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Britanicus, Racine

Dissertation : Britanicus, Racine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Décembre 2019  •  Dissertation  •  1 613 Mots (7 Pages)  •  1 482 Vues

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                                Dissertation

Sujet :

Selon Emile Faguet, Racine, avec Britannicus, montre qu’il « sait être historien ». Mais cette tragédie n’est-elle qu’un tableau d’histoire et de politique ?

Intro :

Le XVIIe siècle est l’âge d’or et le laboratoire de la tragédie, Racine fait partis des auteurs ayant marqué cette période par ses nombreuses pièces.

« Britannicus » est l’une d’entre elles, la tragédie est représentée pour la première fois en décembre 1669. Comme son rival Corneille avant lui, Racine puise son inspiration dans l’histoire romaine puisqu’il y représente l’empereur Néron.

Selon Emile Faguet, Racine, avec Britannicus, montre qu’il « sait être historien ». Cette tragédie n’a-t-elle pour but que de mettre en scène des faits historiques et politiques ou a-t-elle une dimension plus universelle ?

Nous verrons dans un premier temps que Britannicus est une pièce historique, c’est à dire que Racine cherche à analyser l’Histoire. Nous envisagerons ensuite la dimension plus universelle de la pièce et nous verrons enfin comment l’auteur à travers sa pièce veut faire le portrait d’un « monstre naissant ».

Première partie :

        Racine, dans Britannicus met en scène un épisode historique bien connu. En effet, Britannicus se déroule pendant le règne de Néron dans la Rome antique. Ce contexte historique est présenté dans la scène I. Néron a usurpé le trône qui revenait de droit à Britannicus grâce à sa mère, Agrippine : « Vous qui, déshéritant le fils de Claudius, Avez nommé César l’heureux Domitius ?». Britannicus en s’affirmant devient un ennemi pour Néron qui décide de le tuer avec la complicité d’un traitre, Narcisse, qui est aussi le conseiller du prince déchu : « Contre Britannicus Néron s’est déclaré ».

L’auteur met donc en scène des personnages réels et conserve la hiérarchie entre les personnages. Néron est empereur, il domine Britannicus par la force : « Las de se faire aimer, il veut se faire craindre. Britannicus le gêne ». Agrippine a une autorité en déclin sur l’empereur qui cherche à s’affirmer : « Je sens que je deviens importune à mon tour. »

        Pour écrire Britannicus et construire ce tableau historique, Racine a pris en compte les écrits de grands historiens romains comme Tacite et Sénèque. Cette inspiration lui permet de mettre en place un contexte spatio-temporel réel et précis.

Les conflits politiques de l’époque sont retranscrits. Racine utilise donc beaucoup le champ lexical de la politique. Dans la scène VIII, acte II, Britannicus et Néron confrontent leur vision du pouvoir, on peut y lire les mots « droit, discours, règne, empire, bonheur de régner. » Un autre conflit politique est présenté acte IV, scène II, opposant Néron et sa mère. Ils sont en conflit ouvert depuis le début de la pièce et s’affrontent pour le pouvoir. Eux aussi utilisent le champ lexical de la politique : « régnez, empire, discours, pouvoir suprême, gouverneur, peuple. »

        Le respect d’un contexte historique réel, de personnages et de leurs relations conflictuelles accentuent le côté réaliste et montrent que Racine a fait un véritable travail d’historien.

         Si l’auteur s’appuie donc sur un contexte historique réel, il s’octroie cependant quelques libertés. En effet, il supprime, transforme ou crée certains personnages. Par exemple, il écarte Sénèque, très connu qui le priverait de certaines libertés de dialogues, au profit de Burrhus, qui n’a pourtant joué qu’un petit rôle dans l’Histoire. Il transforme Narcisse et Britannicus en les vieillissant de deux ans et accentue sûrement l’importance du conseiller dans le meurtre de son maitre. Enfin et surtout, Racine crée de toute pièce le personnage de Junie. L’amante de Britannicus devient une femme jeune, belle et intelligente. Ce personnage tel qu’il apparaît dans la pièce a été inventé pour incarner une femme idéale, une allégorie de l’innocence.

Racine cherche donc à respecter la vérité historique globale mais prend quelques libertés pour créer un équilibre entre le mal et le bien : Néron, Agrippine et Narcisse s’opposent à Britannicus, Junie et Burrhus.

        Racine s’éloigne du vrai mais il reste dans le domaine du vraisemblable. L’auteur veut rendre sa pièce à la fois crédible en s’appuyant sur l’Histoire et intéressante en prenant des libertés. C’est ce que conseille Boileau dans « L’art poétique » : « Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable. Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. »

Il n’y a donc pas de faits rocambolesques comme dans le théâtre baroque et le vraisemblable est renforcé par le respect des unités de temps, de lieu, d’action et de ton. Ainsi, la pièce se déroule uniquement dans l’antichambre de Néron, l’action se passe en vingt-quatre heures, toute la pièce tourne autour d’une seule intrigue et les personnages ne s’expriment qu’en style haut.         

        Si l’auteur s’éloigne de la vérité historique, c’est pour faire glisser le sujet politique vers un conflit sentimental, qui n’a d’ailleurs jamais existé historiquement.  Le personnage de Junie devient ainsi le cœur d’un conflit amoureux opposant Néron et Britannicus. L’empereur a fait enlever Junie, par jalousie envers son rival, mais tombe amoureux d’elle et veut se faire aimer, de gré ou de force. Les véritables amants parviennent cependant à se revoir. Dans l’acte III scène VIII. Britannicus et Néron évoquent Rome et le bonheur de régner. Mais peu à peu, les conflits se superposent et les personnages remplacent Rome par Junie et le bonheur du régne par le bonheur amoureux, sans même en avoir conscience. Le conflit politique laisse place au conflit amoureux qui prend de l’ampleur et finit presque par le remplacer.

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