Bougainville, Voyage autour du monde
Commentaire d'arrêt : Bougainville, Voyage autour du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tiph Sanson • 13 Mai 2019 • Commentaire d'arrêt • 2 011 Mots (9 Pages) • 4 438 Vues
Bougainville, Voyage autour du monde
Le nom de l’auteur, le titre de l’œuvre, le genre de l’œuvre, la date de publication
Bougainville rêvait de fonder de nouvelles colonies et embarquait pour explorer “Le Grand Océan” (Le Pacifique). Il découvrait Tahiti en 1768. Son oeuvre Voyage autour du monde est le résumé de son journal de bord et a été publié trois ans plus tard en 1771.
La place de l’extrait dans l’œuvre. La découverte de Tahiti intervient dans les trois premiers chapitres de la deuxième partie.
La situation/ le contexte. En plein milieu du siècle des Lumières, Bougainville participe à ce mouvement et à sa volonté d’élargir les horizons des européens de l’Ouest.
La problématique. En quoi, cet extrait nous présente-t-il une vision universalisante de l’homme (l’homme est universel peu importe ses origines et sa culture) qui fonde une réflexion philosophique propre au siècle des Lumières ?
Le plan. L’extrait que nous allons étudier témoigne de cette appartenance à la philosophie des Lumières dans sa façon d’interpréter l’altérité l’autre). Après avoir montré qu’il s’agit d’une relation de voyage à visée informative, nous exposerons comment l’auteur exprime sa rencontre avec les Tahitiens pour déduire dans une dernière partie que le texte participe à une réflexion philosophique sur l’Homme.
I - Un récit de voyage informatif
Pour raconter son voyage, Bougainville respectera les règles du récit de voyage établies avant lui depuis plusieurs siècles. Les topoï (situation récurrentes qui fondent un genre littéraire) de la relation de voyage sont donc tous présents dans le texte.
a/ Un regard extérieur porté sur l’île
Dans le texte, le voyageur se met d’abord en scène : « J’ai plusieurs fois été », « Je fis présent », « j’eus la visite ». Au début de chaque paragraphe, il emploie le pronom personnel “je” pour permettre la mise en relation du lecteur avec le monde visité. Bougainville sert d’intermédiaire pour témoigner de ce qu’il voit à son lecteur. Cela permet donc à ses lecteurs européens, d’entrer en contact avec ce monde lointain en se projetant grâce au “je”. Ce contact entre le lecteur et le nouveau monde se fait avec deux thèmes.
Le regard : L’évocation de Tahiti et sa comparaison avec le jardin d’Eden a une forte dimension visuelle puisque l’auteur utilise de nombreux adjectifs pour que le lecteur se fasse une idée très réelle de l’endroit. Puis par l’utilisation de verbes décrivant l’action de regarder « nous voyions », « les apparences » et ce que ce regard provoque sur les européens « ce peuple nous a paru aimer l’agriculture ».
La rencontre : On retrouve ce thème au troisième paragraphe. On comprend que c’est important car la mise en scène de la rencontre est expliquée trois fois : « j’eus la visite », « lui rendre visite », « recevoir les visites ». Bougainville est un observateur qui transmet des informations sur ce qu’il a vu pour le raconter avec ses lecteurs.
b) Un témoignage neutre
Pour que le récit soit authentique, il faut que l’interprétation du narrateur soit neutre. Plus le témoignage est impartial, plus cela montre que l’auteur relate les faits exactement comme il les voit. C’est à dire sans exagérer, sans y donner des conclusions personnelles. Pour cela, l’auteur parle avec retenue « je me croyais », « nous avons lieu de croire », « je crois » mais il nuance aussi son discours pour respecter ce qu’il ignore de des tahitiens. La description de ce monde nouveau est donc plus authentique : le lecteur partage la découverte de Bougainville en éprouvant ses moments d’incertitude.
c) Un tableau complet
La description de ce nouveau monde dans cet extrait cherche à être complète. Il commence par un paysage : du début de l’extrait à « qu’entraîne l’humidité ». Ensuite se poursuit avec une descriptions des autochtones (ceux qui vivent où ils sont nés), quand il décrit les «troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers » et de leur accueil souriant. Bougainville évoque ensuite dans le deuxième paragraphe l’économie du pays à travers ses activités agricoles. Enfin, dans le troisième paragraphe, le voyageur revient sur les pratiques des autochtones, évoquées plus précisément à travers le récit de la cérémonie par laquelle Toutaa l’accueille sur l’île.
CCL : L’auteur en utilisant les codes de la relation de voyages s’adresse de manière la plus neutre possible à son lecteur pour instaurer une relation de confiance. Le lecteur sera ensuite plus facilement touché par les idées philosophiques qui en ressortent.
II. La mise en scène d’une rencontre
Bougainville mêle ici le récit des premières rencontres avec l’évocation des moments passés à Tahiti. Le point commun entre les premiers moments et le temps passé ensuite sur l’île est l’échange entre les indigènes et les Européens.
a/La mise en scène de l’échange
L’échange est en effet le thème majeur de ce passage. Il est représenté par un champ lexical dense et constamment présent dans le texte : c’est d’abord le salut accordé par les Tahitiens (« tous nous saluaient ») ; c’est ensuite le « présent » offert par Bougainville au chef du canton ; c’est enfin le « présent » offert par Toutaa au moment de sa visite “avec de fruits, de cochons, de poules et d’étoffes”.
Ce thème structure donc le passage et il est marqué par la réciprocité : la reprise du terme de « présent » ; l’Européen offre des volailles et des graines aux Tahitiens, qui offrent, à leur tour, des denrées comestibles, des étoffes et des femmes.
Cette rencontre s’établit donc sur la réciprocité ; l’« amitié » et l’« hospitalité » annoncées par les Tahitiens se confirment avec la « joie » qu’ils manifestent devant la proposition de Bougainville, et le bon accueil qui lui est ensuite réservé par Toutaa.
b/La vision humaniste de l’Autre
Une douceur générale baigne le passage dans une atmosphère
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