un énoncé performatif)

Énoncé performatif : qui réalise l’action qu’il exprime au moment même, par le fait même de son énonciation

- v.14« Je vais tout ensemble en faire une et me battre» futur proche à l’indicatif + locution adverbiale « tout ensemble » => concomitance action/parole : la parole précède l’action. Dans le 2ème hémistiche « en faire une et me battre » l’action de composer une ballade et l’action de se battre sont mises sur le même plan et rassembler par la conjonction de coordination « et » + v.15 « Et vous toucher, monsieur, au dernier vers. » => « Et vous toucher » : Cyrano va gagner à la fin du duel, « au dernier vers » : fin de la ballade => rassemble encore la parole et le geste

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