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Exposé sur la mort et la peine de mort dans l'oeuvre de Camus

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Par   •  24 Novembre 2017  •  Analyse sectorielle  •  1 689 Mots (7 Pages)  •  7 263 Vues

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La mort et la peine de mort, L’Etranger d’Albert Camus

Albert Camus est un abolitionniste majeur du XXe siècle, cad qu’il est favorable à l’abolition de la peine de mort et cette pensée marquera fortement son œuvre au travers de fictions, d’éditoriaux, de discours publics ou encore d’essais critiques. Ainsi dans « L’Etranger », que l’on pourrait qualifier d’autofiction, comment ce thème est-il retranscrit et quelles sont les grandes idées liées à cette lutte qui y sont reflétées ? Meursault prête sa voix à Camus pour y étayer sa vision de la fin d’une existence ainsi que son opinion précise quant à la peine capitale.

I Conception de la mort de Camus

A) L’indifférence et l’intemporalité psychologique de Meursault qui le conduit à considérer la mort comme un fait banal

Le passé et le futur semble être effacés de la conscience de Meursault, la notion du temps se résume à l’instant présent. La vie de Meursault est présentée de manière très descriptive, les faits et les évènements arrivent les uns après les autres sans que le perso n’attache de réelle importance à la portée de ses actions. Cette incapacité de se représenter le passé (indifférence face à la mort de sa mère*) et le futur (pas de considération ni de réflexion sur les conséquences de ses actes notamment de l’assassinat de l’arabe) conduit Meursault à une sorte d’intemporalité psychologique constituant comme une barrière entre les évènements qui le touchent et sa conscience. Comme il ne conceptualise pas les conséquences de ses actes, il détient une grande liberté de pensée et de conscience de laquelle émane une forte indifférence, un détachement face à ce qui se produit devant lui. Cette perception l’amène à considérer la mort comme un fait comme un autre.

* « Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier »

B) Une vision fataliste (la mort est inévitable) donnant lieu à un comportement extérieur étrange

Meursault vit comme s’il était un condamné à mort avec sursis, la mort le guette et cette pensée guide ses actes. : « j’étais sûr [..] de cette mort qui allait venir » « je tenais cette vérité autant qu’elle me tenait » Pour cette raison le lendemain, le futur n’est que poussière car il sera mort ; il n’a donc pas de projets, de plans. Par ailleurs comme il ne vit que dans un présent ininterrompu, il ne prend en considération que la situation actuelle et effectue ses choix uniquement à partir de celle-ci. C’est ainsi qu’il tue « l’arabe », en effet cette action émane d’une insolation : il a bcp bu, il a chaud, c’est le seul constat qu’il est en mesure d’établir, les conséquences de ce meurtre ne sont pas prises en compte puisqu’elles interviendraient dans le futur, qu’il ne conceptualise pas. Cela nous amène à penser que sans le soleil et l’alcool, Meursault n’aurait eu aucune raison de tuer l’arabe. Par ailleurs sa vision fataliste le conduit à accepter de manière froide et lucide sa mort car son caractère inéluctable fait qu’il est en vain d’en avoir peur ou de se battre contre elle. Il ne veut pas d’aide (pas d’avocat, pas d’aumônier pour s’apaiser intérieurement). Ainsi la mort structure le récit : 1ère phase du récit, l’annonce de la mort de sa mère et le centre, meurtre de l’arabe et la dernière phase, la condamnation à mort de Meursault => la récurrence de ce thème renvoie à la condition humaine : une vie promise à la mort. 

Camus a écrit sur l’étranger : On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L'Etranger l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité (2).

« N’avez-vous donc aucun espoir et vivez-vous avec la pensée que vous allez mourir tout entier ? – Oui »

C) Points communs entre Camus et Meursault qui prouvent que le cheminement de pensée de Meursault est au cœur de la réflexion de Camus

-le rejet de la religion : Meursault refuse la visite de l’aumônier, il éprouve un désintérêt profond à ce propos : « je ne croyais pas en Dieu […], cela me paraissait une question sans importance », « pourquoi je l’appelais « monsieur » et non pas « mon père ». Cela m’a énervé et je lui ai répondu qu’il n’était pas mon père » <= ici comme à de multiples reprises dans le roman, l’absurde permet de mettre en relief l’opinion de l’auteur et de les rendre davantage marquante.

- le dégoût viscéral face à la peine de mort étayé en A) du II => l’anecdote sur son père ayant assisté à une exécution est véritable.

-décalage/incompréhension de leur société : bcp de questionnement sans vrai réponses, l’incompréhension volontaire des mécanismes de cette même société, le rejet de jouer le « jeu social » et donc de l’illusion car «« La vie est un songe dont la mort sonne le réveil. » (Calderon) => ils vivent tous deux dans une perpétuelle absurdité.

-situation et caractère qui les amènent à avoir cette opinion sur la mort et la peine de mort : orphelins, la trentaine, vivant à Alger, proche de la nature (donne bcp d’importance aux variations de soleil, de lumière, de décor…) et notamment de la mère et du soleil, beaucoup d’affection pour sa mère mais très peu de communication

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