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La Bruyère

Dissertation : La Bruyère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Avril 2022  •  Dissertation  •  1 828 Mots (8 Pages)  •  299 Vues

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Dissertation de français

Jean de La Bruyère est un auteur français né en 1645. C’est dans la période de classicisme que s’inscrit son œuvre ; le classicisme est un mouvement littéraire du XVIIe siècle qui représente le monde comme stable et ordonné, où l’homme est soumis à la fatalité et l’idéal de tous est « l’honnête homme », un homme plein de vertus. Cette période est également marquée par l’influence de Louis XIV, l’art doit plaire et instruire pour être validé, il doit également faire réfléchir. La Bruyère est surtout célèbre pour l’écriture de son livre Les Caractères, qui est paru de 1688 à 1696. L’œuvre est composée de nombreuses remarques et fragmentée en différents thèmes, la figure de style de l’éthopée et très présente dans les portraits présentés. Cette œuvre nous livre une réflexion universelle et un regard pessimiste sur la condition humaine. La Bruyère se place en observateur, car venant d’origine roturière mais ayant travaillé pour atteindre les hautes sphères, il sait prendre du recul et cartographie les défauts de l’homme. Il déplore le déséquilibre de la société et dénonce les comportements mauvais qu’il a rencontrés. Dans les caractères, la tradition théâtrale n’est pas loin ; et l’on pourrait rapprocher l’œuvre de La Bruyère de celle de Molière. Dans quelle mesure est-il possible d’envisager les Caractères comme une œuvre théâtrale ? Il faudra donc se demander quelles sont les caractéristiques de l’œuvre de La Bruyère qui pourraient la rapprocher d’une œuvre théâtrale comme celle de Molière. Ainsi, nous nous intéresserons d’abord aux personnages de la Bruyère et leur côté caricatural, puis nous étudierons ce qui fait des Caractères une œuvre plaisante et enfin une troisième partie montrera la peinture de la société que dépeint La Bruyère.

En premier lieu, ce qui caractérise une œuvre théâtrale, ce sont ses personnages. Les personnages des Caractères sont pour la plupart caricaturaux, ils sont dans l’excès et leurs défauts sont poussés à l’extrême, leurs traits sont poussés à leurs paroxysmes et ils auraient bien leur place sur une scène de théâtre. C’est le cas d’Hermagoras (74, VIII), il est difficile à croire qu’un tel homme, totalement ignorant sur les sujets européens de son époque mais passionné et connaisseur de l’Egypte et autre royaumes orientaux ait existé. Il est pourtant facile d’imaginer ce personnage dans une pièce de Molière par exemple.

   Cet aspect caricatural se fait également ressentir par le fait que les personnages réunissent de nombreux vices, ils ont les pires défauts en même temps et ils deviennent détestables sous la plume de leur auteur. C’est le cas de Giton (83, VI) qui est malpoli, malpropre, dégoutant, sans retenue, méprisant ou alors Phédon (84, VI) qui quant à lui est distrait, naïf, mauvais conteur, sans avis ni personnalité, craintif et timide à outrance. Ces personnages sont très théâtraux en quelque sorte.

   Enfin, ces personnages représentent tout le monde, les noms sont inventés par La Bruyère, il vise tous ses contemporains, chacun devrait et doit se sentir concerné. C’est sa volonté lorsqu’il écrit Les Caractères, il dénonce des comportements, mais cette dénonciation se fait par des personnages, ce qui le rapproche du théâtre. L’exemple le plus marquant est Pamphile (50, IX), ce portrait, bien qu’il soit également très fort mais sans aucun doute représentatif des mentalités de l’époque, indique sa dimension universelle par l’antonomase utilisée, un pamphile peut représenter tout le monde, chacun peut être pamphile et l’est parfois.

Cette œuvre est surtout très plaisante, c’est ce qui a fait son succès. Elle est plaisante de diverses façons, tout d’abord par le côté ironique et satirique, La Bruyère dénonce et par la même occasion juge la société, et donc il laisse volontairement transparaître son avis par des petites phrases juxtaposés. Ces petites remarques sont ironiques la plupart du temps et sont comiques. C’est le cas dans le portrait de Théramène (14, V) « Théramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d’un très grand mérite » ce sophisme dénonce le pouvoir de l’argent mais il est également très plaisant. Plus tard, dans le même portrait, « Ce n’est pas seulement la terreur des maris, c’est l’épouvantail de tous ceux qui ont envie de l’être, on devrait proscrire de tels personnages si heureux, si pécunieux », ces phrases sont explicitement ironique et rajoutent beaucoup de comique dans les portraits. L’ironie est parfois disséminée entre deux remarques plus « sérieuses », elles sont également très agréables et drôles. La remarque 23 du livre VIII : « Il n’y a rien à la Cour de si méprisable et de si indigne qu’un homme qui ne peut contribuer en rien à notre fortune ; je m’étonne qu’il ose se montrer », il critique la société sous une remarque ironique.

   Les personnages sont parfois tournés en ridicules, leurs défauts sont tellement accentués qu’ils en deviennent absurdes : Arrias (9, VIII) s’obstine à mentir et raconte qu’il sait des choses de son grand ami l’ambassadeur Sethon qui vient d’arriver à Paris. La chute est très drôle, en effet un convié l’arrête et lui dit « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade. ».

   Le dernier aspect qui contribue grandement au côté plaisant de cette œuvre est le style littéraire de La Bruyère. Il s’exprime, naturellement, très bien et les phrases sont agréables à lire : bien rédigées et bien écrites, pleines de sens. Hermagoras (74, V) est un très bon exemple, La Bruyère alterne les questions ou les thèmes dont la Cour pourrait parler et les réponses d’Hermagoras, totalement hors-sujet et dont les connaissances sont peu pertinentes. Cet extrait est selon moi un des meilleurs, le texte est dynamique, il y a des phrases interrogatives, exclamatives, et le contenu est comique. La rhétorique de La Bruyère s’exprime également par les petites maximes qu’il rédige dans son œuvre, elles sont toujours très profondes et intéressantes, et invitent à réfléchir. J’ai en tête la dixième remarque du livre VIII «  La cour est comme un édifice bâti de marbre : je veux dire qu’elle est composée d’hommes fort durs, mais fort polis. » il joue sur la polysémie du terme « poli », la remarque est très intéressante et très bien amenée.

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