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Faillites Des Valeurs Humaines - Fin De Partie (pièce de théâtre) de Beckett

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Par   •  21 Février 2013  •  2 247 Mots (9 Pages)  •  1 525 Vues

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Le théâtre du dramaturge irlandais, Beckett est écrit après la seconde guerre mondiale, il exprime le traumatisme lié à la guerre, à la déportation, il questionne l’homme sur l’intérêt d’avoir un espoir en l’humanité. Après une genèse difficile et chaotique Fin de Partie est mise en scène et paraît dans les théâtres en 1957. Dans Fin de Partie, ou End Game en anglais, nous sommes confrontés à une humanité mutilée, souffrante, condamnée à disparaître. Les quatre personnages sont incapables de se mouvoir, de disposer de leur corps en toute liberté. Les valeurs humaines sont mises à mal. Sylvie Chalaye, dans son ouvrage consacré à En attendant Godot et Fin de partie évoquera cette « faillite des valeurs humaines ». Elle annonce « le drame ne se fait plus action, mais immobilisme, enlisement, engluement de la parole et de la volonté. […] Leur théâtre (celui de Ionesco, Beckett, Adamov et Genet) témoigne du flasque, du distendu, de l’inachèvement de l’humanité. » En quoi la pièce Fin de partie permet elle de « mettre en situation » la « faillite des valeurs humaines »? Nous aborderons pour commencer la dégradation de la dignité à travers la déchéance physique, puis nous nous intéresserons à la faillite du respect d’autrui à travers les relations entre les personnages et enfin à la déchéance de la volonté de vivre à travers la récurrence du verbe « finir » notamment.

D’une part, l’état physique des personnages est terriblement endommagé et détruit, tous les personnages sont handicapés. Les personnages sont incapables de se mouvoir, de disposer de leur corps. Hamm est dépendant de Clov pour déplacer son fauteuil et Nagg et Nell sont enfermés dans leur poubelle. Clov est le seul à disposer de ses membres mais il ne peut pas s’asseoir. Les sens même de ces êtres sont atrophiés. Hamm est aveugle, Nagg est sourd, Clov semble condamné à l’immobilité et il a une certaine cécité. Hamm ici est le symbole d’une humanité qui stagne, qui n’évolue plus, et étant aveugle ne peut pas voir son avenir. Donc l’humanité n’a pas de futur. Les quatre personnages n’ont plus de dignité puisque ils ne prennent même pas soin de leur corps, qui se dégrade de plus en plus, et malgré ce corps en décomposition ils continuent de vivre. Mais forcément ils n’ont plus de fierté, plus de dignité puisque extérieurement cela va mal, aussi mal qu’intérieurement. Cela dévoile une humanité pulvérisée par la décadence des valeurs humaines. Cependant tous les personnages ne sont pas sur un pied d’égalité à ce niveau là. En effet, parlons maintenant de Nagg et Nell.

D’autre part, nous pouvons parler de Nagg et Nell. Nous pouvons dire que ce sont eux qui ont perdu le plus leur dignité, peut-être malgré eux. En effet, ils ont élu domiciles dans deux poubelles dont ils tentent de s’extraire, nous pouvons voir cela dans les didascalies p.21, 25 et 27. Leurs mains, agrippées au rebord de leur poubelle indiquent une posture de supplication. Ils sont réduits à l’état de déchets. Ils sont bons pour la décharge, ce sont des rebuts de la société, ils sont marginalisés. De plus, ils sont désignés par des apostrophes haineuses « maudit progéniteur » p.21, « maudit fornicateur » p.22. Il y a des anathèmes récurrents, « boucle-le » p.22, « enlève moi ces ordures, fous les à la mer » p.36. Hamm rejette Nagg et Nell, il veut les détruire. C’est pour cela que nous pouvons parler d’une déchéance de la dignité, Nagg et Nell perdent toute leur fierté en étant traités comme cela. Cependant, ce n’est pas de leur plein gré, ils n’ont pas demandé ça mais c’est ce que Hamm leur fait subir.

Nous pouvons donc affirmer qu’il y a bien une faillite des valeurs humaines, tout d’abord avec la déchéance de la dignité, avec le physique des personnages et le rang de Nagg et Nell. Nous aborderons maintenant la faillite du respect d’autrui.

Tout d’abord, nous pouvons parler de la relation entre Hamm et Clov, véritable représentation de cette faillite du respect. Ces deux personnages ont une relation très particulière, une relation de maître/valet assez complexe. Car Hamm et Clov sont maître et valet mais aussi père et fils adoptif.
 Tout d’abord c’est un duo théâtral. Leur relation est entre pouvoir, servitude et liberté. La relation se lit en termes d’espace, de mouvements et d’immobilité, Hamm étant dépendant des déplacements de Clov. Ce sont toujours les questionnements et les odres de Hamm qui lancent l’action. Nous pouvons aussi aborder le rapport dominant/dominé: qui domine qui ? Hamm siffle Clov et ordonne « Prépare-moi, je vais me coucher », « va chercher… ».
Même si Hamm est le maître, il est dépendant de Clov. Sa vulnérabilité révélée lors de l’épisode du rat qui le terrorise par exemple. Leur parole veut soumettre la volonté de l’autre: Hamm ne donne des ordres qu’aussi longtemps que Clov s’oppose à lui. Lorsqu’il obéit, Hamm n’est plus intéressé : « Je vais chercher le drap »/ »Pas la peine ».
Il s’agit véritablement d’un rapport d’aliénation, dans une relation mêlée de cruauté et d’utilité. C’est aussi un couple usé. Il s’agit d’un vieux couple qui autrefois s’aimait. Ils ne s’aiment plus. Hamm est présenté comme un père tyrannique: « Quand il y avait encore des bicyclettes j’ai pleuré pour en avoir une. Je me suis trainé à tes pieds. Tu m’as envoyé promener ». Mais ce couple usé ne se sépare pas par la force des habitudes. « Je te quitte » revient dans la bouche de Clov en leitmotiv ; il veut gagner sa liberté, casser le lien de dépendance.
 Ce qui définit Clov c’est cette relation « Si je pouvais te tuer, je mourrais heureux ». Mais il ne survivrait pas à la mort de Hamm.
 La relation entre Hamm et Clov illustre la complexité des relations de servitude et de dépendance qui sont insupportables mais indispensables aux protagonistes. Cette relation évoque donc bien cette déchéance du respect d’autrui, Hamm ne respecte pas Clov, il se comporte en vrai tyran, et Clov ne respecte pas non plus Hamm.

Ensuite, nous pouvons parler de la relation de Hamm avec Nagg et Nell. Comme avec Clov, il est odieux et se comporte en tyran. Dans Fin de partie, Hamm et Clov occupent constamment le devant de la scène. Leur dialogue est interrompu à plusieurs reprises par des interventions de Nagg, qui réclame sa bouillie, puis par le dialogue Nagg-Nell, puis à nouveau par un dialogue Hamm-Nagg au moment où Hamm se lance dans son « roman ». Il n'y a pas de dialogue direct entre Hamm et Nell, laquelle s'adresse uniquement

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