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La peine de mort selon Camus

Commentaire de texte : La peine de mort selon Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 069 Mots (5 Pages)  •  839 Vues

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En 1957, la France est la seule démocratie européenne (avec le Royaume-Uni) à pratiquer encore l’exécution des condamnés. Et en effet, la peine capitale ne sera abolie en France qu’en 1981…

Albert Camus, écrivain et philosophe reconnu, s’engage alors fermement contre ce qu’il considère comme « une boucherie ». Il publie un essai dans lequel il développe ses arguments contre la peine de mort en s’appuyant sur une anecdote personnelle : 

[pic 1]

Peu avant la guerre de 1914, un assassin dont le crime était particulièrement révoltant (il avait massacré une famille de fermiers avec leurs enfants) fut condamné à mort en Alger. Il s’agissait d’un ouvrier agricole qui avait tué dans une sorte de délire du sang, mais avait aggravé son cas en volant ses victimes. L’affaire eut un grand retentissement. On estima généralement que la décapitation était une peine trop douce pour un pareil monstre. Telle fut, m’a-t-on dit, l’opinion de mon père que le meurtre des enfants, en particulier, avait indigné.

L’une des rares choses que je sache de lui, en tout cas, est qu’il voulut assister à l’exécution, pour la première fois de sa vie. Il se leva dans la nuit pour se rendre sur les lieux du supplice, à l’autre bout de la ville, au milieu d’un grand concours de peuple. Ce qu’il vit, ce matin-là, il n’en dit rien à personne. Ma mère raconte seulement qu’il rentra en coup de vent, le visage bouleversé, refusa de parler, s’étendit un moment sur le lit et se mit tout d’un coup à vomir.

Il venait de découvrir la réalité qui se cachait sous les grandes formules dont on la masquait. Au lieu de penser aux enfants massacrés, il ne pouvait plus penser qu’à ce corps pantelant qu’on venait de jeter sur une planche pour lui couper le cou.

Il faut croire que cet acte rituel est bien horrible pour arriver à vaincre l’indignation d’un homme simple et droit et pour qu’un châtiment qu’il estimait cent fois mérité n’ait eu finalement d’autre effet que de lui retourner le cœur.

Quand la suprême justice donne seulement à vomir à l’honnête homme qu’elle est censée protéger, il paraît difficile de soutenir qu’elle est destinée, comme ce devrait être sa fonction, à apporter plus de paix et d’ordre dans la cité. Il éclate au contraire qu’elle n’est pas moins révoltante que le crime, et que ce nouveau meurtre, loin de réparer l’offense faite au corps social, ajoute une nouvelle souillure à la première.

Albert Camus, Réflexions sur la guillotine, 1957

QUESTIONS :

  1. Ce texte fait partie d’un essai[1], mais il est aussi très proche d’un autre genre littéraire : lequel et pourquoi ?

  1. Quel âge Albert Camus a-t-il au moment des faits décrits dans cet extrait ? Quelles remarques confirment cela dans le texte ?
  1. Observer les temps verbaux utilisés tout au long du texte : à quel moment l’auteur change-t-il de système ? Trouver une explication à ce changement.
  1. Relever des mots ou expressions par lesquels Camus accentue l’horreur de l’exécution.
  1. Quel est l’argument principal utilisé ici contre la peine de mort ?

CORRECTION

  1. Ce texte fait partie d’un essai, mais il est aussi très proche d’un autre genre littéraire : lequel et pourquoi ?

Ce texte est très proche de l’autobiographie puisqu’il en a les caractéristiques principales, à savoir :

  •  l’auteur, le narrateur et le personnage principal (Albert Camus enfant) sont la même personne
  • le texte est écrit à la 1ère personne : « je »
  • c’est un récit rétrospectif

  1. Quel âge Albert Camus a-t-il au moment des faits décrits dans cet extrait ? Quelles remarques confirment cela dans le texte ?

Albert Camus est né en 1913, donc il a environ un an au moment des faits, puisque d’après le texte ce crime a été commis « peu avant la guerre de 1914 » (et bien sûr vous connaissez parfaitement la date du début de cette guerre…). C’est sans doute pour cela qu’il n’a pas de souvenir personnel de ce qu’il s’est passé,  comme l’attestent ces remarques : « m’a-t-on dit », ma mère raconte qu’il… ». Ce ne sont pas ses propres souvenirs qu’il rapporte, mais des événements qu’on lui a décrits.

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