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Celine, Voyage au bout de la nuit

Fiche de lecture : Celine, Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2018  •  Fiche de lecture  •  997 Mots (4 Pages)  •  1 147 Vues

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Celine, Voyage au bout de la nuit

Lorsque paraît Voyage au bout de la nuit, en 1932, les horreurs de la Première Guerre mondiale sont encore dans toutes les mémoires.

Louis-Ferdinand Céline lui-même s’y est confronté et en ressortira traumatisé.

S’inspirant de cette expérience et de ses voyages en Afrique, en Amérique et en URSS, Voyage au bout de la nuit peint, du point de vue de Ferdinand Bardamu (alter ego de l’auteur), le portrait de la société de l’époque à travers l’engagement du jeune protagoniste dans l’armée et les mésaventures qui suivront.

I Bardamu :

  • L’engagement de Bardamu est absurde, comme le souligne le paratexte, puisqu’il s’est engagé sur un coup de tête. Absurde aussi l’agitation frénétique sur le front que décrit le narrateur au début du passage (l. 2 à 8).
  • De plus, chez Céline, il y a des amitiés ou des amours précaires. Devant la menace du fort, deux faibles se sentent solidaires : l. 21 et 22, le narrateur aurait souhaité sympathiser avec « son frère peureux » mais ils n’ont aucun moyen de s’opposer aux nécessités qui les séparent. Dans le choix des pronoms, la solidarité se distingue aussi : « Nous » (l. 7) et « on » (l.9).
  • En outre, la simplicité du narrateur est exprimée aussi par le langage employé, sorte de langue parlée populaire. Céline a créé une langue littéraire fondée sur ce qu’on pouvait saisir à l’époque à Paris et sa banlieue. Ici se mêlent habilement registre familier et langage plus châtié. Pour le registre familier, on peut citer : « armés jusqu’aux cheveux » (l. 2), « comploteurs » (l.3), « caracolant » (l.4), « foireux » (l.21), « mariole » (l.30), « carne » (l.31). On peut y ajouter les formes emphatiques empruntées aussi au langage parlé : « Et il n’était pas près de s’éteindre le charbon ! » (l.29 et 30) ou les phrases raccourcies propres à l’oral: « faut être » (l.27). En ce qui concerne le langage soutenu, on peut relever : « apocalyptique » (l.8), « menu » (l. 15), « abomination » (l.15), « méprise » ( l. 17) etc. Il s’agit de jouer avec la langue, de créer un délire verbal qui rejoint le délire sur le front. De plus, ça prouve aussi qu’un roman de Céline n’est pas une narration mais un cri : la distance entre l’émotion et le mot est abolie. On le voit aux points de suspension, éléments d’un dialogue rapporté et signes d’émotion dans le parlé (l. 1, 12, 26).

II Dénoncer la guerre :

  • Les qualificatifs employés par Bardamu pour désigner la guerre sont nombreux et négatifs, par conséquent, ils ont pour effet de la dénoncer : « croisade apocalyptique » (l. 8), « horreur » (l.9), « fuite en masse, le meurtre en commun, vers le feu » (l. 12), « abomination » (l. 16), « abominable erreur » (l.17), « Maldonne » (l17), « la vache » (l.28).        
  • En outre, aucune explication historique ne paraît dans le texte, il semble n’y avoir aucune raison pour faire la guerre : Bardamu parle de « Maldonne » (l. 17) et « d’abominable erreur » (l. 17). L. 23-24, « se tirer dessus n’est pas défendu, c’est même encouragé ». L. 25 et 26, la guerre est mise sur le même plan que « les fiançailles ou la chasse à courre ». La phrase qui suit « rien à dire » souligne l’absurdité de tout cela.
  • Dans ce passage, Bardamu pose la question : « de qui, de quoi faut-il avoir peur ? » : de la guerre ? De la folie des hommes qui se battent sans raison ? Il faut avoir peur de ceux qui n’ont pas peur justement : « Serais-je donc le seul lâche sur la terre ? (…) Perdu parmi deux millions de fous héroïques » : « fous héroïques » ressemble à un oxymore mais ici, le narrateur souligne qu’il faut avoir peur des héros. Ce pseudo- oxymore est renforcé par « et » repris deux fois pour « déchaînés » et « armés » L’idée est reprise dans l’expression « la sale âme héroïque et fainéante » (l. 11). Il est signifié aussi que l’héroïsme mène à l’aveuglement (L.14 à 22), il empêche de voir l’horreur en face. « Le colonel ne bronchait toujours pas » : son calme contraste étrangement avec l’horreur qui l’entoure.
  • En même temps, le texte montre qu’il y a deux catégories d’individus pour l’auteur : les puissants et les opprimés : comme ici, dans la hiérarchie militaire, le Général n’est pas sur le front, il est à l’abri et c’est surtout l’agent de liaison qui risque sa vie pour transmettre le lettres du premier. La guerre est banalisée pour y envoyer les opprimés. L. 25 et 26, elle est décrite comme un passage obligé, on fait la guerre pour être un homme, l’idée était déjà évoquée l. 9 (« On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté »). Cette idée est également ridiculisée puisque mise sur le même plan que « la chasse à courre ».
  • Puisqu’il s’agit de rire de la guerre, la mort devient « drôle » avec les descriptions de Céline qui relèvent du grandguignol : l. 30 à 32. L. 2 à 7, la longue énumération montre le côté foisonnant de la guerre, du combat. La guerre devient comique, c’est une farce. On a l’impression que les gens sont amassés, les verbes d’actions sont accumulés (« creusant, se défilant, caracolant… »), tous les moyens pour se déplacer sont mentionnés (« sans chevaux, sur motos (…), en autos (…), volants, à genoux »). Céline nous décrit un véritable délire guerrier à ne pas prendre au sérieux.

Sculptant la langue pour l’adapter à son propos, il écrit dans un style novateur, oral, argotique et rythmé, qui provoquera à la fois l’hostilité et l’admiration et qui marquera l’ensemble de son œuvre.

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