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Louis Ferdinand Celine - Voyage Au Bout De La Nuit

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Par   •  29 Juin 2014  •  3 065 Mots (13 Pages)  •  2 955 Vues

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Au lendemain de la première guerre mondiale, de nombreux ouvrages ont été écrits pour en décrire les violences, aussi bien du côté français que du côté allemand. On connaît l’œuvre d’Heinrich Maria Remarque, A l’ouest, rien de nouveau, parue en 1927, qui dénonce la propagande patriotique et l’horreur vécue des tranchées. Pour le personnage principal du Voyage au bout de la Nuit, roman de Louis-Ferdinand Céline, publié en 1932 la guerre n’est que la première étape d’un long périple, mais elle constitue une expérience fondatrice. Ferdinand Bardamu (barda-mu), soldat banal, découvre l’horreur et s’interroge sur les responsables de cet état de fait.

Comment Céline met-il ce personnage de Bardamu au service de la dénonciation de la guerre ?

Nous verrons dans un premier temps que ce passage révèle un moment essentiel pour le narrateur, avant de nous interroger dans un deuxième temps sur l’opposition qui s’y manifeste entre lui et le reste des hommes. Enfin, nous verrons que s’amorce ici le processus de dénonciation qui est à l’œuvre dans l’ensemble du roman.

En 1932, Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, publie Voyage au bout de la nuit. Ce premier essai en littérature fait scandale par son amertume et la violence des propos de l’auteur. Une bonne partie de la critique est décontenancée par la nouveauté et la brutalité de l’ouvrage. Roman autobiographique, le Voyage au bout de la nuit commence avec l’engagement volontaire du narrateur dans l’armée française. Ferdinand Bardamu, reflet de l’auteur à travers le récit, raconte dans le roman sa vie et la misère du monde contemporain. À vingt ans, en 1914, il se retrouve sur le front où il perd rapidement son enthousiasme, au spectacle absurde de cette boucherie héroïque.

L’auteur donne un nouveau souffle au registre tragique, par la révélation d’un combat sanglant et sans pitié, où la psychologie de l’homme va de l’humain à la bête. On assiste à l’incompréhension du héros devant cette guerre meurtrière, où les deux camps adverses sont tournés en dérision.

Céline se sert du langage familier et de l’ironie pour accentuer l’aspect tragique de l’extrait.

En opposition avec le héros, Céline présente son personnage comme un antihéros ; sa peur le conditionne au même rang que les autres soldats.

Céline, en renouvelant complètement l’écriture romanesque et en supprimant la frontière entre l’écrit et l’oral, redonne ainsi toute sa puissance à la parole.

Comment Bardamu, personnage principal de l’œuvre, fait-il ressortir l’absurdité et l’atrocité de la Guerre ?

Dans l’extrait, Céline dénonce l’absurdité des combats menés, il ne comprend pas l’intérêt de donner lieu à cette Grande Guerre. Bardamu voit son innocence brisée par l’atrocité de ces combats « On en a eu tellement plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche tout de suite, du bruit, que je croyais bien que c’était fini, que j’étais devenu du feu et du bruit moi-même… » En effet, il s’était engagé volontairement à la guerre et ne se doutait pas de l’absurdité d’un tel conflit.

L’auteur ne juge pas un camp meilleur que l’autre puisqu’il tourne les Allemands en dérision à l’aide d’hyperboles « Nos Allemands accroupis [...] C’est à la mitrailleuse qu’ils poursuivaient à présent leurs sottises » et de métaphores « Tout autour de nous venaient voler comme des essaims de balles rageuses, pointilleuses comme des guêpes ». Seulement, la dérision n’est pas seulement centrée sur le camp adverse, à savoir les Allemands, puisqu’il critique également le manque d’humanité des soldats français « Il a été éclaté par un obus ! Et alors, nom de Dieu ! ». La haine de Céline n’est donc pas dirigée vers un camp particulier, mais vers la guerre en elle-même et la psychologie des soldats, similaires dans les deux camps, pourtant ennemis.

Dans ce passage, l’absurdité d’un système hiérarchique est mise en évidence, notamment dans le dialogue entre le messager et le colonel. Le colonel fait preuve d’un manque d’humanité et de compassion à l’annonce de la mort du maréchal des logis Barousse. Il ne semble pas ressentir de peine par rapport à la mort d’un humain, ni même s’y intéresser. « Et le pain ? demanda le colonel ». Le narrateur exprime alors sa perplexité « Je me souviens bien qu’il eu le temps de dire tout juste : « Et le pain ? » Et puis ce fut tout. » Pourtant lui-même fait preuve d’une cruauté sans limite : « J’ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait d’éclater comme l’autre nous l’avait appris. C’était une bonne nouvelle. Tant mieux ! ».

Il existe une opposition entre le messager, qui est si bouleversé qu’il ne peut à peine parler « On ne pouvai...

Plan :

I) Un moment essentiel pour bardamu

1)la situation du narrateur

Le roman, Voyage au bout de la nuit est écrit à la première personne du singulier, et la première grande expérience du narrateur, Ferdinand Bardamu, est celle de la guerre de 1914. Etudiant en médecine, engagé volontaire, il se rend très vite compte de l’horreur et l’extrait proposé décrit justement le moment où il découvre la réalité de la guerre.

Pris sous le feu des ennemis, dans un environnement campagnard, il met en évidence le danger encouru. Ainsi les éléments du paysage comme le vent ou les peupliers sont contaminés par le vocabulaire de la guerre : l’adjectif « brutal », rejeté au milieu de la phrase vient caractériser le vent, tandis que le narrateur parle des « rafales de feuilles » à propos des arbres. L’allitération en f crée une impression de danger. A l’inverse, le bruit des balles est désigné par « les petits bruits secs ». Cette incertitude relative à la source même du danger accentue l’angoisse, et le jeune Bardamu emploie une métonymie hyperbolique « en nous entourant de mille morts » pour parler des balles qui le menacent lui et ses compagnons. La métaphore « on s’en trouvait comme habillés », en évoquant le vêtement accentue l’évidence du danger. Dans cette situation, Bardamu a aussi sous les yeux la figure du colonel, installé sur le talus, personnage dont l’impassibilité le stupéfie. L’utilisation de l’imparfait et de l’adverbe « il ne bronchait toujours pas » manifeste cet étonnement et la précision « sans

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