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Dans quelle mesure la tradition poétique est-elle mise à l’œuvre dans le recueil Alcools d’Apollinaire ?

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Par   •  16 Mars 2021  •  Dissertation  •  3 131 Mots (13 Pages)  •  4 940 Vues

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Dans quelle mesure la tradition poétique est-elle mise à l’œuvre dans le recueil Alcools d’Apollinaire ?

        « On ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père. […] Mais nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » écrivait Apollinaire dans Les Méditations Esthétique. Dans cet ouvrage, le chantre de la modernité explicite son rapport à la tradition. Cette citation montre que le poète reconnaît l’héritage de ses prédécesseurs et qu’il est l’héritier d’une culture, celle des « morts », de « son père », qu’il souhaite moderniser.

Le titre Alcools se situant dans la filiation de l’ivresse poétique antique, on peut donc se demander en quoi joue-t-il avec les tradition, la respectant, tout en la chahutant, et mettant en place une modernité poétique. Après avoir abordé la tradition poétique mise à l’œuvre dans cet ouvrage, nous verrons la modernité poétique mise en place pour enfin étudier ambivalence de la poésie Apollinaire.

        Dans ses poèmes, Apollinaire fait preuve de virtuosité montrant sa connaissance des règles classiques et traditionnelles, les respectant partiellement, notamment dans la forme de ses poèmes. En effet, il est capable de rédiger des vers tel que des alexandrins qui sont parfaitement balancé comme dans « Zone ».Afin de rendre hommage à l’origine de la poésie, il a recourt au genre de la chanson, reposant sur un refrain comme dans « La Chanson du Mal-Aimé ». Le titre renvoie à la « canso » des troubadours du Moyen-Age, une forme de lyrisme courante. On retrouve également ce lyrisme médiéval dans « Le Pont Mirabeau . La répétition des vers «Vienne la nuit sonne l’heure/ Les jours s’en vont je demeure » entre chaque quatrain crée un motif récurant qui s’apparente au refrain de la chanson de toile, chantée par les dames qui filaient et tissaient, attendant le retour de leur amant. Apollinaire montre également sa connaissance des formes d’écriture traditionnelle en écrivant « Le Larron », un poème rappelant les pièces de théâtre antique avec notamment une métrique régulière ainsi que  des personnages de l’antiquité tel que le vieillard, l’acteur et surtout les chœurs.

 

 

        En outre, ces formes de littérature lyrique permettent l’expression de thèmes traditionnels. Apollinaire rend hommage aux anciens multipliant les références à un monde « ancien ». Tout d’abord, le poète relève dans ses poèmes des références à des épisodes bibliques. On peut citer la traversée de la Mer Rouge ainsi que la terre de Chanaan dans « La Chanson du Mal-Aimé » ou encore Salomé, la princesse égyptienne qui obtint la tête du Saint Jean Baptiste en dansant devant Hérode dans le poème éponyme « Salomé ». De plus, Apollinaire fait des allusions par sous-entendue, renforçant le lyrisme antique. En effet, il fait référence dans « Cortège » à la tour de Babel avec les vers « On me bâtit peu à peu comme on élève une tour/ Les peuples s’entassaient […] » et montre ainsi sa connaissance des récits bibliques, éléments majeurs de la littérature traditionnelle.

        

        Mais Apollinaire révèle également sa culture antique très riche en évoquant de grand héros et récits mythologiques. Dans « Zone », il évoque le mythe d’Icare qui a volé trop prés du soleil et celui d’Ulysse et Pénélope dans « La Chanson du Mal-Aimé ». avec notamment la strophe « Lorsqu’il fut de retour enfin/ Dans sa patrie le sage Ulysse  [...] Sa femme attendait qu’il revint ». Tout comme pour les références bibliques, Apollinaire fait des allusions mythologiques par sous entendues. Il reprend le mythe de Pénélope avec le vers « une tapisserie sans fin » dans « L’Émigrant de Landor Road » et celui d’Hermès, dieu des voyageurs avec la périphrase « arlequin trismégique » dans « Crépuscule ». Mais le mythe le plus rependue dans la littérature Apollinienne est celui d’Orphée, figure emblématique d’un lyrisme bucolique, enchanteur et élégiaque. On retrouve une allusion dans « La Chanson du Mal-Aimé » avec « Juin ton soleil ardente lyre » ou aussi « le dernier regard d’Orphée » dans le « Poème lu au mariage d’André Salmon ». Ainsi, Apollinaire s’inscrit dans le sillage d’Orphée, modernisant l’élégie : il se fait « contre-Orphée ».  

        

        De plus, Apollinaire reprend des thèmes de la tradition poétique également en évoquant la littérature médiévale. Dans de nombreux poèmes, le lexique du Moyen-Age est très présent. Dans « La Loreley » par exemple, on retrouve les mots « chevaliers « , « château » ou encore « évêque », et dans «La Chanson du Mal-Aimé », on retrouve le vers « château sans châtelaine » venant après le poème « Les Sept Épées ». On comprend ainsi que le moyen-age est une source d’inspiration majeure  de la poésie Apollinaire, témoignant de l’héritage que l’auteur réemploie, et en particulier dans des poèmes tel que « Merlin et la Veille Femme » qui est une référence directe aux chevaliers de la tables rondes. En effet, Apollinaire évoque dans ce poème les personnages de « l’antique Merlin », enchanteur, celui de Morgane, demi-sœur du roi Arthur, ou encore celui de Viviane, qui vit en « haut du mont Gibel ». Apollinaire reprend cette dimension qui rappelle le conte avec le poème « Blanche-Neige » ou encore « La Loreley », poème débutant par l’annonce d’un cadre spatio-temporelle merveilleux « Au Bacharach il y avait une sorcière blonde » tel un récit rétrospectif.

        Enfin, Apollinaire est héritier de plusieurs genres littéraires, issues de périodes différentes, mais un des mouvements littéraires que l’on rencontre le plus dans Alcools est le romantisme. En effet, sa poésie est très influencée par le romantisme français, en particulier celui d’Hugo avec l’automne omniprésent dans ce recueil avec des poèmes comme « L’automne malade » ou encore « le vent nocturne ». Mais on y retrouve avant tout un romantisme allemand et en plus particulièrement le romantisme noir, empruntant à la fantasmagorie. En effet, précepteur des enfants de la comtesse Milhaud, Apollinaire eu l’opportunité de se rendre en Allemagne et de vivre sur les bords du Rhin. Ce séjour l’inspira en particulier la rédaction des poèmes du cycle des Rhénanes. Ces poèmes s’organisent autour du fleuve allemand et prennent peu à peu une image légendaire, le paysage du Rhin irriguant le recueil et rendant propice la venue d’êtres mythiques et merveilleux. En effet, dans de nombreux des textes d’Apollinaire, on reconnaît les légendes et mythes germaniques. Nous rencontrons au cour du cycle des Rhénanes sept femmes se baignant dans le Rhin dans « La Nuit Rhenane » , « La Loreley », une sorcière blonde, ou encore « Schinderhannes », un brigand.

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