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Juste la fin du monde Partie 1 Scène 8

Commentaire de texte : Juste la fin du monde Partie 1 Scène 8. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 796 Mots (8 Pages)  •  3 706 Vues

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Juste la fin du monde, (1990), J.L.Lagarce

- Délimitation du passage : du début de la scène 8, Partie 1 : de « Cela ne me regarde pas » p. 56 à « dans ce coin-ci » p.57.

Intro : l’absence totale de didascalies dans le texte n’apporte aucune précision sur la mise en scène. Il revient donc au lecteur d’imaginer et de visualiser la situation. On peut facilement imaginer que Louis et la Mère se trouvent, dans ce passage, isolés des autres membres de la famille. La Mère profite ainsi de ce tête à tête avec le fils aîné pour lui soumettre des confidences sur le frère (Antoine) et la soeur (Suzanne). La Mère prend la parole dès le début de l’extrait (et de la scène 8), s’exprimant par un long soliloque dans lequel elle affirme se mêler souvent « de ce qui ne (la) regarde pas ». Elle souligne ainsi, d’emblée, son indiscrétion naturelle et en même temps sa capacité naturelle et maternelle à comprendre et deviner ce que ressentent ses enfants, ce qu’ils recherchent, ce qu’ils espèrent. La Mère annonce ainsi, sans en être pleinement consciente, la tragédie familiale qui s’annonce. Nous nous demanderons donc comment les portraits que la Mère fait de ses enfants permettent-t-ils d’annoncer la tragédie à venir ? (Problématique).

Plan : Nous pouvons repérer trois mouvements dans cet extrait.

- Mouvement 1 : L’omniscience de la Mère (du début de la scène 8 à « (…) et la possibilité enfin », p.56.

- Mouvement 2 : Le portrait de Suzanne et d’Antoine (de « Ils voudront t’expliquer » (…) à « ne voulant plus en démordre ».p.56-57.

- Mouvement 3 : Une tension tragique implicite (de « Ils voudront t’expliquer (…) » à « dans ce coin-ci » p.57).

Ier mouvement : L’omniscience de la Mère

Dès le début de la scène, la Mère commence par dresser un portrait peu flatteur et sans complaisance d’elle-même puisqu’elle se présente comme étant indiscrète et intrusive. Ce portrait suit d’ailleurs la prétérition de la première ligne « Cela ne me regarde pas ». Sa vision d’elle-même est donc péjorative.

- Rappel : Une prétérition est une figure de style consistant à déclarer qu’on ne va pas parler d’une chose alors qu’on le fait ! Ex : « Je ne vous dirai pas que le sujet de bac blanc sera composé d’un commentaire sur le roman et d’une dissertation sur la poésie » et pourtant je vous l’annonce quand même !

On constate ici que la Mère s’attarde longuement, pendant plusieurs minutes sur les attentes de Suzanne et d’Antoine envers leur frère Louis. Elle se montre donc à la fois intrusive mais aussi protectrice, maternelle : elle veut avertir Louis que la journée sera certainement éprouvante pour lui, tout en justifiant et en défendant les maladresses de ses deux autres enfants.

Dans la suite du passage, on note l’importance accordée aux verbes connaître, savoir et deviner :

- Ce qui ne me regarde pas, l.2

- Je les connais, l.6

- Je sais, l.7

- Je ne saurais pas ? l.8

- Deviner, l.10

- Je devinerais de moi-même, l.11

Ce relevé témoigne de l’omniscience et de la toute-puissance de la Mère, qui, en tant que chef de famille, surplombe ses enfants, les comprend et sait lire en eux : elle sait absolument tout d’eux (leurs pensées, leurs désirs, leurs craintes, leurs doutes, leurs failles…).

Ainsi, l’affirmation « je sais » est mise en valeur par sa position dans la phrase et dans la présentation et disposition du texte, puisqu’elle est isolée (retour à la ligne). Ce choix de disposition du texte tend lui aussi à mettre en évidence la supériorité de la Mère sur ses enfants.

Suivent ensuite l’emploi de deux verbes au conditionnel* « je pourrais (…) deviner » et « je devinerais » qui sont là aussi encadrés par le complément circonstanciel de manière « plus simplement encore » et par l’expression « cela reviendrait au même » qui prouvent, une fois de plus, que la Mère entend d’une certaine manière les pensées de ses enfants puisqu’elle connaît même les pensées qu’ils n’ont pas prononcé…Donc la Mère devance les pensées, les besoins et les attentes de ses enfants, par instinct ou intuition maternel.

- *Rappel sur les valeurs du conditionnel : considéré parfois comme un mode, parfois comme un temps de l’indicatif, le conditionnel peut exprimer :

- une demande polie, un conseil atténué

- une information incertaine (ex : dans la presse)

- une hypothèse dans le présent ou dans le passé

- un souhait ou un regret, souvent exprimé à l’aide des verbes aimer et vouloir ;

- un fait imaginaire, par exemple dans le cadre d’un jeu ;

- l’incrédulité ou encore l’indignation dans une phrase interrogative ou exclamative

Ce que la Mère sait, ce qu’elle a pu effectivement deviner par elle-même, c’est que Suzanne et Antoine espèrent parler à Louis, s’entretenir avec lui, tour à tour sur un certain nombre de sujet « de fond », des sujets sensibles. Même si, le lecteur découvre ensuite qu’ils n’y parviendront pas. Le frère et la soeur auraient donc « des choses à dire ». On relève d’ailleurs la répétition des verbes de parole : « te parler » (répété deux fois) et « te dire ».

L’affirmation « ils veulent te parler » entre d’ailleurs en résonnance immédiate avec le « je sais » qui précède, et tout le début de ce soliloque pourrait presque se résumer à ces deux seules affirmations « je sais qu’ils veulent te parler ».

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