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Étude du journal Au voyage autour de monde de Louis-Antoine de Bougainville

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Par   •  1 Novembre 2014  •  1 735 Mots (7 Pages)  •  2 687 Vues

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Bougainville rêve de fonder de nouvelles colonies et pense aux îles australes. Après maintes péripéties, le secrétaire d’État à la Marine accepte de le laisser explorer ce qu’on appelle alors “ le Grand Océan ” (le Pacifique).Bougainville embarque avec des navigateurs confirmés, mais aussi des membres de l’Académie des sciences, en particulier le naturaliste Commerson qui écrivit lui aussi une relation de son séjour à Tahiti, qu’il idéalise bien davantage que ne le fera Bougainville.

Parti de Brest le 15 novembre 1766, ce dernier gagne les Malouines, puis Montevideo, passe le détroit de Magellan et, de là, se dirige franchement vers l’Ouest. Tahiti est jointe au début d’avril 1768. Bougainville et ses hommes vont y rester neuf jours.

De son journal de bord, Bougainville compose le « Voyage autour du monde », plus synthétique et moins idéaliste. Les trois premiers chapitres de la seconde partie content le séjour à Tahiti.

J’ai plusieurs fois été moi second ou troisième me promener dans l’intérieur.

Je me croyais transporté dans le jardin d’Éden : nous parcourions une plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraîcheur délicieuse, sans aucun des inconvénients qu’entraîne l’humidité. Un peuple nombreux y jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui. Nous trouvions des troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers ; tous nous saluaient avec amitié ; ceux que nous rencontrions dans les chemins se rangeaient à côté pour nous laisser passer ; partout nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur.

Je fis présent au chef du canton où nous étions d’un couple de dindes et de canards mâles et femelles ; c’était le dernier de la veuve. Je lui proposai aussi de faire un jardin à notre manière et d’y semer différentes graines, proposition qui fut reçue avec joie. En peu de temps Ereti* fit préparer et entourer de palissades le terrain qu’avaient choisi nos jardiniers.

Je le fis bêcher ; ils admiraient nos outils de jardinage. Ils ont bien aussi autour de leurs maisons des espèces de potagers garnis de giraumons, de patates, d’ignames et d’autres racines. Nous leur avons semé du blé, de l’orge, de l’avoine, du riz, du maïs, des oignons et des graines potagères de toute espèce. Nous avons lieu de croire que ces plantations seront bien soignées, car ce peuple nous a paru aimer l’agriculture, et je crois qu’on l’accoutumerait facilement à tirer parti du sol le plus fertile de l’univers.

Les premiers jours de notre arrivée, j’eus la visite du chef d’un canton voisin, qui vint à bord avec un présent de fruits, de cochons, de poules et d’étoffes. Ce seigneur, nommé Toutaa, est d’une belle figure et d’une taille extraordinaire. Il était accompagné de quelques-uns de ses parents, presque tous hommes de six pieds*. Je leur fis présent de clous, d’outils, de perles fausses et d’étoffes de soie. Il fallut lui rendre sa visite chez lui ; nous fûmes bien accueillis, et l’honnête Toutaa m’offrit une de ses femmes fort jeune et assez jolie. L’assemblée était nombreuse, et les musiciens avaient déjà entonné les chants de l’hyménée. Telle est la manière de recevoir les visites de cérémonie.

Bougainville, Voyage autour du monde (1772)

*Ereti : Chef de la tribu indigène rencontrée par Bougainville à Tahiti.

*un pied = 30 cm environ.

I. La mise en scène d’une rencontre

a) La mise en scène de l’échange

L’échange est en effet le thème majeur de ce passage. Il est représenté par un champ lexical dense et constamment présent dans le texte : c’est d’abord le salut accordé par les Tahitiens (« tous nous saluaient ») ; c’est ensuite le « présent » offert par Bougainville au chef du canton ; c’est enfin le « présent » offert par Toutaa au moment de sa visite à bord du navire de la Boudeuse, la frégate de Bougainville. Ce thème structure donc le passage et il est marqué par la réciprocité : la reprise du terme de « présent » construit en écho les deuxième et troisième paragraphes ; l’Européen offre des volailles et des graines aux Tahitiens, qui offrent, à leur tour, des denrées comestibles, des étoffes et des femmes. Marquée par la douceur, cette rencontre s’établit donc sur la réciprocité ; elle est marquée par l’ouverture d’esprit : l’« amitié » et l’« hospitalité » manifestées par les Tahitiens se confirment avec la « joie » qu’ils manifestent devant la proposition de Bougainville, et le bon accueil qui lui est ensuite réservé par Toutaa.

b) La vision humaniste de l’Autre

Une douceur générale baigne le passage dans une atmosphère heureuse, où se manifeste l’optimisme de l’explorateur. Cet optimisme est nourri par les conditions extrêmement favorables dans lesquelles s’opère la rencontre : leur évocation encadre le passage, l’hospitalité mentionnée au premier paragraphe trouvant son illustration dans la visite à Toutaa. De part et d’autre règne une confiance, qui traduit celle de Bougainville : la rencontre de l’Autre peut s’effectuer dans une attitude d’accueil et d’ouverture. Cet optimisme s’exprime également dans l’espoir que Bougainville nourrit : l’emploi du futur « seront bien soignées » souligne cette confiance en l’avenir. Au contraire des rencontres mises en scène dans les textes que nous avons précédemment étudiés, nous

pouvons observer ici une pacification des rapports avec l’étranger

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