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Harmonie du soir, plan de commentaire

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Par   •  3 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 608 Mots (7 Pages)  •  2 561 Vues

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« Harmonie du soir » Les Fleurs du mal 

« Spleen et Idéal » XLVII Charles Baudelaire

Montrer que l’évocation du souvenir amoureux est fondée sur des procédés de reprises et de correspondances

        La thématique principale d’« Harmonie du soir » est celle du souvenir lié à l’amour. Ce poème se présente comme une variation continue sur le motif du crépuscule ; sa tonalité est donc ouvertement mélancolique. On distingue comme une progression de la strophe initiale, qui met en place les acteurs d’une « valse » langoureuse (fleurs, sons parfums), à la strophe finale, qui évoque la mort d’où surgit le souvenir. Comment Baudelaire organise-t-il l’évocation de ce souvenir amoureux ? Tout d’abord cette progression est moins de l’ordre du déroulement linéaire que du tournoiement en spirale. Ensuite ce tournoiement est fondé sur des mécanismes de répétition ; reprise de vers à vers à intervalles réguliers, effet de vertige lié à l’insistance des timbres à la rime, reprise des sons à l’intérieur des vers eux-mêmes. Enfin tout concourt ainsi à susciter une impression de mouvement musical lancinant, comparable à une valse de sons et d’images.

I. Le mouvement de la mélancolie

        a. Le mouvement est très présent. Les mots appartenant à ce champ lexical du sont nombreux dans les deux premiers quatrains. On peut les comparer avec le lexique qui domine à la fin du poème. Le texte repose tout entier sur un mouvement tournoyant. D’abord discrètes, les notations de mouvements abondent : vibration, évaporation, et balancement suggéré par l’« encensoir » (le comparant). Elles se renforcent ensuite dans l’évocation d’un tournoiement, comme le lexique le montre (« tournent », « Valse », « vertige »). Cette thématisation se diffuse dans le poème grâce à la reprise anaphorique des termes qui mettent l’accent sur le mouvement giratoire. Par contre, à la fin du poème, l’accent est mis sur le lexique de l’immobilité associé à celui de l’obscurité.

        b. L’effet de mouvement est également produit par les différents rapports établis entre la phrase et le vers. Etudions ces rapports dans l’ensemble du poème en isolant les phrases qui sont moulées dans un seul vers. L’effet de tournoiement est également et efficacement produit par le mode d’enchaînement des vers et des phrases. À l’exception des vers 1-2 et des vers 13-14 (où l’on décèle des phénomènes d’enjambement), il y a dans ce texte une concordance entre le mètre et la syntaxe, qui fait coïncider la structure de la phrase avec la mesure du vers. Cet effet de concordance souligne le caractère incantatoire de ce poème. Le jeu des modalités (déclarative, exclamative) ainsi que sur les temps verbaux, particulièrement les valeurs du présent (durée, vérité générale, énonciation).

        c. Le réseau des images qui ordonnent ce poème installe et renforce la tonalité mélancolique. Tout un réseau d’images soutient le déroulement du poème : le motif végétal (fleur) cohabite avec le motif musical ; cette combinaison se module dans le déroulement du texte en s’adossant notamment à un champ comparatif connotant la religion, voire le mysticisme (« ainsi qu’un encensoir », « comme un grand reposoir », « comme un ostensoir»). Mais il convient de souligner la prégnance du motif affectif du « cœur », introduit d’abord à titre de comparant mais qui, très vite, l’emporte et domine dans la deuxième partie du poème.

II. Les mécanismes de la reprise

        a. Ce poème repose sur un éventail de rimes très restreint. Les rimes se réduisent à deux timbres : —ige et —oir, ce dernier son variant pour ainsi dire sur le modèle sonore du mot « soir » inscrit dans le titre. Le souci de monotonie traduit un dessein délibéré de double symétrie (rimes croisées : abba) qui marque en outre le rythme binaire d’un bercement doux et lent.

        b. « Harmonie du soir » est structuré par un jeu savant de répétitions de strophe en strophe. Ce mécanisme est générateur de rythme. Cet effet est souligné par la répétition à intervalles réguliers de certains vers, comme le veut la règle du pantoum. La forme de ce poème est en effet celle du pantoum, poème d’origine malaise qui possède des règles de composition assez strictes. Il renferme des quatrains à rimes croisées et se distingue par un processus de reprise interne de certains vers : ainsi le second vers de chaque quatrain devient le premier vers du quatrain suivant et le quatrième vers de chaque quatrain devient le troisième vers de la strophe suivante. Un système de reprise se met ainsi en place, créant des schémas harmoniques et rythmiques qui agissent à plusieurs niveaux. La musicalité du texte résulte de cette insistance accordée à ce travail de l’écho; elle favorise également le surgissement, dans la dernière strophe, de deux vers qui ne feront l’objet d’aucune reprise et qui de ce fait se distinguent, captent l’écoute : « Du passé lumineux recueille tout vestige » et « Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ». Ce dernier vers consacre pour ainsi dire l’éternité du souvenir, dérobé au temps et à la mort, et promis à une sorte de culte ou de vénération mystique (comme le suggère la comparaison finale avec l’ostensoir).

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